

Rita Alaoui a accepté de répondre à quelques questions pour les lecteurs du site lepetitjournal.com. Elle nous reçoit à la Galerie Venise Cadre située au 25 boulevard Moulay Rachid à Casablanca où elle expose ses ?uvres jusqu'au 15 novembre 2015.
Parlez-nous un peu de vous. Qu'est-ce qui vous a amené à l'Art ?
C'était un cheminement naturel. J'ai eu des parents amateurs d'art, fréquentant d'autres artistes. Je pense que c'est un environnement qui inconsciemment marque et m'a imprégné. J'ai commencé à peindre à l'âge de 16 ans et puis après le bac, j'ai intégré une école d'art.
Vous avez intitulé votre exposition « Objets trouvés ». Parlez-nous du titre ?
Ce sont des objets que je récolte dans la nature depuis plusieurs années. J'ai, je ne sais pas si on peut appeler ça une manie de collectionner beaucoup de choses, essentiellement des objets qui vont être assez mystérieux de formes et qui vont évoquer des choses pour moi. Tous ces objets je les ai ramassés pendant longtemps souvent en mer, en forêt ou des fois en ville. Ils ont été stockés. Petit à petit, j'ai commencé à les regarder différemment, à les dessiner. Ça a commencé par les dessins en noirs et blancs. J'ai fait toute une série l'année dernière. Chaque dessin est comme la photo d'identité d'un objet que je traite de différentes manières plastiques.
D'où vous provient cette fascination de la nature ?
Je ne sais pas si tous les êtres humains sont attirés par la nature. J'espère bien que oui. C'est un peu un retour aux sources. Ça vient du manque de nature, je pense et le fait de vivre en ville avec le béton partout. C'est un retour à l'essentiel. Dans la nature, il y a des formes assez incroyables.
Vous utilisez différents supports, techniques et outils. Avez-vous une préférence ?
Je suis peintre à la base. Mon medium de prédilection, c'est la peinture. La photographie est aussi quelques chose que j'aime beaucoup travailler, mais c'est arrivé bien après.
C'est une résidence pour artiste qui est basée au sein de mon atelier même. Elle s'inscrit dans ce réseau un peu indépendant de l'art. Les artistes qui l'intègrent prennent les devants pour faire un petit peu bouger les choses, créer des évènements sans avoir à faire à des galeries ou à des institutions publiques ou privées.
Ma résidence ne peut recevoir qu'un seul artiste à la fois. C'est un studio dans mon atelier. C'est un format très cosy. On est dans le même espace, même si je ne vis pas là-bas. Les artistes que je reçois vivent et travaillent dans le même lieu. Ils viennent pour un à trois mois avec un projet et pendant cette durée ils vont faire leurs recherches. Moi, je vais pouvoir leur servir un peu de pont entre eux et tout le reste de la ville qu'il ne connaisse pas du tout, aussi bien pour connaître un corps de métier ou pour rencontrer des gens du milieu artistique.
Vous jouez le rôle de tuteur/parrain le temps de leur séjour ?
Oui bien sûr exactement, mais la condition est qu'ils aient un projet pertinent.
C'est une résidence payante, mais en retour, j'offre l'espace de travail et toute cette aide pour leur permettre de mener à bien leur projet.
A la fin de leur séjour, j'organise une sorte de petite présentation dans les lieux. Il y a donc un évènement autour de leur projet. C'est assez sélectif. C'est-à-dire que je ne prends pas n'importe qui. Il faut vraiment que le projet me parle et qu'il ait un sens. C'est surtout une résidence de recherche parce que le lieu est petit. Ce n'est pas un lieu pour celui qui souhaite faire de la sculpture. J'ai reçu des photographes ou des écrivains. Là, j'ai un musicien qui arrive de Paris en février et qui fait le tour du monde avec un projet.
Vous avez reçu des artistes du monde entier ou essentiellement des artistes qui proviennent de l'Europe ?
J'ai eu un Indien, deux Danois, quelques Italiens, quelques Français et une artiste d'Europe de l'Est et là je suis en discussion avec même une Roumaine qui vit à Londres.
Si j'ai bien compris vous permettez à des artistes, qui souhaitent travailler sur un projet, de bénéficier de votre expérience et de vos contacts. Ils travaillent sur leur projet. Vous leur donnez des conseils et des informations et à la fin de leur séjour vous leur permettez d'exposer.
Ce n'est pas une galerie. Ce n'est pas un lieu marchand. Ils sont complètement libres. C'est un lieu d'échange. Il m'est arrivé de recevoir des artistes ponctuellement le temps d'une soirée pour faire une performance ou présenter un projet à travers une projection ou une discussion. C'est un lieu privé qu'on ouvre lorsqu'il y a un évènement.
On est en train de constituer un réseau avec les autres résidences pour artiste au Maroc. On est 12 ou 13. On veut mettre en place une plateforme sur internet qui permettrait de trouver tous les acteurs de la scène artistique indépendante.
Sinon, j'ai l'habitude d'exposer tous les deux ans au Maroc en exposition individuelle. Ca c'est pour montrer au public ce que je fais et pour vendre aussi, parce que je suis artiste à temps plein et je vis de mon art. Donc c'est important de montrer ce que je fais et où j'en suis.
Pour ma résidence, j'aimerais trouver des artistes qui ont vraiment des projets intéressants à faire et à partager.
Par rapport à mon art, je continus à faire mes recherches. J'essaye moi-même de partir en résidence à l'étranger, chose que je n'ai jamais faite. Je suis en attente d'une réponse. J'ai d'autres projets que je développe parallèlement. J'aimerais travailler la sculpture, faire plus de photo et travailler la vidéo.
Nous remercions infiniment Rita pour avoir répondu à nos questions et nous lui souhaitons bonne continuation et réussite. Venez nombreux découvrir son exposition !
Nadia Jacquot (www.lepetitjournal.com/casablanca) mercredi 4 novembre 2015
Exposition « Objets trouvés » réalisée par Rita Alaoui à la Galerie Venise Cadre au 25 boulevard Moulay Rachid à Casablanca du 8 octobre au 15 novembre. Entrée gratuite.



