

Écrit par Parler Darija
Publié le 23 avril 2024
La légende d'Aicha Kandisha est l'une des plus populaires au Maroc. Aujourd'hui encore, elle effraie les enfants, voire les parents, ou fait rire les sceptiques. Mais jamais elle ne laisse indifférent !
/>/>Cette histoire, véritable joyau du patrimoine culturel oral n'a pas de source écrite, mais continue à faire couler l'encre. Chaque famille compte un membre ou un ancêtre qui aurait croisé cette illustre jeune femme aux pieds de chèvre. Alors, la fameuse question qui se pose souvent : Mythe ou réalité? ? Vous n'aurez pas de réponse? Car elle appartient à chacun, et chacun est libre d'y trouver sa propre réponse. En revanche, elle soulève des théories et des interprétations qui font de ce mythe une fierté du peuple marocain.
Tous les canons de beauté
Les différents récits, au-delà des anecdotes effrayantes que l'on se raconte au bled les soirs de pleine lune, racontent que Aicha a vécu à l'époque de la colonisation portugaise à El Jadida. Fille d'un cheik du Haut-Atlas, Aicha la Comtessa était d'une beauté incomparable? On lui prête tous les canons de beauté reconnus : une chevelure longue et soyeuse, des hanches larges et dessinées, la peau blanche, les yeux en amande, une bouche couleur de sang?et une tenue se limitant à un simple voile drapant ses formes envoutantes? Il est indéniable qu'avec un tel capital santé, la jeune femme avait de quoi faire tourner la tête de plus d'un soldat portugais !
Les ancêtres affirment que cette jeune fille, à la tête d'une guérilla, séduisaient les hommes afin de les faire disparaître?L'armée portugaise se vit donc délestée d'un bon nombre de soldats en ses rangs, et se vengea en décimant la famille de la jeune rebelle. Dès lors, celle-ci perdit la tête et se mit à errer dans les forêts, séduisant et tuant tous les hommes qui la croisaient à la nuit tombée.
Une allégorie de la tentation
Cet ancien conte met en lumière un phénomène que l'on retrouve également dans la société judéo-chrétienne. On prévient le mâle des charmes diaboliques de la femme? A la même époque l'église catholique conduisait au bûcher des femmes qu'elle jugeait dangereuses? De tous temps la femme est tentation, pêcher, danger. L'histoire d'Aicha Kandisha en est une allégorie tenace, au même titre, par exemple, que la légende de la Malinche dans les civilisations amérindiennes.
Aujourd'hui ce que les jeunes générations retiennent de cette légende, c'est qu'une jeune rebelle prénommée Aicha s'est battue pour l'indépendance et la liberté de son peuple, en usant des armes qu'elle possédait. (Mais pourquoi diable a-t-on inventé la Kalachnikov ???)
Une icône dont on se sert occasionnellement
Mythe ou réalité ? Aicha est surtout une icône, symbole de courage et d'intelligence, dont on se sert encore occasionnellement pour menacer les enfants turbulents, ou afin de pimenter un feu de camps entre amis sur les belles plages marocaines.
L'histoire de cette jeune fille, une légende ancrée dans l'histoire du pays, un scénario de séduction sur fond de lutte révolutionnaire, pourquoi pas, elle pourrait avoir existé, et tenté de libérer son pays du joug portugais? Mais est-ce que son fantôme revient la nuit, près des lacs, des fleuves, des mers, afin de séduire les jeunes hommes en âge d'être mariés ? A en lire certains témoignages sur quelques forums, d'aucuns en sont convaincus. Serait-ce une manière subtile de mesurer la foi et la sagesse des hommes ? Une façon de les détourner de la tentation omniprésente, surtout après quelques années de vie commune?
Julie DECLOEDT. (www.lepetitjournal.com - Casablanca) mercredi 5 novembre 2008
/>/>Cette histoire, véritable joyau du patrimoine culturel oral n'a pas de source écrite, mais continue à faire couler l'encre. Chaque famille compte un membre ou un ancêtre qui aurait croisé cette illustre jeune femme aux pieds de chèvre. Alors, la fameuse question qui se pose souvent : Mythe ou réalité? ? Vous n'aurez pas de réponse? Car elle appartient à chacun, et chacun est libre d'y trouver sa propre réponse. En revanche, elle soulève des théories et des interprétations qui font de ce mythe une fierté du peuple marocain.
Tous les canons de beauté
Les différents récits, au-delà des anecdotes effrayantes que l'on se raconte au bled les soirs de pleine lune, racontent que Aicha a vécu à l'époque de la colonisation portugaise à El Jadida. Fille d'un cheik du Haut-Atlas, Aicha la Comtessa était d'une beauté incomparable? On lui prête tous les canons de beauté reconnus : une chevelure longue et soyeuse, des hanches larges et dessinées, la peau blanche, les yeux en amande, une bouche couleur de sang?et une tenue se limitant à un simple voile drapant ses formes envoutantes? Il est indéniable qu'avec un tel capital santé, la jeune femme avait de quoi faire tourner la tête de plus d'un soldat portugais !
Les ancêtres affirment que cette jeune fille, à la tête d'une guérilla, séduisaient les hommes afin de les faire disparaître?L'armée portugaise se vit donc délestée d'un bon nombre de soldats en ses rangs, et se vengea en décimant la famille de la jeune rebelle. Dès lors, celle-ci perdit la tête et se mit à errer dans les forêts, séduisant et tuant tous les hommes qui la croisaient à la nuit tombée.
Une allégorie de la tentation
Cet ancien conte met en lumière un phénomène que l'on retrouve également dans la société judéo-chrétienne. On prévient le mâle des charmes diaboliques de la femme? A la même époque l'église catholique conduisait au bûcher des femmes qu'elle jugeait dangereuses? De tous temps la femme est tentation, pêcher, danger. L'histoire d'Aicha Kandisha en est une allégorie tenace, au même titre, par exemple, que la légende de la Malinche dans les civilisations amérindiennes.
Aujourd'hui ce que les jeunes générations retiennent de cette légende, c'est qu'une jeune rebelle prénommée Aicha s'est battue pour l'indépendance et la liberté de son peuple, en usant des armes qu'elle possédait. (Mais pourquoi diable a-t-on inventé la Kalachnikov ???)
Une icône dont on se sert occasionnellement
Mythe ou réalité ? Aicha est surtout une icône, symbole de courage et d'intelligence, dont on se sert encore occasionnellement pour menacer les enfants turbulents, ou afin de pimenter un feu de camps entre amis sur les belles plages marocaines.
L'histoire de cette jeune fille, une légende ancrée dans l'histoire du pays, un scénario de séduction sur fond de lutte révolutionnaire, pourquoi pas, elle pourrait avoir existé, et tenté de libérer son pays du joug portugais? Mais est-ce que son fantôme revient la nuit, près des lacs, des fleuves, des mers, afin de séduire les jeunes hommes en âge d'être mariés ? A en lire certains témoignages sur quelques forums, d'aucuns en sont convaincus. Serait-ce une manière subtile de mesurer la foi et la sagesse des hommes ? Une façon de les détourner de la tentation omniprésente, surtout après quelques années de vie commune?
Julie DECLOEDT. (www.lepetitjournal.com - Casablanca) mercredi 5 novembre 2008

Publié le 5 novembre 2008, mis à jour le 23 avril 2024