Publié le 20 juin 2019, mis à jour le 6 janvier 2021
Babacar Laye Ndoye, originaire du village de Yoff, est une figure incontournable du surf sénégalais. Il raconte son parcours de sportif et d'enseignant.
"J'habitais au village de Yoff, et j'ai commencé à surfer il y a seulement 5 ans", explique le jeune homme. C'est en apercevant des surfeurs aux Almadies avec ses amis de classe que Babacar se donne le défi de faire la même chose, de lui aussi se jeter à l'eau. "Mes amis ne m'en pensaient pas capable", s'en amuse-t-il encore.
Il achète rapidement sa propre planche et surfe tous les jours à Yoff. "J'ai commencé à avoir un niveau qui me plaisait, à me tenir bien sur ma planche, au bout d'un an et demi je pense", raconte-t-il.
Très vite, Babacar rencontre d'autres surfeurs : "Tout le monde est bienveillant, l'esprit des surfeurs au Sénégal est très libre, ils sont toujours là à t'encourager", précise t-il. C'est dans ce climat d'accueil et d'entraide que Babacar côtoie une école de surf de Yoff, qui finit par lui proposer un poste de professeur. "C'était très enrichissant, mais aussi un peu stressant, chaque jour tu es du matin au soir dans l'eau à t'occuper de groupes. Si c'est le premier cours les élèves sont toujours un peu angoissés, il faut toujours être très attentif".
"Le premier cours, c'est le plus dur. Il faut seulement que l'élève apprenne à monter sur la planche, tu lui montres les positions sur le sable, tu l'accompagnes... Le plus important c'est de le mettre en confiance", raconte Babacar. L'équilibre est aussi difficile à avoir au départ, lorsqu'on commence à surfer. Cela peut dépendre de la confiance en soi, de si on est sportif ou non, si on est grand ou petit, il y a de nombreux facteurs. "En un cours, tu peux te mettre debout sur la planche si tu es bon", raconte Babacar. Certaines personnes mettent beaucoup plus de temps car ils commencent le surf pour surmonter leur peur de l'eau par exemple.
Cela fait un an que Babacar enseigne en indépendant car il préfère donner des cours particuliers. Il peut mieux se concentrer sur ce dont la personne a besoin pour s'améliorer. "Il n'y a pas de profil type", explique Babacar : "Souvent les femmes apprennent plus vite que les hommes car elles sont plus attentives par exemple", explique t-il.
Le matériel importe beaucoup, il est conseillé de commencer sur une grande planche large pour la stabilité mais par la suite de choisir une planche proportionnelle à son gabarit. Babacar, ainsi que la plupart des professeurs et écoles de surf fournissent les combinaisons et les planches pour débuter. "En moyenne, je pense qu'au bout de trois cours, avec de bonnes explications, la personne peut prendre une planche et partir à l'eau : il a les bases", indique Babacar. Il faut bien entendu que l'apprenant étudie les courants, et évite d'être seul dans l'eau. "Les plages les plus dangereuses à Dakar c'est Yoff, Ngor ou bien Virage, à cause des courants forts ou des cailloux", précise-t-il.
Juge à l'étape de la Coupe du Monde de surf 2019
Babacar a jugé les surfeurs de l'étape de la Coupe du Monde de surf 2019 qui a eu lieu à Dakar. "J'ai été impressionné par le niveau des surfeurs, notamment ceux qui viennent d'Afrique du Sud, de l'Espagne ou du Portugal. Mais il fallait voir leurs coachs et leurs entraîneurs qui les suivaient partout. Nous à Dakar, on s'est presque faits tout seul". De plus, au Sénégal, les surfeurs sont dans la grande majorité des hommes. "A Dakar, c'est rare de voir une fille noire dans l'eau. C'est peut-être à cause de la religion ou ma famille, je ne sais pas. Pourtant, je donne des cours à autant d'hommes que de femmes", conclut Babacar.
Informations pratiques : Cours à 12 000 FCFA pour une heure trente, matériel compris.
Babacar Laye Ndoye : +221 77 250 83 18