Édition internationale

TANGER - La cinémathèque rencontre le succès

Écrit par Parler Darija
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 janvier 2018
La cinémathèque de Tanger a ouvert ses portes fin février dernier, en lieu et place de l'ancien cinéma Rif, sur la place du grand Socco.  Un événement très attendu par les Tangérois, dans une ville où la culture n'a pas ou très peu de place. Rencontre avec la photographe tangéroise, Yto Barrada, à l'origine du projet

Yto Barrada (photo Benoît Peverelli).

"On a fait salle comble la semaine dernière !": Yto Barrada ne cache pas sa joie. "Bien sûr, trois semaines après l'ouverture, il est encore trop tôt pour faire un bilan, mais jusqu'ici, tout va bien. Les gens sont contents. Le bon cinéma n'arrivait plus à Tanger depuis 40 ans !".  
À l'affiche, le film d'Al Gore, Une vérité qui dérange, et Coup de foudre à Bollywood. "Mais on a l'obligation de ne pas tomber dans des films exclusivement commerciaux, précise-t-elle. On mêle des choses plus pointues: des films marocains, méditerranéens, une rétrospective de documentaires latino-américains, une semaine chinoise en avril, etc. On fait notre marché un peu partout dans le monde".  
Le public est marocain en grande majorité. "Montrer ici La Bataille d'Alger de Gillo Pontecorvo a été très intéressant", dit-elle. Tout comme le débat qui a suivi: "Le débat, la pédagogie, c'est le meilleur moyen de fidéliser", assure Yto Barrada, qui considère que "construire"le public commence dès le plus jeune âge. Des séances sont organisées pour les 6-12 ans. La cinémathèque propose également des formations pour les étudiants: réalisation de documentaires,  visionnages des projets dans les salles, avec les professeurs. Une salle de consultation où des films numérisés visibles à la carte est également à la disposition du public. Et une bibliothèque va bientôt ouvrir.
"On a créé une cinémathèque mais ça aurait pu être autre chose", avoue Yto Barrada. L'objectif était surtout de créer un lieu de culture, de rencontres, d'échanges. Un bar a même été installé. Le mobilier, récupéré, donne un côté vintage branché, et la décoration n'a rien à envier aux bars du quartier du Marais à Paris, ou de Soho à Londres.  

Presque inespéré à Tanger? 

La convivialité au programme.

Cette modernité ne fait pas table rase du passé. Au contraire, les photographies d'acteurs disparus, les affiches de films des années 40-50 dont l'intrigue de certains se déroulent à Tanger, sont autant d'hommages au passé de la ville, et à l'ancien cinéma Rif, dont on a conservé l'enseigne. Ce mélange troublant d'un passé glorieux, mais révolu, et d'un futur possible donne à la cinémathèque, inaugurée il y a à peine un mois, une âme.
"Une âme, une identité forte, et un patrimoine sauvegardé, c'est ce qui fera tenir cette ville", affirme Yto Barrada. "Notre rôle est de devenir solide pour renforcer l'offre culturelle"à condition, ajoute-t-elle, que l'État suive, avec des subventions annuelles.
"Cette cinémathèque, c'est six années de travail très dur", souligne Yto Barrada, qui salue au passage l'aide apportée par la communauté française, qu'elle qualifie de "fan", et sans laquelle, précise-t-elle, elle n'aurait pas tenu le coup.
Correspondance Lionel MYSZKA. (www.lepetitjournal.com - Casablanca) mercredi 21 mars 2007

Plus d'info: http://www.cinemathequedetanger.com
parler darija
Publié le 21 mars 2007, mis à jour le 9 janvier 2018
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