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Sébastien Vetter, 43 ans, entrepreneur, co-fondateur de Wizall

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Les deux fondateurs de Wizall, à gauche, Ken Kakena, à droite, Sébastien Vetter
Écrit par Gaëlle Picut
Publié le 10 février 2019, mis à jour le 8 janvier 2024

Après 15 ans de salariat, Sébastien Vetter décide de se lancer dans l’entrepreneuriat. Après une première création d’entreprise en France, il a co-fondé Wizall, une start-up spécialisée dans le mobile money au Sénégal en 2015. Retour sur cette aventure entrepreneuriale.

Après un parcours plutôt classique : école de commerce, postes dans des fonctions commerciales au sein de grandes entreprises françaises (Bouygues Télécom…), Sébastien Vetter se laisse tenter par l’aventure entrepreneuriale.  Avec plusieurs associés, il lance à Paris un cabinet de conseil avec des filiales au Sénégal et en Côte d’Ivoire. « Je me suis vite rendu compte que si quelqu’un n’était pas sur place, le business aurait du mal à décoller » explique Sébastien Vetter. Il choisit alors de s’installer en famille au Sénégal en 2013.

Il conseille notamment plusieurs opérateurs télécoms dans le développement de leur activité de mobile money en Afrique de l’Ouest, avant de décider de se lancer à son tour dans l’aventure avec Ken Kakena, un jeune entrepreneur d’origine congolaise. Fin 2015, ils lancent Wizall, une application qui propose des bons d’achats digitalisés afin de favoriser les liens entre la diaspora et leurs familles au Sénégal. Rapidement, Total entre au capital de Wizall. Les premières années sont difficiles mais restent prometteuses et les deux fondateurs font progressivement évoluer le modèle économique de Wizall.

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L'appli est disponible sur App Store et Google play

Début 2017, la plateforme devient un véritable outil de Mobile Money (possibilité de payer des factures, des marchands, de déposer de l’argent ou de faire des transferts d’argent). « Désormais, nous avons un modèle économique qui a prouvé sa pertinence et une solution technologique fiable et sécurisée » estime l’entrepreneur. Il y a quelques semaines, Wizall a réalisé une belle levée de fonds. En effet, la Banque centrale populaire (BCP), à travers ABI (Atlantic Business International) a officialisé en décembre 2018 une prise de participation majoritaire dans Wizall. L’entreprise vise maintenant la Côte d’Ivoire (où Ken Kakena vient de s’installer et d’ouvrir une filiale), le Mali, le Burkina Faso avant l’été 2019 et une dizaine de pays en Afrique pour  2021. Wizall emploie aujourd’hui une trentaine de personnes et devrait atteindre la centaine fin 2019.

Ses conseils d’entrepreneur 

  • Se lancer avec une bonne idée en observant les besoins du marché. Au départ, Wizall visait à faciliter les transferts d’argent entre la diaspora et le Sénégal, sous forme de bons d’achats digitalisés (dans le domaine de la santé, de l’agroalimentaire, etc.).
  • Être capable d’évoluer, de se réadapter selon les besoins et les retours des clients. « Nous sommes passés d’un modèle B2C à un modèle BtoB » explique Sébastien Vetter. Wizall vise avant tout les entreprises, les ONG et les administrations, à qui elle propose de très nombreuses opérations : versement de salaires ou de bourses d’études, de subventions, d’allocations, etc. Plusieurs grands comptes lui font confiance. Wizall gère ainsi de façon digitalisée le salaire des 2 500 salariés du TER ou encore le versement de 30 000 bourses étudiantes.
  • Faire les bons choix technologiques et là aussi, savoir les faire évoluer si ceux de départ n’étaient pas assez performants.
  • Développer et former son réseau de distribution avec les bons partenaires. « Nous avons aujourd’hui 8 500 points de vente. C’est un travail de longue haleine et de communication régulière » indique Sébastien.
  • Se distinguer de la concurrence qui est forte dans le domaine des fintech. « Chez Wizall, tout est gratuit pour le consommateur final (règlement de factures, opérations de transfert ou de retrait…). C’est au moment du dépôt de l’argent sur la plateforme, donc auprès des entreprises et des administrations que Wizall prélève sa commission.
  • Lever des fonds pour pouvoir se déployer à l’international et dupliquer un modèle qui a fait ses preuves dans d’autres pays.
  • Rencontrer régulièrement des mentors pour être conseillé, accompagné, coaché. « Cette aventure entrepreneuriale a été ponctuée de rencontres qui m’ont fait avancer. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui croyaient en moi et en notre projet ».
  • S’appuyer sur sa famille et s’assurer de son soutien, malgré les journées à rallonge et les moments difficiles.
  • Ne pas surestimer sa capacité à réussir tout de suite. « Les premières années ont parfois été tendues » reconnait l’entrepreneur. « D’un autre côté, il ne faut jamais arrêter d’y croire, mais continuer à avancer coûte que coûte, mobiliser ses équipes et trouver des solutions ! » résume en souriant l’entrepreneur.
  • Savoir recruter les bonnes compétences et apprendre à déléguer. « Les profils qui connaissent le mobile money sont plutôt nombreux en Afrique, analyse Sébastien Vetter, ce qui n’empêche pas la concurrence entre entreprises. Et, il faut également miser sur la formation et la promotion interne ».
  • S’habituer à la culture de ses collaborateurs. « Avec une équipe 100% africaine, j’ai appris le management participatif. Il faut comprendre les us et coutumes des pays où on cherche à s’implanter. Et en les écoutant, on apprend beaucoup de ses collaborateurs, estime-t-il. Par ailleurs, en Afrique, la gentillesse naturelle des gens et leur goût pour les échanges sont de précieux alliés ».

La bonne surprise 

« J’avais sous-estimé la capacité d’engagement et d’investissement de nos collaborateurs, qui nous ont suivis et se sont donné à fond, alors que ce n’était pas leur entreprise. Nous avons eu de belles surprises ».

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Sa vision de l’entrepreneuriat au Sénégal

« Beaucoup de jeunes Sénégalais veulent se lancer dans l’entrepreneuriat. C’est une bonne chose. Mais s’il existe quelques structures ou initiatives gouvernementales, il faut aller plus loin dans l’accompagnement, notamment dans l’accès aux investisseurs ».

Gaelle Picut
Publié le 10 février 2019, mis à jour le 8 janvier 2024

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