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Une enseignante suspendue pour « apologie de l’homosexualité » au Maroc

Une enseignante travaillant dans une école française au Maroc a récemment été suspendue pour avoir été accusée d’« apologie de l’homosexualité ». Cet incident a suscité des débats et soulevé des questions sur l’éducation sexuelle et de genre dans le système scolaire français à l’étranger.

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Écrit par Aurélie Billecard
Publié le 6 juin 2023, mis à jour le 6 juin 2023

Alors que la France est souvent considérée comme l’un des pays les plus progressistes en matière de droits LGBTQI+, la suspension d’une enseignante (dont le nom est encore anonyme) travaillant dans l’école française Honoré de Balzac à Kénitra, au Maroc, a provoqué de vives réactions et soulevé des interrogations sur les limites de la liberté d’expression et l’importance d’une éducation inclusive et respectueuse de toutes les orientations sexuelles.

Une suspension pour « apologie de l’homosexualité »

En novembre 2022, lors de la Coupe du monde de football au Qatar, des élèves de CM1 de l’école française Honoré de Balzac à Kénitra, au nord de Rabat, devaient étudier un numéro du journal pour enfants Mon Petit Quotidien, qui abordait les critiques concernant l’événement sportif, notamment sur la question des droits humains. Lorsque la question des droits LGBTQI+ a été abordée, un des élèves, chargé de présenter un exposé, a refusé de prononcer le mot « homosexualité ». Cela a éveillé la curiosité de ses camarades de classe, incitant l’enseignante à lire la définition écrite dans le journal.

Bien que cette scène ait été rapportée à l’administration de l’école, aucune action n’a été entreprise. Cependant, le sujet de l’homosexualité a été brièvement abordé à nouveau en classe en début d’année, lorsque les élèves étudiaient l’ouvrage Barbe Bleue. À la suite d’une question sur les sept péchés de l’islam, la professeur de CM1 a effectué des recherches sur Internet à ce sujet, ce qui a conduit à l’apparition d’une image montrant deux hommes s’embrassant. Elle a immédiatement refermé l’image. La professeure a été confrontée à des conséquences graves lorsque deux parents d’élèves ont informé la direction de l’école et déposé plainte contre elle pour « apologie de l’homosexualité ». Cette accusation est particulièrement sévère au Maroc, où l’homosexualité est criminalisée et passible de trois ans d’emprisonnement. L’acte d’apologie de l’homosexualité est considéré comme une atteinte religieuse, et est encore plus sévèrement puni, avec des peines allant de trois à cinq ans de prison.

Une suspension qui divise

L’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger (AEFE), responsable de la gestion des établissements français à l’étranger, ainsi que le GSU Balzac, ont expliqué dans un communiqué, qui est depuis supprimé, que la suspension de l’enseignante était due à des « manquements graves dans sa posture professionnelle et ses pratiques pédagogiques ». Malgré toutes les accusations, la majorité des autres parents d’élèves de la classe, ainsi que de nombreux anciens élèves et parents soutiennent fermement l’enseignante. Elle est devenue un emblème de l’école, dans laquelle elle enseigne depuis 1994. Ces parents dénoncent l’injustice de sa suspension et demandent sa réintégration, soulignant son dévouement et son rôle essentiel dans l’éducation des plus jeunes. Ils expriment leur solidarité envers l’enseignante et appellent à un examen équitable de la situation, afin que la justice soit rendue et que l’équilibre entre les droits individuels et les valeurs culturelles puisse être trouvé. 

L’éducation de l’homosexualité est un sujet complexe qui suscite débats et réflexions. Cette affaire a divisé l’opinion publique et a mis en lumière les tensions existantes autour de l’éducation de l’homosexualité dans le système scolaire français. En France, l’éducation sexuelle est intégrée au programme scolaire dans le cadre des cours d’éducation à la vie affective et sexuelle (EVAS). Ces derniers abordent différentes thématiques, dont la diversité des orientations sexuelles et de genres. L’objectif est de sensibiliser les élèves à la diversité humaine et de promouvoir le respect et la tolérance envers toutes les personnes, quelle que soit leur orientation sexuelle. Mais la suspension de l’enseignante a soulevé deux autres interrogations : celles de la promotion de l’inclusion ainsi que la liberté d’expression. Certains parents, lors de cet incident, ont souligné l’importance de permettre aux enseignants de traiter de sujets sensibles et d’aborder la diversité des orientations sexuelles et de genres, tout en respectant les valeurs et les croyances individuelles des élèves et de leur famille. D’autres ont exprimé leur inquiétude quant à l’impact de l’éducation de l’homosexualité sur les enfants, invoquant la protection de leur innocence ou affirmant que de tels sujets devraient être réservés à la sphère privée. 
 

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Publié le 6 juin 2023, mis à jour le 6 juin 2023

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