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Les veilleurs de Sangomar, le nouveau roman de Fatou Diome

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Fatou Diome en 2019. Astrid di Crollalanza
Écrit par Gaëlle Picut
Publié le 30 septembre 2019, mis à jour le 6 janvier 2021

L'écrivaine franco-sénégalaise Fatou Diome vient de publier, aux Editions Albin Michel, un nouveau roman, Les Veilleurs de Sangomar. Ce livre est un hommage aux 1863 victimes de la tragédie du Joola, ce ferry en route vers la Casamance qui a coulé au large des côtes gambiennes le 26 septembre 2002. L'héroïne, Coumba, est une jeune veuve, qui vit son deuil sur la pointe Sangomar, au débouché du delta du Saloum. Elle a perdu son mari dans le Joola et ne se résout pas à cette perte.

Au travers le deuil de Coumba, Fatou Diome raconte la dure situation des femmes au Sénégal, la place étouffante de la religion durant la période de deuil, les commérages des voisins et le poids des traditions (la veuve est fortement incitée à épouser le frère du défunt). Mais Fatou Diome évoque également la magie qui entoure cette pointe du Sénégal où, à la nuit tombée, esprits et djinns apparaissent.

La nuit, Coumba parle à voix haute aux défunts, pour ne pas sombrer dans le désespoir. Elle dialogue avec son mari décédé, Bouba, qui lui répond. Suspectée de folie par sa mère et par ses voisins, la jeune veuve survit à la perte de son époux grâce ses échanges avec les esprits des morts et à l'écriture. Elle décide de retranscrire leurs souvenirs communs pour les transmettre ensuite à sa fille, encore bébé. Au fil des mois, elle reprendra progressivement goût à la vie.

Mon avis : un beau thème et un portrait de femme touchant mais le style de Fatou Diome dans Les Veilleurs de Sangomar est trop lyrique à mon goût. Personnellement, j'ai préféré Le Ventre de l'Atlantique ou Celles qui attendent. Ce livre est profondément imprégné de la culture animiste, encore très vivante dans le Siné Saloum, mais sa lecture est un peu difficile, avec cette litanie de prières, d'invocations et de suppliques. La narration est lente et un peu répétitive. Son engagement féministe, sa dénonciation des lourdeurs et des contraintes du deuil pour la femme africaine, est intéressant. Pour rappel, Fatou Diome, originaire du Siné Saloum, vit depuis 25 ans en France, à Strasbourg.

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Résumé de l'éditeur : Nul ne s’aventure sans appréhension à Sangomar, ce bout de terre inhabitée où, dans la tradition animiste sérère, se rassemblent les djinns et les âmes des défunts. Sur l’île voisine, la jeune Coumba entame un long veuvage, recluse chez sa belle-mère. Elle vient de perdre son mari dans le naufrage du Joola, en 2002, au large du Sénégal. Dès la nuit tombée, après le cortège des prières rituelles et des visites obligées, Coumba peut enfin faire face à son chagrin, consigner les souvenirs heureux, invoquer les morts. Alors, sa chambre s’ouvre grand aux veilleurs de Sangomar, esprits des ancêtres et des naufragés qui lui racontent leur destin et la mèneront à la rencontre de son « immortel aimé ». 

Les Veilleurs de Sangomar, de Fatou Diome, Albin Michel, 336 pages, 19,90 euros.

Pour aller plus loin, trois interviews récentes de Fatou Diome, l'une parue dans Le Monde à la fin de l'été, l'autre sur RFi et la dernière sur TV5 Monde.

Gaelle Picut
Publié le 30 septembre 2019, mis à jour le 6 janvier 2021

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