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Ouverture d'une école dédiée à l'intelligence artificielle à Dakar

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Première promotion du Dakar Institute of Technology
Écrit par Gaëlle Picut
Publié le 17 décembre 2019, mis à jour le 6 janvier 2021

L'intelligence artificielle est un domaine d'activités porteur mais encore peu utilisé au Sénégal. Une nouvelle école, Dakar Institute of Technology, dirigée par Nicolas Poussielgue, a pour ambition de former des spécialistes dans ce secteur.

Dakar Institute of Technology (DIT), un institut de formation dédié à l’intelligence artificielle, a ouvert ses portes à Dakar à la rentrée 2019. Pour le moment, elle propose des formations intensives de 10 semaines qui propose d’obtenir une certification en data science et, dans quelques mois, elle va ouvrir un master d’intelligence artificielle, en cours du soir, avec six spécialisations (reconnaissance d’image, internet des objets, traitement du langage naturel, marketing et ventes, finance, santé).

DIT a été créée par Nicolas Poussielgue qui a précédemment travaillé pour Campus France à Paris, pour l’Ambassade de France au Sénégal comme conseiller technique pour l’enseignement des sciences au Sénégal et également comme attaché scientifique à l’Ambassade de France en Inde.

La première promotion de DIT vient de terminer la formation. Composée de 8 adultes, étudiants ou actifs, venus du Sénégal et de l’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Guinée, Cameroun, Bénin), ils ont abordé durant 10 semaines la programmation Python afin de collecter, traiter, gérer et visualiser de la donnée et de déployer des réseaux de neurones et des algorithmes de machine learning pour résoudre des problèmes.

Le Français s’est adossé au réseau Vivadata, une école parisienne spécialisée dans la programmation et l’intelligence artificielle. Le programme de la formation intensive représente 400 heures de cours et est accessible aux candidats de niveau bac +3. Essentiellement en anglais, elle alterne cours délivrés par des professionnels, sénégalais ou français, et réalisation de cas pratiques.

 « J’ai voulu créer une école dans l’intelligence artificielle car il n’existe pas encore beaucoup de formations dans ce secteur au Sénégal et en Afrique de l’Ouest, explique Nicolas Poussielgue. Dans les discours, on dit que l’Afrique n’est pas prête pour l’intelligence artificielle, mais je pense qu’il y a déjà beaucoup à faire. Dans les domaines tels que les transports, l’agriculture, la santé, l’éducation, on peut lancer des applications performantes avec des algorithmes d’intelligence artificielle ». Par exemple, dans le domaine de l’éducation, en récoltant des données scolaires et en les combinant aux habitudes d’apprentissage des élèves, certains algorithmes sont à même de proposer des programmes d’apprentissage sur mesure, qui s’adaptent à l’élève.

Dans le domaine de la santé, la prise en charge des malades, du diagnostic au traitement, s’effectuera plus efficacement. Même dans les secteurs traditionnels tels que l’agriculture, l’utilisation de l’IA peut améliorer la productivité et la rentabilité.

De la même façon, grâce à l’intelligence artificielle, on peut imaginer des outils conversationnels qui comprendraient le wolof et seraient capable de répondre à des questions, par exemple dans le domaine de la santé. Les systèmes NLP (Natural Language Processing ou TLN en français) ont pour vocation de comprendre ce que les humains disent, de traiter la donnée qui est dans le message et, si besoin, d'agir avant de donner une réponse - elle aussi en langage naturel.

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400 heures de formation intensive accélérée de Data Scientist

Parmi la première cohorte, l’un veut devenir data journaliste, l'autre souhaite mieux utiliser les données recueillies par son entreprise du secteur agroalimentaire pour le marketing et les ventes, un autre encore veut travailler dans les jeux vidéos. Selon eux, les managers africains ne sont pas encore très sensibilisés et informés sur les possibilités offertes par l’IA. "Les données sont sous-utilisées et rares sont les entreprises à les intégrer et à utiliser leur côté prédictif notamment" constatent-ils.

Ils ont participé à un hackhaton organisé par Galsen AI et Zindi Africa, où il s'agissait d'aider Sendy Logitics, une société kenyane à prévoir le temps estimé de livraison des commandes, du lieu de prise en charge du chauffeur à la destination finale. "Nos élèves sont arrivés 1er et 2ème", annonce avec fierté Nicolas.

 

Au Sénégal, quelques entreprises utilisent déjà l’intelligence artificielle, notamment Atos ou la Sonatel qui emploient des data scientist ou des data engineer. « Mais de façon globale, les organismes privés et publics sous-exploitent les données qu’ils possèdent. Je ne suis pas inquiet sur les débouchés de nos futurs étudiants en master » indique le directeur.

Côté formations, il existe quelques programmes à l’IAM ou à l’Ecole Supérieure Polytechnique de Dakar, mais les besoins sont beaucoup plus importants que l’offre parcellaire actuelle.

En Afrique, la grande partie des étudiants africains en IA partent se former à l’étranger ou s’auto-forment grâce à You Tube, des forums, des vidéos. Cependant, de nouvelles formations commencent à émerger sur le continent, notamment en Afrique du Sud, au Rwanda et au Maghreb.

Face à l’ampleur des défis de l’intelligence artificielle, plusieurs initiatives se sont mises en place, telles que le centre Google d’Intelligence Artificielle au Ghana ouvert en février 2019, le master en machine intelligence au Rwanda ou le master en science des données de l’Institut National Polytechnique en Côte d’Ivoire. Mais elles restent encore modestes.

Pour mieux faire connaître les enjeux de l’intelligence artificielle, Nicolas Poussielgue compte donner des conférences et organiser une exposition grand public à Dakar. A terme, il espère également se rapprocher du campus franco-sénégalais et se réjouit de l’arrivée du supercalculateur de la Cité du Savoir de Diamniadio qui sera opérationnel courant 2020.

Pour aller plus loin un dossier du Monde : à travers cinq reportages et deux interviews, Le Monde Afrique décrypte les enjeux et les usages de l’IA sur le continent.

Dakar Institute of Technology

info@dit.sn
+221 33 822 47 33 ou au +221 77 308 92 92

Prochaine session de la formation accélérée de data scientist : 27 janvier 2020

Gaelle Picut
Publié le 17 décembre 2019, mis à jour le 6 janvier 2021

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