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Delphine Buysse, artiste belge et commissaire d’exposition

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L'artiste belge Delphine Buysse © Leandro Deldime
Écrit par Gaëlle Picut
Publié le 27 février 2019, mis à jour le 6 janvier 2021

Rencontre avec Delphine Buysse, artiste belge et commissaire d’exposition, installée à Dakar depuis 2018.

Quand et pour quelles raisons es-tu arrivée à Dakar ?

Delphine Buysse : Nous sommes arrivés il y a un an à Dakar en famille pour le travail de mon mari. Nous venions de Tanzanie où nous avons vécu 11 ans. Auparavant, j’ai grandi et fait mes études à Bruxelles où j’ai découvert les arts d’impressions (sérigraphie, gravure...). Elevée dans une famille d’artistes, j’ai très vite manifesté un intérêt pour l’art et particulièrement l’art contemporain et le surréalisme belge.

Quel est ton parcours ?

Après des études de journalisme et de communication, je me suis plus particulièrement intéressée aux rejets de l’art contemporain et aux moyens à mettre en œuvre pour y pallier. Depuis quelques années, je travaille sur le concept de maison dans la globalisation des migrations. Comprendre comment le temps, les mouvements de personnes et les flux migratoires peuvent influencer la culture, l’habitat. Comment les gens peuvent-ils préserver leurs racines et leur singularité d’une assimilation par une nouvelle culture globale ? Comment intègrent-ils des éléments du nouvel environnement tout en préservant leur unicité culturelle ? J’ai étudié cela en Tanzanie mais aussi en Chine où j’ai vécu quelques mois en résidence. J'aime me plonger dans un sujet et en étudier ses aspects scientifiques, psychologiques et philosophiques.

delphine buysse senegal dakar
Peinture sur toile d'après les motifs de cartes urbanistiques des quartiers de migrants à Pékin. Exposée à Pékin en 2018 et durant la biennale de Dakar en 2019.

Le temps est sans doute le fil conducteur et récurrent dans mon travail. Je suis sans cesse dans l’action, sans doute pour ne pas céder à la mélancolie !

J’ai actuellement trois principaux thèmes d’intérêt : la maison, les cultures urbaines et les femmes. Je fais de la recherche sur le premier sujet, et je défends et je milite pour les deux autres.

Comment s’est passée ton arrivée à Dakar ?

Je suis arrivée en plein ébullition de la préparation de la Biennale d’Art 2018. J’ai réussi à intégrer rapidement un collectif d’artistes et à participer au OFF.

delphine buysse medina peinture murale graffiti
Yataal Art, Collaboration Farm Prod - Alt Del, Médina, Mai 2018

A côté de mon travail plus conceptuel, je fais des peintures murales (j’ai réalisé plus ou moins 6 peintures murales à Dakar) et je suis DJ hip hop en moyenne une fois par mois, ce qui me permet de financer mes autres activités.

Actuellement, je me suis engagée au sein de trois associations dans les cultures urbaines: Gënji Hip Hop, en tant que vice-présidente, je participe notamment à trouver des financements pour les projets; Yataal Art, le musée à ciel ouvert de la Médina, dont je suis partie prenante (financements, visibilité, communication) et enfin, Doxandem Crew, la plus ancienne association de graffiti, où je travaille à la communication et l’archivage.

On ne le sait pas toujours mais le Sénégal est le premier pays des cultures urbaines, et la 3ème capitale du hip hop. A Dakar, il y a une vraie effervescence dans ces domaines, avec beaucoup d’artistes talentueux, d’associations dynamiques, mais les moyens manquent et la visibilité à l’étranger reste faible. En termes d’archivage par rapport aux graffitis, à l’art contemporain, il y a également un gros travail à effectuer. Or, ce travail doit venir d’ici et non de l’extérieur.

Enfin, j’ai créé un événement dont vous entendrez bientôt parler qui a pour objectif de bénéficier aux associations dans lesquelles je travaille en faisant venir des artistes qui pourront également intervenir dans leur programmation. Il se tiendra au Pullman 4 fois par an et mon rôle s’étend de la production au commissariat en passant par la levée de fonds.

A plus long terme, je travaille au commissariat d’expositions collectives au Sénégal et en Belgique. Plus tard, j’aimerais bien diriger un centre culturel. C’est d’ailleurs pour cette raison que je suis actuellement un MBA d’ingénierie culturelle à distance.

Qu’est-ce qui t’a le plus séduit en arrivant à Dakar ?

Cette vibration culturelle incessante !

Et ce qui a été le plus difficile ?

La pollution ! Et de devoir refaire mes preuves, mon réseau professionnel.

J’ai également mis un peu de temps à trouver l’équilibre entre ma valeur ajoutée et la volonté de pas m'imposer dans les associations où je suis active.

Quels sont tes endroits coups de cœur à Dakar ?

Il y a deux centres culturels que j’affectionne particulièrement et que je fréquente souvent : la Raw Material Company et le Ker Thiossane. J’aime beaucoup me promener dans le calme des quartiers où ils sont implantés tout comme celui de la Médina dont la vie trépidante me fascine.

espace medina dakar senegal
Collaboration Diablos - Alt Del, Espace Medina, Mai, 2018

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui vient d’arriver ?

De laisser libre cours à sa gourmandise et de lever ses inhibitions en osant.

A titre personnel, j’ai procédé petite étape par petite étape. En baissant ses exigences, on augmente ses moyens ! Et la peur de se lancer diminue.

Pour en savoir plus, le site de Delphine Buysse, Alt Del : http://altdel.net/ ou son compte Instagram : https://www.instagram.com/altdel_/

Gaelle Picut
Publié le 27 février 2019, mis à jour le 6 janvier 2021

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