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Déborah, de l’anthropologie au prêt-à-porter

Photo DBDKPhoto DBDK
Un des modèles de la marque Debbo Dakar © DR
Écrit par Gaëlle Picut
Publié le 23 décembre 2019, mis à jour le 6 janvier 2021
debbo dakar deborah galliot
Debbo Dakkar, en équipe...

Entre Dakar et Déborah Galliot, une longue et fructueuse histoire s’est tissée au fil des ans. Tout a commencé en 1998 lorsque la jeune femme découvre le Sénégal pour la première fois. Etudiante en anthropologie à Paris, Déborah donnait des cours d’alphabétisation dans un foyer de travailleurs migrants. Elle y rencontre plusieurs familles, et se noue tout particulièrement d’amitié avec l’une d’entre elles, sénégalaise. « J’avais toujours rêvé de découvrir l’Afrique, ainsi lorsque cette famille m’a proposé de l’accompagner au Sénégal, je n’ai pas hésité, raconte Déborah. Cette famille de Keur Massar m’a chaleureusement accueillie et fait découvrir le Dakar populaire et authentique ».

Ensuite, elle reviendra régulièrement au Sénégal, en vacances ou pour des stages. Elle effectue son mémoire de maîtrise sur les migrants qui reviennent dans leur pays, après quelques années en Europe. Pourquoi reviennent-ils ? Dans quelles conditions ? Pour ce mémoire, elle mène des entretiens dans la région du fleuve, au Sénégal et au Mali.

Après un 3ème cycle de sociologie du développement, c’est l’ONG Enda à Dakar qui l’accueille en stage. Elle travaille ensuite pendant 9 ans pour une ONG à Paris, Le Programme Solidarité Eau, où elle est chargée d’animation de réseau, sur les questions de migrations. « Durant toutes ces années, j’avais envie de vivre à Dakar, mais cela a mis des années à se concrétiser. Les choses se sont faites doucement », explique Déborah. Elle quitte alors son poste salarié et décide de prendre le temps de bien préparer son installation à Dakar. Mais elle restera encore quelque temps en France, le temps d’effectuer un travail sur son histoire familiale, notamment sur sa grand-mère à laquelle elle est très attachée. « Je ressentais profondément le besoin de faire des recherches sur mes ancêtres et de mettre en mots leur histoire » confie-t-elle, avec pudeur. Elle fait également des allers-retours au Sénégal pour chercher du travail et trouve un poste à Thiès, dans le cadre d’un programme de coopération décentralisée entre Thiès et Cergy. Ensuite, elle travaille pour une ONG en Mauritanie, à Kaédi, comme responsable des programmes de la région. « Durant cette année-là, j’ai pris l’habitude d’aller toutes les semaines au marché de Kaédi qui est réputé et d’acheter des tissus : voile mauritanien, bazin du Mali, wax… Puis, je me faisais faire des vêtements par un couturier, sénégalais d’ailleurs », se souvient Déborah. « Cela faisait déjà longtemps qu’à Dakar, je ne m’habillais qu’en wax ».

De retour à Dakar, elle décide de ne pas rechercher de poste salarié, mais de se reconvertir en douceur vers la confection. « Je connaissais bien Dakar, les endroits où s’approvisionner en tissus et une couturière qui était une amie. Je me suis alors lancée dans la production de mes premiers modèles et je les ai vendus au marché de l’Institut français. Cela a bien marché ! ». Et c’est ainsi que Debbo Dakar est né il y a six ans. « Debbo, en pulaar, signifie la femme, précise Déborah. « Debbo Dakar », c’et le surnom que m’avait donné la famille de Keur Massar. Cela m’a semblé naturel de le prendre pour ma marque ! ».

Et c’est ainsi que Déborah a réorienté sa vie professionnelle vers le prêt-à-porter et le commerce qui sont la marque de fabrique de sa propre famille. Ainsi à des milliers de kilomètres, elle renoue avec ses racines et son ADN familial ! « Ma famille me soutient et nos conversations téléphoniques sont l’occasion de partager mes dernières réalisations et mes questionnements » indique en souriant Déborah. Deux fois par an, elle rentre en France, retrouver les siens, faire quelques ventes privées et réapprovisionner les magasins à Paris qui vendent sa marque. Aujourd’hui, Déborah emploie trois tailleurs dans son atelier de Yoff et une assistante avec lesquels elle travaille étroitement et qu’elle associe aux différentes étapes de la production. Elle vient d’ailleurs d’ouvrir un showroom dans sa maison pour accueillir les clientes qui ont envie de voir toute sa collection de jupes, robes, tuniques, etc. « J’aime bien Yoff, un quartier populaire lébou. Je m’y sens très à l’aise ». Par ailleurs, elle a plusieurs points de vente au Sénégal : Naajade au Plateau, l’hôtel Lamantin Beach à Saly et la boutique « Casa bi » de l’aéroport AIBD, sans oublier les différents marchés de Dakar auxquels elle participe très régulièrement. « Je vends aussi en ligne, sur la plate-forme « Afrikréa » qui est très dynamique » complète Déborah. 

debbo dakar vetements wax dakar
Veste Debbo Dakar © Jean-Baptiste Joire

« Ce que j’aime le plus dans ma nouvelle activité, c’est de choisir les tissus au marché HLM, les imprimés et de concevoir les modèles. J’essaye de dénicher des wax assez graphiques. On me demande souvent où je peux bien trouver de tels wax ! Et puis j’aime bien la vente, et être en contact avec les clientes, explique Déborah. Ce qui me plaît beaucoup aussi, c’est de pouvoir vivre à Dakar où j’ai noué des relations très fortes".

Elle travaille également un peu le bazin, le pagne tissé et l’indigo. Elle projette d’aller bientôt au Togo et en Côte d’Ivoire découvrir de nouveaux tissus et motifs. Aujourd’hui, elle produit environ 150 pièces par mois, reconnaissables par leur style élégant et épuré. Pour se faire connaître, elle s’est lancée sur réseaux sociaux et fait deux shooting photos par an, afin d’avoir de beaux visuels. Cette année, elle a choisi le Djoloff et le Sokhamon, deux lieux hautement photogéniques. « Poster régulièrement sur les réseaux sociaux n’est pas encore très naturel pour moi, mais je m’y attelle car je suis consciente de leur importance » indique en souriant Déborah, qui préfère laisser parler ses vêtements plutôt qu’elle-même.

Debbo Dakar

Site internet, Facebook et Instagram

Sur la plateforme d’e-commerce Afrikrea depuis deux ans.

 

 

Gaelle Picut
Publié le 23 décembre 2019, mis à jour le 6 janvier 2021

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