

Au lendemain des élections présidentielles qui ouvrent la voie au huitième président de la Ve République : Emmanuel Macron ; les français doivent reprendre le chemin des bureaux de vote pour élire cette fois leurs députés. À l'étranger, les élections législatives françaises se dérouleront les 4 et 18 juin 2017. Concernant la neuvième circonscription (Maghreb et Afrique de l'Ouest), 27 candidats briguent le mandat de député pour représenter les français établis dans les 11 pays de cette subdivision. Qui sont-ils ? Que défendent-ils ? Quelles sont leurs motivations ? Aujourd'hui lepetitjournal.com Dakar vous propose de rencontrer la candidate : Yann Roustan, candidat écologiste (Europe Écologie Les Verts).
5 Questions à Yann Roustan, candidat aux législatives de la 9e circonscription des Français de l'Étranger :
LPJ Dakar - Pouvez-vous nous résumer votre parcours et nous préciser quelles ont été vos motivations pour entrer en politique ?
Y.R. - Âgé de 31 ans, je suis établi au Burkina Faso depuis 5 ans. Je suis consultant en gestion de projet et en communication. J'accompagne les structures dans le montage et le suivi des projets de développement ainsi que dans leur communication. J'ai un parcours personnel et professionnel que l'on peut qualifier d'atypique, et qui m'a vu évoluer de l'industrie française à la gestion de projet au Burkina Faso, en passant par l'enseignement et l'organisation d'événements culturels? Je suis le candidat d'Europe Ecologie Les Verts pour la 9° circonscription des Français l'étranger. Mon engagement politique remonte à 2008 et mon adhésion aux Verts, devenu EELV. J'ai notamment été secrétaire local de Villeurbanne, dans le Rhône entre 2010 et 2012, et membre du bureau d'EELV dans le Rhône.
- Être député de la 9e circonscription, qu'est ce que ça représente pour vous? Quels sont vos liens avec cette circonscription?
C'est ma circonscription de résidence depuis 5 ans, j'estime ainsi y être totalement légitime ! Ma vie est actuellement au Burkina Faso. J'y travaille, j'y ai ma vie sociale, et ma compagne est burkinabé. Je connais le terrain. Je connais les réalités de ce que nous appelons un Français de l'étranger. Ainsi nous constatons, dans la 9ème circonscription des Français de l'étranger, que de plus en plus de nos concitoyens sont en voie de paupérisation.
- Quelles sont vos 3 priorités/propositions parmi les problématiques concernant les Français vivant à l'étranger (emploi, fiscalité, éducation, culture, représentation, administration...) ?
Pour un français vivant à l'étranger de nombreux aspects de la vie courante, qui peuvent sembler simple et banal pour un français vivant en France, peuvent s'avérer beaucoup moins simple et banal ici. Se soigner, scolariser ses enfants, effectuer une démarche administrative? est souvent un véritable parcours du combattant pour un français de l'étranger. Surtout les français de l'étranger sont divers dans leurs parcours et leurs statuts. Tous ne sont pas de riches expatriés, travaillant pour une multinationale. C'est pourquoi nous nous devons d'avoir des parlementaires qui portent réellement la voix des français de l'étranger, et qui représentent les habitant/es et les acteurs de leur territoire dans leur diversité.
Parlementaire, ma première priorité pour les français de l'étranger sera l'éducation. En effet le réseau mondial d'enseignement français souffre d'un sous financement chronique, qui a conduit de multiples augmentations des frais de scolarité ces dernières années. C'est inacceptable car il y a là une rupture avec les engagements de l'État français en faveur de l'éducation ! Nous devons ainsi augmenter les crédits affectés au réseau AEFE améliorer sans délai les systèmes de bourses afin de rendre les écoles du réseau accessible à toutes et tous quel que soit son niveau social.
En second lieu je proposerais une réforme en profondeur de la Caisse des Français de l'Étranger, et pas seulement de petits aménagements à la marge. En effet sous sa forme actuelle la CFE est inaccessible financièrement pour nombre de nos compatriotes. Beaucoup sont contraint de faire le choix de ne pas s'affilier à la CFE, ce qui là aussi entraine une rupture avec les engagements de l'Etat français en faveur de la santé !
Ma troisième priorité pour les français de l'étranger concerne le maintien et le renforcement du réseau consulaire. En effet les consulats sont souvent notre seul accès aux services administratifs français lorsque nous sommes établis à l'étranger. C'est pourquoi nous devons en tant que parlementaire des français de l'étranger pour conserver, voir renforcer le réseau consulaire, affaibli par des baisses de budget conséquentes.
- Quel bilan portez-vous sur l'action du député sortant? Sur quel (s) plan (s) auriez-vous agi différemment ?
Je me reconnais pleinement dans l'action politique de Pouria Amirshahi. Il a défendu avec force et sans renoncements ses convictions. C'est un homme intègre, pour lequel j'ai beaucoup d'admiration. Toutefois j'ai un regret quant à l'action politique de Pouria Amirshahi : à mon sens il aurait fallu être un encore plus impliqué sur les questions concernant les français de l'étranger en général et la circonscription en particulier. C'est pourquoi j'entends inscrire mon action parlementaire à la suite de celle de Pouria Amirshahi, en accentuant toutefois les efforts sur les problématiques concernant les français vivant à l'étranger et avec une plus forte présence dans la circonscription.
- Quelle est votre réaction à l'élection d'Emmanuel Macron ? Si vous êtes élu, allez-vous soutenir son travail ou être dans l'opposition ?
Le soulagement ! En effet nous avons évité le pire : Madame Le Pen ? et ses idées nauséabondes pour la France ? a été massivement rejetée. Mais l'élection d'Emmanuel Macron soulève des questions pour l'avenir. Son programme politique semble faire trop peu de place aux politiques sociales en faveurs des plus précaires d'entre nous. La composition du gouvernement d'Édouard Philippe renforce dans mes inquiétudes. Toutefois la nomination de Nicolas Hulot comme ministre de la transition écologique est une très bonne nouvelle ! Mais ce dernier évolue en milieu hostile. En effet Emmanuel Macron a fait très peu cas de l'écologie pendant sa campagne. Édouard Philippe n'a jamais voté pour les lois « écologiques » du dernier quinquennat. Bruno Le Maire, quand à lui, c'est illustré pendant la primaire de droite, comme étant favorable à l'abandon du principe de précaution. C'est pourquoi la seule façon de peser réellement sur les dossiers, pour les écologistes, est d'avoir un rapport de force politique conséquent à l'assemblée nationale. Ainsi en tant que parlementaire écologiste je soutiendrai toutes les actions allant dans le sens de la transition écologique. Mais je m'opposerais vivement à la casse notre système de protection social, et aux propositions visant à un libéralisme économique de plus en plus débridé, destructeur pour l'Homme et son environnement. Candidat je suis porteur de cet espoir, député je serais acteur de cette réalité !
Pauline Autin (www.lepetitjournal.com/dakar) jeudi 1er juin 2017
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