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Thibaud des Déserts, directeur de la filiale Fonroche Sénégal

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Thibaud des Déserts, à Dakar © Bruno Demeocq
Écrit par Gaëlle Picut
Publié le 8 octobre 2019, mis à jour le 6 janvier 2021

Rencontre avec Thibaud des Déserts, directeur de la filiale Fonroche Sénégal.

Quand et pour quelles raisons es-tu venu t’installer au Sénégal ?

Thibaud des Déserts : Je suis arrivé à Dakar en avril 2018 pour constituer la filiale sénégalaise de Fonroche Lighting, une entreprise basée en France, dans le Lot et Garonne et spécialisée dans la fabrication de lampadaires solaires autonomes.

C’était un choix délibéré de ma part, tant au niveau professionnel que personnel et familial. Après 20 ans chez Total, j’ai voulu sortir de ma zone de confort en acceptant ce challenge professionnel. Je crois en cette entreprise et en ses produits. Fonroche est une PME en plein développement, qui exporte dans plus de 50 pays. Elle vient de remporter un marché au Bénin et a annoncé il y a quelques jours l’acquisition de l’entreprise américaine SolarOne.

Par ailleurs, nous avions déjà vécu en famille en Tanzanie il y a une dizaine d’années et nous avions envie, ma femme et moi, de repartir en Afrique. Nous souhaitions que nos enfants voient autre chose que le centre de Paris et expérimentent différentes cultures.

Raconte-nous un peu ce projet de Fonroche au Sénégal 

J’ai été recruté par Fonroche car elle venait de remporter fin 2017 le plus grand projet d’éclairage public solaire au monde : 50 000 lampadaires solaires à installer dans les 14 régions du Sénégal, en deux ans. Fonroche a remporté ce contrat, directement soutenu par le président Macky Sall, parmi une trentaine d’industriels, en proposant à la fois l’offre économique la plus avantageuse et la meilleure solution technique.

Au Sénégal, Fonroche était déjà présent à travers 160 candélabres solaires installés le long des routes d’accès à l’aéroport International AIBD ainsi que l’éclairage extérieur de la Mosquée Omarienne à Dakar.

J’ai donc été chargé de créer la filiale à Dakar et de superviser au mieux l’installation et la logistique de ce projet. Tout d’abord au niveau des ressources humaines, j’ai recruté et constitué une équipe d’une quinzaine de personnes, tous Sénégalais, à l’exception d’un expatrié expérimenté, en charge du transfert de compétences et de la formation des équipes locales. Plus de la moitié est partie se former au siège de Fonroche en France. Dans le cadre d’un vrai transfert de technologie, nous avons implanté à Dakar un bureau d’études en charge des études photométriques des zones à éclairer. Nous prévoyons de nouveaux recrutements début de l’année 2020.

Ensuite, en plus de nos bureaux à Fann Hock, nous avons créé une unité de production à Diamniadio. Un hangar de 800 m2 permet d’assembler les lampadaires et de programmer les batteries avant de les envoyer sur les lieux de pose.

Nous travaillons en liaison avec l’ANER (Agence Nationale pour les Energies Renouvelables), commanditaire du projet et rattachée au Ministère du pétrole et des énergies. En liaison avec les mairies, l’ANER nous indique les emplacements où apporter de l’éclairage. Pour la pose, nous travaillons avec des partenaires locaux et nous avons nos propres chefs de chantier qui suivent les travaux.

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D'ici deux ans, 50 000 lampadaires solaires Fonroche devraient être installés à travers tout le Sénégal © Bruno Demeocq

En trois mois, nous avons déjà posé plus de 4 600 lampadaires, à Dakar, Pikine, Guédiawaye et Thiès. Notre rythme d’installation devrait à terme atteindre les 150 par jour, d’autant que la saison des pluies, qui a parfois compliqué la pose, est quasiment achevée.

La spécificité de nos lampadaires est une forte autonomie et un éclairage très puissant. Garantis six ans, ils ont été conçus pour une durée de vie de dix ans sans maintenance. Autre innovation : un système de monitoring et de pilotage à distance de tous les lampadaires par liaison radio longue portée, relayé par des puces 4G.

Les lampadaires solaires permettent aux mairies des économies directes (par rapport au coût élevé de l’électricité) et des gains indirects. En effet, lorsque les rues sont éclairées, cela crée de l’activité économique supplémentaire et des emplois. Les premiers retours des riverains concernés sont très positifs et cela renforce leur sécurité, leurs affaires et leur bien-être.

Qu’est-ce que tu aimes bien au Sénégal ?

Le Sénégal est un pays où il fait bon vivre, avec une météo agréable et une population accueillante. Nous avons facilement tissé un réseau amical, varié et sympa. Par ailleurs, je suis réserviste citoyen et j’apprécie cette mission. Enfin, j’ai pu me remettre au sport après 20 ans d’arrêt.

Et ce qui est plus difficile ou te pèse le plus ?

Il faut accepter que les choses prennent du temps et l’administration sénégalaise est parfois un peu pointilleuse. Par ailleurs, pour nos conjoints, il est très difficile de retrouver un emploi similaire à ce qu’ils avaient en France.

Sinon, les embouteillages ainsi que la pollution de la terre, de la mer et de l’air me pèsent. A Dakar, par exemple, on vit en bord de mer, mais on se baigne peu en raison de la pollution… C’est super dommage !

Quels sont tes endroits préférés à Dakar ? Et au Sénégal ?

L’hôtel Le Djoloff est mon QG, un peu comme une annexe de nos bureaux ?

J’aime également beaucoup le quartier où nous vivons, au-dessus de la Mosquée de la Divinité et le Phare des Mamelles pour passer une bonne soirée. Autre incontournable : passer la soirée et la nuit sur l’île de Gorée, par exemple à la Villa Castel.

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© Restaurant Phare des Mamelles

Au Sénégal, le Sine Saloum, sans hésiter, avec une mention spéciale pour Le Bazouk et les puits de sel de Palmarin.

Sur la Petite Côté, j’ai un faible pour le restaurant L’Echo-Côtier et les falaises de Popenguine.

Et enfin, aller à Lompoul ou à Saint-Louis par la plage, est vraiment quelque chose à faire.

Quels conseils pourrais-tu donner à quelqu’un qui vient d’arriver au Sénégal ?

Être patient. Être précis dans ce que l’on veut, savoir être ferme, mais sans jamais s’énerver. S’adapter à la culture, accepter la vie telle qu’elle est, sans être naïf non plus, et baisser ses exigences d’Européens pressés ?

Gaelle Picut
Publié le 8 octobre 2019, mis à jour le 6 janvier 2021

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