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HISTOIRES DE QUARTIERS - Maârif, le pauvre est devenu riche

Écrit par Parler Darija
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 janvier 2018
Le terme "Maârif "désigne des membres de la tribu des Mzab, originaires de la région de Ben Ahmed. Une zone rurale jadis connue pour la bravoure, le courage et l'abnégation de ses Kiads. Les Maârifs, qui ont réussi une belle expansion terrienne, ont acheté des parcelles de terre dans ce qui allait devenir Casablanca. Comme souvent, le lieu a récupéré le nom de ceux qui possédaient ses terres


Le futur centre culturel Zaf-Zaf ! (Carte postale d'époque).


Les historiens de la ville de Casablanca prétendent que l'origine moderne (avant le Protectorat officiel) du quartier prend naissance dans une ferme, propriété d'un richard qui avait sa maison dans la rue du Ballon d'Alsace, à l'angle Boulevard Camille Desmoulins.
Il y avait là de nombreux bâtiments, dont ce qui deviendra la Villa "Chez Deschamps"transformée plus tard en "Maison Portugaise". Au numéro 11 de la rue de l'Atlas, il y avait déjà à la même époque une villa de Maître.  
Ces terrains étaient traversés à l'Est par l'Oued Bouskoura. Au bord de cet oued se trouvait un four à pain primitif, unique en son genre ainsi que le Hammam qui jouait son rôle de lieu de rassemblement des populations. L'ensemble avait des murs d'enceinte en terre battue, dont on pouvait en voir encore une partie, dans les années 60 rue du Bourbonnais.
Ce n'est qu'en 1911, grâce à trois négociants Anglais, que la physionomie de l'endroit change. Les terrains y étaient cinquante fois moins chers que ceux du centre ville, autrement dit : la place administrative, aujourd'hui place Mohamed V. Petit à petit, naît un quartier populaire, presque pauvre, surtout peuplé d'ouvriers du bâtiment, d'artisans et de petits fonctionnaires Italiens et d'Espagnols. En 1917, un prêtre franciscain - le Père Bonaventure - se risque (classe laborieuses, classes dangereuses...) à découvrir le quartier. En 1929, la paroisse Saint-Antoine comprenait le Maârif, le Nid d'Iris, le Palmier, le Derb Ghalef et Maârif Extension.

"Zone dite d'insécurité"...
C'est donc en 1918 que se construit l'Eglise Franciscaine, aujourd'hui le théâtre Zaf-Zaf (notre photo), au style "Colonial Espagnol"qui a donné corps à tout ce quartier. Le Père Bonaventure Cordonnier (mort en 1946) y célèbre sa première messe le 15 septembre 1918 (Les Franciscains sont remplacés par les Salésiens en 1929). Devant et derrière l'Eglise, entre la rue du Jura et la rue des Alpes, il n'y avait encore rien : pas de cinémas "Monte Carlo", ni "Mondial"encore moins "Familia". Pas encore d'école en bois, non plus !
C'est à cette époque qu'une bonne centaine de familles autochtones abandonnent la vieille médina de Casablanca - où l'on fermait encore les portes au coucher du soleil... ? pour rejoindre les familles européennes aussi pauvres qu'elles, qui y habitaient et ne possédaient qu'un lopin de terre pour planter des légumes et une baraque en bois.
Si les historiens affirment que le quartier du Maârif était situé en zone dite d'insécurité (l'histoire retient cette date du 30 juillet 1907, jour "d'émeutes anti-coloniales"à Casablanca), les gens du quartier - Européens et Marocains - se souviennent encore qu'ici, tout le monde vivait en bonne intelligence. Sans doute que la pauvreté obligeait les populations à se serrer les coudes? Il n'y avait aucun aspect de la vie moderne. C'était pourtant les prémices d'une bourgade rurale à la lisière d'une ville naissante? Elle deviendra l'un des quartiers commerçants les plus huppés de la métropole casablancaise.
Danilo CASTI (www.lepetitjournal.com - Casablanca) mardi 3 avril 2007


Le plan du quartier où l'on voit bien le tracé "moderne"de la ville (Plan-guide Casa 1956).


parler darija
Publié le 3 avril 2007, mis à jour le 9 janvier 2018
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