Édition internationale

COMMENTAIRE - "Deux blocs droite-gauche pour clarifier le champ politique marocain"

Écrit par Parler Darija
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012
Jawad Kerdoudi, consultant-économiste et président de l'Institut Marocain des Relations Internationales (IMRI) tire les leçons des dernières législatives. Selon lui : "Comme en France, la gauche marocaine doit revoir entièrement sa stratégie, pour accroître son positionnement dans la société marocaine traversée par un fort courant islamiste et conservateur"

"Le précédent gouvernement Jettou, dominé par la Koutla, a réalisé d'importantes réformes sur le plan politique, économique et social"(photo LPJ Casablanca).

A la quasi-unanimité, tous les observateurs nationaux et internationaux ont constaté que les élections se sont déroulées dans de bonnes conditions de régularité et de transparence. A part quelques exceptions de fraudes et d'utilisation d'argent, sur lesquelles la justice aura à se prononcer. D'ailleurs, le Maroc a reçu un satisfecit, aussi bien de l'Union européenne que des Etats-Unis, de la France que de l'Espagne. Ceci constitue un bon point pour l'image de notre pays à l'étranger, et le renforce dans sa détermination à consolider la démocratie. Cependant, le taux de participation de 37% est trop faible, ainsi que le taux de votes nuls de 19%, ramenant le taux effectif de participation à 30%. Certes, des raisons objectives expliquent ce faible taux de participation, notamment la date non appropriée de ces élections, qui coïncide avec la fin des vacances et le début du Ramadan.


Participation décevante
Mais il faut reconnaître que malgré l'effort du gouvernement, des partis politiques et des associations de la société civile, le résultat est décevant. On ne peut que constater un divorce entre la majorité de la population et la politique. Il faut tenter de rechercher les causes de ce divorce par une analyse scientifique des électeurs qui ne se sont pas présentés aux urnes.
Est-ce qu'ils ont répondu à la consigne de boycott de ces élections lancée par certaines organisations ? Est-ce qu'ils pensent que ces élections ne changeront rien à la situation politique, économique et sociale de notre pays ? Est-ce par rejet des candidats qui ne présentent pas une crédibilité suffisante ? Est-ce par dépit vis-à-vis des politiciens, notamment quant à leur efficacité au niveau du gouvernement et du Parlement ? Autant de questions primordiales, auxquelles il faut répondre et remédier avant les prochaines élections communales de 2009.
En tout cas, le nombre très élevé des partis politiques, leur programme quasi-similaire et le mode très compliqué du scrutin, ont certainement poussé un nombre d'électeurs à s'abstenir ou à émettre un vote nul.


Recul du PJD
L'autre leçon à tirer de ces élections est le recul du PJD par rapport aux prévisions qui le plaçaient comme premier parti politique du pays, au profit de l'Istiqlal qui a pu rajeunir ses cadres, et contribuer efficacement aux réalisations du gouvernement Jettou. Il faut noter également le recul très important de l'USFP, qui ne se place qu'en cinquième position. D'ailleurs, tous les partis de gauche n'ont remporté que 40% des sièges. Comme en France, la gauche marocaine doit revoir entièrement sa stratégie, pour accroître son positionnement dans la société marocaine qui est traversée par un fort courant islamiste et conservateur.

Quel futur gouvernement ?
L'orthodoxie politique voudrait une recomposition du champ politique marocain en un pôle de droite et un pôle de gauche. Le pôle de droite pourrait regrouper l'Istiqlal, le Mouvement populaire, le RNI et l'UC avec éventuellement le PJD. Le pôle de gauche regrouperait l'USFP, le PPS, et les partis d'extrême gauche. Dans cette configuration, et vu les résultats des élections législatives, c'est le pôle de droite qui devrait former le gouvernement, et le pôle gauche entrer dans l'opposition. Cette situation aurait pour avantage de clarifier le champ politique marocain, de permettre au PJD, s'il participe au gouvernement, de se frotter aux réalités du pouvoir, et à la gauche de se reconstruire sur des bases solides en vue des prochaines élections de 2012.
On peut se demander si cette configuration serait aussi efficace que le précédent gouvernement de Jettou, dominé par la Koutla, qui, malgré ses divergences et ses insuffisances, a réalisé d'importantes réformes sur le plan politique, économique et social.
Dans les prochains jours, on connaîtra l'orientation qui sera donnée à la future gouvernance exécutive, suite à la monination ce mercredi d'Abbas El Fassi, nouveau Premier ministre du Maroc.
Jawad KERDOUDI, consultant-économiste et président de l'IMRI. (www.lepetitjournal.com - Casablanca) jeudi 20 septembre 2007

La victoire de l'Istiqlal en nombre de sièges
Les élections législatives au Maroc se sont déroulées le vendredi 7 Septembre. Ces élections avaient pour but d'élire, au scrutin de liste à la proportionnelle au plus fort reste, les 325 membres de la Chambre des Représentants, dont 295 sièges ont concerné les circonscriptions locales, et 30 sièges les circonscriptions nationales réservées aux femmes. 33 partis politiques ont participé à ces élections. Ils se sont partagés les voix de 15.462.362 électeurs inscrits.
D'après les sources officielles, 80% des électeurs inscrits ont retiré leur carte. La campagne électorale s'est déroulée dans des conditions normales, avec réunions, distributions de tracts, passages des candidats à la radio et à la télévision. Le jour des élections, des observateurs nationaux et internationaux ont visité de nombreux bureaux de vote et n'ont pas constaté de fraudes graves pouvant entacher les résultats.
Le dimanche 9 septembre au soir, le ministre de l'Intérieur a donné les résultats définitifs, qui ont révélé un taux de participation de 37%, et un pourcentage de 19% de votes nuls.
Au niveau des partis politiques, c'est l'Istiqlal qui est arrivé en tête avec 52 sièges, suivi du PJD (46 sièges), du Mouvement populaire (41 sièges), du RNI (39 sièges), de l'USFP (38 sièges) et de l'UC (27 sièges). Ces six partis ont remporté 3/4 des sièges, le 1/4 restant ayant été remporté par 15 partis (12 partis n'ont obtenu aucun siège).
Au niveau des suffrages obtenus, c'est la PJD qui arrive en tête avec 10,9% du total des voix (503 396 voix), contre 10,7 pour le parti de l'Istiqlal (494 256 voix).
Le nombre total des femmes élues a été de 34 : 30 sur la liste nationale et 4 sur les listes locales. Les partis de droite ont remporté environ 60% des sièges, et les partis de gauche 40%.  
parler darija
Publié le 20 septembre 2007, mis à jour le 13 novembre 2012
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