Sophia El AMRANI, franco-marocaine, a la particularité d'être la toute première ostéopathe reconnue en tant que telle, au Maroc. Cette discipline n'était jusqu'à son retour au Maroc, pratiquée en complément d'une autre activité, sans qu'elle soit officiellement reconnue. Elle a la fierté d'avoir ouvert le tout premier cabinet d'ostéopathie à Casablanca Son parcours n'a pas été facile, loin de là. Elle a dû batailler pour pouvoir reconnaître son diplôme et avoir enfin l'autorisation d'exercer.
LPJ : Qu'est-ce qui vous a amené à exercer ce métier ?
Sophia El AMRANI : Premièrement c'est le côté humain, relationnel patient praticien, parler, échanger et soulager les problèmes quotidiens de mes patients. L'ostéopathie est une discipline qui nécessite une prise en charge globale avec une vue d'ensemble du patient tel que son âge, sa physionomie, ses antécédents de vie, etc?
Chaque patient présentant ses caractéristiques propres : de par son métier, sa vie privée, ses loisirs, sa vie de tous les jours. Il en résulte le fait que pour deux personnes présentant le même symptôme le traitement pourra être totalement différent pour chacun d'eux.
Ceci rend chaque consultation unique.
D'autre part, je dirais que le corps humain est fascinant, même si on en connait beaucoup à son sujet aujourd'hui, ou plutôt que l'on pense bien connaitre?il est toujours capable de nous surprendre. Et la médecine ostéopathique permet d'avoir une vision beaucoup plus étoffée du corps humain et de ses formidables capacités d'adaptation.
Je pense que ce sont toutes ses nuances qui rendent mon métier des plus enrichissants et surtout passionnant.
Quelle formation avez-vous suivi ?
J'ai réalisé ma formation en 5 années au Collège Ostéopathique Sutherland dans la banlieue parisienne. Ces études requièrent un apprentissage extrêmement rigoureux et approfondi aussi bien théorique que pratique. Car on demande à l'étudiant d'avoir une connaissance parfaite de l'anatomie, de la physiologie ainsi que de la sémiologie humaine.
L'anatomie nous permet d'établir des liens entre les différentes structures du patient, qu'elles soient structurelles, musculaires, fasciales, vasculaires ou encore nerveuses.
Et bien évidemment on nous apprend une multitude de techniques :
- Articulaire, on pourra alors parler de « cracking » ou « trust ».
- Fasciale, il s'agit de techniques plus douces qui visent à stimuler le système vasculaire contenu dans les fascias.
- D'énergie musculaire. Le but étant de travailler avec les muscles antagonistes à celui qui sera lésé pour gagner dans le relâchement de celui-ci.
- Crânienne.
- Viscérale.
- Etc?
Nous sommes évalués sur nos connaissances médicales par des médecins (aussi bien généraliste que spécialiste en fonction de la matière concerné).
De même que sur nos aptitudes à pratiquer, ainsi que sur nos connaissances ostéopathiques par des ostéopathes professionnels.
En fin de cursus nous recevons un diplôme décerné par notre école d'ostéopathie qui est reconnue et agréée par le ministère de la santé.
Qu'est-ce que l'ostéopathie ?
L'ostéopathie est une médecine préventive, qui cherche à comprendre le fonctionnement et la physiologie du patient dans sa globalité, afin de comprendre les causes de douleur, gène , pathologie pour mieux pouvoir les traiter et permettre un retour à l'état équilibre afin de garantir la santé du patient.
La médecine ostéopathique est destinée à tout le monde, aussi bien les enfants, nourrisson, jusqu'aux personnes âgées, ainsi que la femme enceinte.
Nous travaillons bien évidemment sur tout type de mal de dos, mais aussi sur les problèmes articulaire, musculaire et tendineux.
D'autre part nous agissons sur le système digestif pour lutter contre les ballonnements, remontés acides, la constipation et les diarrhées.
Notre formation aux techniques crâniennes nous permet de soulager voir même supprimer les mots de tête, acouphènes, vertiges, ainsi que de prévenir les maladies Orl.
Nous pouvons également agir sur les problèmes respiratoires et allergiques.
Encore une fois l'ostéopathie est une médecine préventive qui prend en compte la globalité du patient.
Au Maroc, cette discipline n'existe pas officiellement. Quelles sont les difficultés rencontrées ?
Je savais que le métier n'était pas reconnu au Maroc, est mon idée principale était que, si je voulais aider la population marocaine par le biais de mon métier, il fallait d'abord que l'on me reconnaisse en tant qu'ostéopathe.
Nous savons tous ce qu'il en est des administrations ici. Et ça n'a pas était une partie de plaisir.
Quoi qu'il en soit, j'ai fait tout d'abord reconnaitre mon diplôme au ministère de l'enseignement supérieur à Rabat.
Après quoi, nous nous sommes attaqués à avoir l'autorisation exercer.
Que ce soit pour le premier document ou pour le deuxième, on m'a demandé une quantité de pièces à fournir, et de légalisation en x exemplaires et de justificatifs auprès de mon école, à la rendre folle.
Mais bon j'ai réussi à avoir mes papiers et pu ouvrir mon propre cabinet en règle depuis janvier dernier.
La difficulté principale, que je rencontre est que c'est une discipline qui n'est pas très connue, les gens ne savent pas ce que c'est. Et qu'il va falloir un temps pour que la population se sensibilise à cette forme de thérapie.
Nadia Jacquot (www.lepetitjournal.com/casablanca) lundi 21 novembre 2016.