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La calebasse dans tous ses états, sous les doigts de Fallou

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Fallou et l'une de ses lampes en calebasse ©GP
Écrit par Gaëlle Picut
Publié le 8 janvier 2019, mis à jour le 6 janvier 2021

Boucles d’oreille, colliers, photophores, boîtes à tchouraï, lampes, boucles de ceinture… : sous les doigts de Fallou, la calebasse se décline sous toutes sortes d'objets. Rencontre avec cet artisan installé à Dakar depuis plus de 20 ans.

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Arrivé au Sénégal il y a plus de 20 ans, un peu cabossé par la vie, Cyril dit Fallou a trouvé sa voie le jour où il a eu une calebasse entre ses doigts. Depuis, sous la marque Esprit d’Afrik, il découpe, creuse, grave, teint et vernit des calebasses pour fabriquer une grande variété d'objets artisanaux et colorés. Il travaille toutes sortes de calebasses : des petites, des grandes, des épaisses, des fines, des maliennes, des sénégalaises, etc.

Naissance en banlieue parisienne, enfance précaire et solitaire, puis l’armée, des petits boulots et en 1995, un oncle, peintre artisan décorateur qui l’emmène au Sénégal. Celui-ci a réalisé en 1980 la dorure de la mosquée de Touba et continue dans les années 90 à avoir des chantiers dans cette ville. Au départ, Fallou travaille avec lui. C’est à ce moment là que le toubab est surnommé Fallou en référence à Touba et à Fallou Mbacké, deuxième calife des mourides.

Quelques mois plus tard, il décide de prendre son indépendance : il lance avec un copain un petit restaurant L’Espadon à Yoff, traverse ensuite quelques galères, puis gère un bar à Ngor le Spot et épouse une sénégalaise avec qui il aura trois enfants. Puis à nouveau, il traverse une période de chômage. Il sympathise alors avec un couple franco-sénégalais dont la femme travaille les calebasses. Il commence à apprendre avec elle quelques techniques. Lorsque ses amis partent vivre aux Etats-Unis, Fallou décide de reprendre l’affaire. Depuis, il n’a jamais cessé de travailler ce fruit. Avec des hauts et des périodes plus creuses. Mais toujours la passion chevillée au corps.

Il a eu l’occasion de vivre quelques mois à la Somone, le temps de meubler en applications et en lampes de chevet l’hôtel Le Lamantin et des villas de la résidence du Port à Saly, pour le groupe Touly. Entre 2004 et 2007, il rentre en France pour se rapprocher de sa mère malade et monte son entreprise Esprit d’Afrik. « Je vendais très bien mais le côte administratif et comptable, ce n’était pas mon fort » reconnaît Fallou. Alors que sa femme décide de rester en France, Fallou choisit, lui, de repartir au Sénégal. Ils divorceront quelques années plus tard. Une jolie rencontre lui redonne le sourire. Avec sa nouvelle compagne, ils auront un petit garçon, Fallou Kemane. "Nous étions très complémentaires dans le travail et elle m'a aidé à prendre mon envol" témoigne Fallou. Malheureusement, il y a un an et demi, sa compagne décède brutalement. "Mais j'ai continué la calebasse car j'aime cela, c'est la seule chose que je sais bien faire", explique-t-il avec pudeur.

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Opération teinte sur de futures boucles d'oreilles

Il passe des heures chez lui ou sur une terrasse nichée dans Ouakam et prêtée par une amie à travailler ses calebasses, qui proviennent en majorité du Mali, dans la région de Kayes. Il s’approvisionne au marché de Thiaroye. Il travaille aussi quelques calebasses sénégalaises mais elles sont plus petites et n’ont pas toutes les formes voulues.

Il réalise toutes sortes d’objets : boucles d’oreille, colliers, photophores, lampes... Cela nécessite minutie, patience et créativité. Et de ne pas avoir peur de se faire des ampoules ou de s’arracher un bout de peau à force de poncer ou de percer ! Il faut d’abord découper la calebasse, la vider, la nettoyer, la sécher, puis la découper, la poncer, la graver, la teindre, la vernir, et enfin mettre les accroches, les accessoires…"Les gens ne réalisent pas toujours tout le travail que cela représente" estime Fallou. Lorsqu'il découpe les calebasses, cela sent le pin, le chocolat ou...une odeur de fromage selon la maturité de la calebasse.

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La collection boucles d'oreille Bogolan

Fallou vend sur les principaux marchés dakarois, participe régulièrement à des expositions et bénéficie également d’un bon bouche-à-oreille. Un ami en France l'aide à animer sa page Facebook et à vendre quelques-uns de ses objets près de Nîmes.

Avec deux autres artisans qu'il apprécie, ils envisagent de créer un collectif et de proposer des expositions dans des lieux de la capitale. Enfin, on peut trouver les produits Esprit d'Afrik dans plusieurs magasins de Dakar : Cocktail du Sénégal, les magasins Baobabs et à la galerie Syseck’Art. Il a parfois aussi des commandes en direct qui partent ensuite vers la Suède, l'Italie, les Etats-Unis ou la Guadeloupe. Au printemps prochain, Fallou aimerait bien revenir en France voir sa famille et organiser quelques ventes. Avis aux amateurs !

 

Gaelle Picut
Publié le 8 janvier 2019, mis à jour le 6 janvier 2021

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