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La Maison Ousmane Sow a ouvert ses portes à Dakar

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Un guerrier de la série des Masaïs
Écrit par Gaëlle Picut
Publié le 18 décembre 2018, mis à jour le 12 avril 2024

Dans le quartier de Yoff Virage, la maison d’Ousmane Sow, inaugurée pendant la Biennale de Dakar 2018, a ouvert ses portes au public le 1er décembre dernier, date anniversaire des deux ans de la disparition de l’artiste. Petite visite guidée.

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Victor Hugo, par Ousmane Sow

Sa maison de Dakar, Ousmane Sow l’avait baptisée le Sphinx, alors qu’il envisageait de créer une série sur les Egyptiens. Tête, bras et dos du Sphinx sont représentés symboliquement en une architecture résolument contemporaine qu’il avait conçue sur maquette, comme une sculpture, que l’on peut voir en photo dans une salle. Elle fut terminée en 1999 et le sculpteur y vécut jusqu’à sa mort, le 1er décembre 2016, à l’âge de 81 ans. Elle s’élève sur trois étages, avec vue sur l’Océan et toute en couleurs : vert bouteille, jaune ocre, latérite rouge, tons d’orange et de bleu indigo. L’artiste a fabriqué lui-même de très beaux carrelages dans les tons ocres, bruns, rouges et verts, avec la même matière complexe et mystérieuse que celle de ses sculptures.

Les visiteurs parcourent librement les pièces de cette vaste maison, très bien aménagées par sa compagne Béatrice Soulé, et sont guidés par un ancien assistant de l’artiste. Selon le souhait d’Ousmane Sow, chaque salle porte le nom d’un de ses amis ou de personnes qu’il admirait (Mustapha Dimé, Boris Dolto, Gérard Sénac, Iba Mbaye, Ndary Lo …). Ils découvriront une trentaine d’œuvres issues majoritairement de ses séries africaines (les lutteurs noubas, les guerriers masaïs, les zoulous, les peuls) et de sa série de grands hommes qui marquèrent sa vie (Victor Hugo, Charles de Gaulle, Nelson Mandela, Toussaint Louverture). La série sur la bataille de Little Big Horn, composée de 35 pièces, est prévue pour le musée des Civilisations Noires qui vient d'être inauguré à Dakar. On est frappé par ces sculptures imposantes, ses corps puissants, musclés, toujours en mouvement et ses visages déterminés.
 

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Le Sphinx, surnom de la Maison Ousmane Sow, est désormais ouverte au public.

Des archives et souvenirs plus personnels sont également présentés dans une pièce (son agenda, très original sous forme de cercles, des photos privées de Henri Cartier-Bresson ou Sarah Moon, ses décorations, son vélo fétiche, son épée d’académicien…). Le pommeau de cette épée, qu’il a réalisé lui-même pour son entrée à l’Académie des Beaux-Arts en 2003, représente un nouba effectuant un saut. L’artiste évoque ici son propre « saut dans l’inconnu » lors de la création de l’emblématique série des Nouba dont la reconnaissance lui fit abandonner, à l’âge de cinquante ans, son métier de kinésithérapeute. Il avait auparavant sculpté le pommeau de l’épée de Jean-Christophe Rufin, représentant Colombe, personnage emblématique de Rouge Brésil, roman de cet auteur et ami devenu académicien cinq ans plus tôt.
 

On aperçoit également la sculpture qui aurait dû devenir le monument de la Renaissance de Dakar, qu’il avait réalisée en 2003, en miniature, avant d’être écarté du projet. Au dernier étage, qui bénéficie d’une magnifique vue sur Yoff et l’Océan, la pièce très lumineuse était consacrée à la méditation. L’atelier d’Ousmane Sow a été laissé en l’état. A la fin de sa vie, l’artiste travaillait sur des sculptures animées. Il rêvait en effet de réaliser un film d’animation. 
 

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Ousmane Sow et ses œuvres ©Béatrice Soulé / Roger Violet / ADAGP

Biographie d’Ousmane Sow : né à Dakar en 1935, d’une mère saint-louisienne et d’un père dakarois de trente ans son aîné, Ousmane Sow grandit à Reubeuss, l'un des quartiers les plus difficiles de Dakar. Il commence à tailler des figurines dans des blocs de calcaire trouvés sur la plage alors qu'il était encore à l'école. Il s'embarque à 21 ans pour Paris où il fait des petits boulots et mène une vie fantaisiste avant de passer un diplôme de kinésithérapeute, métier qu'il va exercer, notamment à Montreuil en région parisienne, jusqu'au moment où sa sculpture lui vaudra le succès, à cinquante ans. Il rentre définitivement à Dakar en 1978. En 1987, Ousmane Sow a une première exposition au Centre culturel français de Dakar qui le révèle : il expose ses lutteurs Nouba. Il se consacre désormais entièrement à la sculpture et enchaîne les expositions (Marseille, Genève, New York, Tokyo, Venise). Après les Noubas, Ousmane Sow créé plusieurs séries sur les peuples d'Afrique, les Masaïs, les Zoulous, les Peuls. Puis il s'intéresse aux Indiens d'Amérique, imaginant 24 personnages inspirés par la bataille de Little Big Horn. Sa rétrospective sur le pont des Arts, en 1999, qui montre aux Parisiens toutes ses séries, attire quelque trois millions de visiteurs. Il entreprendra plus tard une série de "Petits Nouba" en y ajoutant quelques thèmes, et il réalisera des bronzes, plus de soixante, grands et petits.

Informations pratiques :

Ousmane Sow Le Sphinx – Lot 10 – Rue 65 – Toundoup Rya – Dakar Yoff Virage

Tel : + 221 77 557 14 96

Horaires d’ouverture : du mardi au dimanche (fermé le lundi) 10h – 12h30h / 15h – 18h

https://www.maisonousmanesow.com/

 

Gaelle Picut
Publié le 18 décembre 2018, mis à jour le 12 avril 2024

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