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Vivre à Dakar : Kari Masson, américaine, slasheuse

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Kari Masson, au café Aroma
Écrit par Gaëlle Picut
Publié le 17 décembre 2018, mis à jour le 6 janvier 2021

Rencontre avec Kari Masson, américaine, slasheuse, installée à Dakar depuis 2011 avec sa famille.

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Kari Masson vit à Dakar depuis 2011

Quand et pour quelle raison es-tu venue à Dakar pour la première fois ?

Kari Masson : Je suis venue au Sénégal pour la première fois en 2002 après mes études à l’Université. Je suis américaine, mais j’ai grandi en Côte d’Ivoire avec ma famille. Puis nous sommes repartis en Atlanta où je suis restée 8 ans pour mon lycée et mes études supérieures en communication. Au Sénégal, je travaillais pour une ONG à Rufisque dans le domaine de la santé publique. Je sensibilisais les femmes et enfants aux questions de nutrition. J’y ai rencontré mon futur mari, Jonathan, américain lui aussi, qui travaillait au sein de la même ONG dans un dispensaire à Saint-Louis. On s’est marié puis on est parti en France en 2004, à Lyon, afin que mon mari puisse suivre des études pour devenir ostéopathe. Pendant ces 6 années, j’ai travaillé pour un magazine bilingue. Mais notre but était de repartir au Sénégal, car nous avions beaucoup aimé notre premier séjour. Nous sommes donc revenus en 2011, j’étais alors enceinte de mon premier enfant. J’en ai eu un deuxième quelques années après. Deux petits sénégalais donc ! Mon mari a ouvert son cabinet d’ostéopathie au Complexe Médical de la Corniche Ouest.

Comment se sont passés les débuts ?

Cela a été difficile car à la naissance de mon premier enfant, j’ai fait une dépression post-partum. A l’époque, nous étions installés à Hann Maristes et je cherchais des moyens de me faire livrer des choses car je ne pouvais pas beaucoup sortir de chez moi, avec mon nouveau-né. C’est à ce moment-là que j’ai lancé mon blog Dakar Eats où je recensais ce qui pouvait être livré à domicile, ce que j’avais testé. C’était aussi l’époque où il y avait beaucoup de panne de courant, de délestage. Bref, ce fut une période compliquée ! Heureusement, la communauté formée par Dakar Academy (NDLR : une école privée américaine) m’a accueillie chaleureusement et j’ai reçu beaucoup de soutien de la part d’autres mères. Depuis, Dakar Eats a bien évolué car j’ai fini par ressortir de chez moi . Nous nous sommes ensuite installés à Fenêtre Mermoz où il y avait déjà plus de choix et depuis quelque temps, nous vivons aux Almadies où on trouve tout ! L’objectif de Dakar Eats est de partager mes bons plans liés à l’alimentation au sens large. Je mets en avant mes expériences positives, les restaurants que j’ai bien aimés, les nouveaux bons produits que je trouve… J’ai également lancé un groupe FB en 2014, The Gazelle Skirt, pour partager les bons plans mode/déco/beauté. Nous sommes maintenant près 1700 femmes, de toutes les nationalités, mais surtout anglophones. L’objectif est le même que mon blog : partager les infos pour mieux vivre à Dakar !

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Tapis réalisés en wax et Fatou, l'une des femmes de Kayoong

Quels sont les autres projets dans lesquels tu es engagée ?

Chaque année, j’organise en janvier une échange de vêtements (clothing swap) avec 150 participantes et une partie de ces vêtements est donnée aux femmes en prison (à Rufisque et  Liberté 6). Il leur manque souvent des articles de toilette et des vêtements de rechange. J’ai monté cela avec une femme extraordinaire, Ndeye Diouf, qui depuis 15 ans, soutient bénévolement les femmes et les mineurs en prison. Elle fait la liaison avec ces personnes et les juges et les avocats mais également avec leurs familles. Ces femmes sont souvent incarcérées soit pour trafic de stupéfiants, soit à la suite d’avortement ou d’infanticide. Cette année, avec notre église, nous avons également confectionné 500 cadeaux pour ces femmes, ces mineurs et le personnel des prisons.

Par ailleurs, j’ai lancé il y a 18 mois avec une amie Danielle une opération pour des femmes veuves ou mères célibataires. Nous avons créé une coopérative, Kayoong, où des femmes fabriquent des objets en wax en crochet (tapis, sacs, paniers). Pour le moment, elles sont 6. Nous les avons formées et elles font cela à plein temps ou en complément d’un autre travail. Ceci leur permet de toucher des revenus équitables. Nous avons actuellement 9 points de vente à Dakar :  Atmosphère, Minibap, Cocktail du Sénégal, Caravane…Par exemple, depuis septembre, nous avons déjà utilisé 2000 mètres de wax ! Je me fournis au marché HLM. Sur le prix total, un tiers est versé pour un fonds qui sert à la scolarisation des enfants de veuves ou d’orphelins.  

Enfin, je travaille actuellement sur l’ouverture à la rentrée 2019 d’une autre école Dakar Academy West, aux Mamelles. Il y a une vraie demande de la part de parents anglophones mais aussi de Sénégalais pour des écoles avec un programme anglais. Je suis chargée de recenser les attentes des parents en termes de pédagogie, d’activités périscolaires, etc.  

Quel est ton quartier préféré à Dakar ?

Les Almadies, où nous vivons depuis peu. On a tout ici : l’école pour les enfants, la mer, les restaurants… La seule chose qui me manque c’est la Corniche où j’avais pris l’habitude de courir lorsque je vivais à Fenêtre Mermoz.

Quelles sont tes adresses préférées ?

L’Estendera Vivier Beach, un petit restaurant italien très sympa aux Almadies et le Marina Bay en famille. Et pour un café gourmand avec une amie, Aroma Café.

Côté déco, j’ai un vrai coup de cœur pour Atmosphère et Minibap.

Et tes endroits préférés au Sénégal ?

Passer un week-end à Saly en famille dans un Airbnb ou au Lamantin entre filles.

Sinon, nous aimons aller une fois par an dans le désert de Lompoul et à Saint-Louis.

Qu’est-ce qui te manque le plus à Dakar ? 

Les espaces verts pour les enfants et le manque de système de recyclage. Je suis en train de tester depuis quelques jours Ciprovis. Il existe aussi Recuplast, qui propose des objets recyclés à des prix raisonnables.

Ce que tu aimes le plus au Sénégal ?

Dans la culture sénégalaise, on aime les enfants et ils sont toujours les bienvenus ! C’est très agréable en tant que parent.

J’apprécie également la tolérance entre les religions. Au Sénégal, les gens sont respectueux de la religion de l’autre, chacun a le droit d’être ce qu’il est.

Quels conseils aurais-tu envie de donner aux personnes qui viennent d’arriver au Sénégal ?

La première année sera difficile, la seconde et la troisième peut-être aussi  mais avec le temps, le Sénégal devient une partie de toi et restera toujours en toi. Même en Côte d’Ivoire, où j’ai pourtant vécu de nombreuses années, je n’ai pas ressenti cela.

Sinon, quelques conseils : apprendre les salutations en wolof et s’intéresser aux Sénégalais, en leur demandant : « comment faites-vous cela ? » plutôt que « Pourquoi faites-vous ainsi ? ». Il s’agit d’apprendre et non pas de critiquer.

Ne jamais oublier que nous sommes invités dans ce pays et que c’est à nous de nous conformer à eux, et pas l’inverse ! 

Gaelle Picut
Publié le 17 décembre 2018, mis à jour le 6 janvier 2021

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