Mah'Awa Coulibaly est manager nationale de Baloon au Sénégal, une entreprise en assurance automobile innovante. En effet, celle-ci prend en charge les assurés de manière 100% digitale dans plusieurs pays d'Afrique. Entretien.
LPJ : Quel est votre parcours ?
Mah’Awa Coulibaly : Je suis originaire de la Côte d’Ivoire. Je suis arrivée au Sénégal en septembre 2009, âgée de 17 ans pour faire mes études. J’ai fait trois années en droit et deux de spécialisation en assurance. Parallèlement à mon master, j'ai intégré un cabinet de courtage. Puis j'ai rejoint l’équipe de Baloon en janvier 2018. Pour l’instant, nous sommes présents dans trois pays en Afrique. Le premier pays a été la Côté d’Ivoire, puis le Sénégal et enfin, nous avons implanté Baloon au Cameroun en septembre dernier. Depuis le lancement de Baloon au Sénégal en février 2018, nous avons créé une vingtaine d’emplois.
Notre siège social se situe à Paris, le président fondateur est Bertrand Vialle qui est originaire du Cameroun. Il bénéficie d’une grande expérience sur le marché africain et maîtrise aussi la dimension digitale, les deux dimensions majeures de Baloon.
Comment s’est passée l’implantation au Sénégal ? Avez-vous rencontré des difficultés ?
Nous sommes très tournées vers le digital, donc la communication s’est majoritairement et rapidement faite sur internet et par les réseaux sociaux. Notre page Facebook compte déjà 50 000 "fans".
Pour ce qui est des difficultés, le Sénégal, comme tous les pays du marché qu’on appelle le marché CIMA (Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurance qui regroupe 14 pays d’Afrique de l’Ouest et Centrale ) n’est pas un pays avec une culture de l’assurance. Nous avons donc un “taux de pénétration” qui est très faible. Il s’agit du pourcentage de consommateurs touchés par une campagne publicitaire portant sur les assurances. Au Sénégal ce taux est d’1% seulement. En comparaison la moyenne mondiale est de 6.3%.
C’est là où notre innovation prônant un service 100% digital a été déterminante. Le Sénégal jouit d’un taux de pénétration d'Internet très élevé. Tout le monde a de plus en plus accès, et facilement, à Internet. La plupart des Sénégalais ont un smartphone et un compte mobile money.
De plus, l’aspect traditionnel du Sénégal a été un vrai challenge à surmonter. Nous nous sommes rapidement rendus compte que l’on ne peut pas changer les mentalités du jour au lendemain. Il est nécessaire que ce soit fait d’une manière très progressive. Il y a tout un travail en amont pour faire comprendre aux Sénégalais que c’est important de s’assurer, que l’assurance ne sert pas qu’à passer les contrôles de police. L’assurance est encore trop abstraite dans les esprits, personne ne se dit que cela protège les enfants quand on les emmène à l’école par exemple. En général, les Sénégalais prennent l’assurance la moins chère parce qu’ils considèrent que cela n’a pas d’utilité.
Pour pallier cela, nous nous consacrons beaucoup de temps à sensibiliser et nous cherchons à donner la formule la plus adaptée à chacun.
Par ailleurs, nous avons mis en place des services spécifiques. Ainsi, le client a le droit au remorquage 24h/24, 7j/7 partout au Sénégal, ainsi que l’appel gratuit à un agent constatateur en cas d’accident. Le remboursement des sinistres est effectué dans un délai de trois mois. C’est tous ces aspects là qui font prendre conscience au client que l’assurance, cela n’est pas qu'un bout de papier. C’est un vrai service. Nous avons six personnes au bureau qui travaillent en permanence sur la dimension pédagogique et informative autour de l'intérêt d'une assurance.
Comment fonctionne la souscription ?
La souscription est digitale : une photo donne droit à un devis, trois photos à un contrat. La première photo est une photo de la carte grise. Le client peut réaliser la souscription de n’importe où. Nous utilisons un système qui lit tout de suite les informations qui sont sur la carte grise : celui-ci nous donne l’âge du véhicule, le nombre de places, la puissance, ainsi que les tarifs de souscription à une assurance. Le client peut ensuite utiliser sa mobile money ou sa carte bancaire pour payer, et nous lui livrons gratuitement l’attestation. La plateforme est simple, très sécurisée, autant au niveau des paiements que des données personnelles. Le client possède un espace personnel sur la plateforme où tous ses papiers sont gardés en cas de perte ou de vol. Il peut s’agir de sa carte grise ou de son permis de conduire par exemple.
Quelles sont les évolutions à prévoir ?
Il y a deux types d’évolutions à prévoir : nous désirons rester sur notre cible de démarrage qui est celle des particuliers, et développer des assurances santé et des assurances voyage. De plus nous travaillons main dans la main avec les autres branches nationales de Baloon, et souhaitons implanter notre service d’assurance digitale au Bénin, puis au Burkina, au Mali, au Niger, et au Gabon.
Le bilan de cette première année à Baloon est-il encourageant ?
Oui, très ! Nous ne sommes pas encore à l’équilibre bien sûr, mais nous comptons déjà 2 500 clients, dont 30% qui n’étaient pas assurés avant. Il s’agit d’une vraie création de valeur. De plus, notre taux de renouvellement est de 80%, ce qui signifie que nos clients sont satisfaits de notre service.
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