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CALLIGRAPHIE ARABE – Rencontre avec Sadik Haddari à Assilah

Écrit par Parler Darija
Publié le 22 septembre 2013, mis à jour le 23 septembre 2013

En vous promenant dans les ruelles de l'ancienne médina d'Assilah, vous passerez certainement devant l'atelier de Sadik Haddari. Un mur peint, une porte ouverte, de la musique et un homme, tranquille, souvent assis sur le seuil de sa porte, kadim à la main. Lepetitjournal a rencontré cet autodidacte qui, au travers de la calligraphie, "exerce son existence".

Sadik HADDARI, calligraphe autodidacte.
Sadik est retraité des chemins de fers marocains. A cette époque, ses collègues l'appelaient "l'artiste des chemins de fers" car entre 1980 et 1990, il s'est occupé de toute la publicité des chemins de fers du royaume, de la conception à la réalisation. Une fois sa retraite prise, il décide de se consacrer à la calligraphie. Pour cela, il s'est beaucoup documenté sur l'histoire et la philosophie de la calligraphie, a observé le travail d'autres calligraphes, continue à se tenir à jour sur ce qui se fait en la matière car "on ne cesse d'apprendre sur la calligraphie".


La calligraphie est la trace du corps
Sakik Haddari habite Assilah mais se rend très régulièrement en Espagne où il enseigne la calligraphie à Barcelone. "Je n'aime pas parler de cours mais plutôt de "partage du quotidien". Mon travail consiste à la mise en valeur du graphisme de chacun à travers des gestes bien déterminés. Il ne s'agit pas d'imiter mais de trouver son propre graphisme. Car le graphisme est la trace du corps, il parle de nous".
D'ailleurs, Sadik nous rappelle que le mot calligraphie vient du grec "callos" qui signifie beau, et de "graphos" qui veut dire trace physique. Selon lui, il ne s'agit donc pas seulement de la belle écriture mais, d'une façon plus générale, du beau graphisme.


La calligraphie comme raison de vivre
Personnellement, Sadik Haddari a trouvé dans la calligraphie "le moyen de vivre pleinement son existence". Il s'était pourtant exercé à la photographie, au théâtre, à la poésie ou encore au sport. "La calligraphie ramène à soi, elle relie l'âme et le corps et dans sa trace, on voit ton intérieur". Cet artiste existe donc à travers la trace qu'il laisse et considère que c'est un très bon moyen pour dégager les tensions du corps. Il passe beaucoup de temps à travailler, à s'exercer, sans objectif particulier sinon celui de vivre serein. Dans la calligraphie, il se sent bien.

Chacun de nous est calligraphe et le matériel n'est qu'un outil
Selon Sadik Haddari, nul besoin d'être un professionnel pour être calligraphe. A partir du moment où une personne laisse une trace, il EST calligraphe, avec son propre graphisme. C'est la raison pour laquelle Sadik Haddari n'aime pas parler de transmission de savoir mais plutôt de partage.

Quant au matériel, Le calligraphe a besoin de peu de choses : un kalam biseauté (du grec "kalamos" qui signifie roseau) et de l'encre. L'encre classique est fabriquée avec de la laine de mouton provenant des testicules de l'animal pour son côté huileux naturel. Cette laine est mélangée à du sel (pour enlever l'odeur) et de l'eau (pour faire une pâte molle) puis le tout est écrasé sous deux pierres et noircie sur le feu. Une fois bien mélangée, l'encre a une couleur marron que des colorants et pigments viendront agrémenter.


Lorraine Pincemail (www.lepetitjournal.com/casablanca) Lundi 23 septembre 2013

parler darija
Publié le 22 septembre 2013, mis à jour le 23 septembre 2013

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