

Le mont Toubkal est désormais le seul endroit au Maroc où l'on peut apercevoir le gypaète barbu, ce rapace protégé par la loi mais actuellement au bord de l'extinction.
Nom
Son nom latin vient du grec aetos (aigle) et gyps (vautour)
C'est un rapace (oiseau carnivore) de l'ordre des Accipitriformes (oiseaux de proie diurnes). Il est un vautour (oiseau nécrophage se nourrissant principalement de carcasses d'animaux).
Au Maroc, le gypaète barbu est appelé merz ikhsan, "le casseur d'os". Ce nom ne lui rend pas service car il est associé à un prédateur de bétail au même titre que l'aigle royal alors qu'en fait, il ne tue pas les animaux. Il ne mange que les carcasses et n'est donc pas dangereux pour les troupeaux.
Caractéristiques et alimentation
Le gypaète barbu est un vautour, même si sa tête est très emplumée et qu'il a une sorte de barbe. Sa tête et le dessous de son corps sont blancs. Ses yeux sont bordés d'un anneau rouge vif. Son corps peut revêtir une couleur rougeâtre : il pourrait s'agir d'une sorte de maquillage ou de camouflage que l'oiseau se fabrique dans l'eau ferrugineuse.
Ses ailes sont longues et effilées et de couleur gris ardoise. Sa queue est allongée ou pointue. Son envergure est près de 2,70 à 2,85 mètres d'un bout à l'autre des ailes.
Il devient adulte à l'âge de sept ans et pèse alors de 5 à 7kg. Il vit de 20 à 30 ans en liberté.
Le gypaète barbu ne chasse pas ! Il ne consomme que les animaux morts, quelle que soit leur taille : moineaux, ânes, mouflons... Il ne se nourrit pas de la viande mais seulement des os qui, lorsqu'ils sont frais, sont très nutritifs. Grâce à des sucs digestifs extrêmement puissants, les os avalés peuvent atteindre jusqu'à 25 cm de long ! Si l'os est trop gros, il le lâche de haut pour le fracasser au sol.
Dernier servi après que les autres vautours ont consommé la partie molle de la carcasse, il joue ainsi le rôle de nettoyeur de la nature et reste complémentaire des autres vautours.
Territoire et vie
De 1905 à 1980, le gypaète barbu vivait dans toutes les montagnes du Maroc et même à très faible altitude.
De 1980 à 2000, il a disparu dans le Rif et on ne le trouvait plus que dans le Haut Atlas et l'Anti-Atlas.
A compter de 2001, Ce rapace n'a été aperçu que dans 4 secteurs : Toubkal, Haute Tessaout, M'Goun et Haut Ahansal dans le Haut Atlas.
Hélas aujourd'hui, on ne peut plus l'apercevoir qu'au Toubkal, à plus de 2000 mètres d'altitude !
Le gypaète barbu ne défend qu'un petit territoire autour de son nid, d'environ 1km. Par contre, il est en mesure de parcourir 50km par jour !
Il peut avoir jusqu'à 8 nids différents, permettant à ceux non utilisés temporairement de se nettoyer avec le temps. Ils sont construits dans les falaises et garnis de bois et de laine.
Les couples de gypaètes barbus sont souvent composés de 3 membres : 2 mâles et une femelle, sans hiérarchie entre les mâles. Ce rapace doit attendre l'âge de 7 ans (âge adulte) pour pouvoir se reproduire. L'accouplement se fait en octobre-novembre avec une ponte en janvier-février. Deux ?ufs sont alors couvés pendant 57 jours. Le 1er nait quelques jours avant le second qui sera alors délaissé car seulement considéré comme un poussin de remplacement. Aussi, seul un jeune nait chaque année avec un fort taux de mortalité liés aux menaces extérieures et à l'inexpérience du jeune. Le jeune sera nourri jusqu'à l'automne où il s'émancipera peu à peu de ses parents en s'éloignant de plus en plus du nid. A ce moment, les parents s'accoupleront à nouveau.
Menaces
L'empoisonnement : des carcasses d'animaux sont empoisonnées pour tuer chiens errants et chacals et le gypaète barbu en est donc victime également.
Les tirs de braconniers, heureusement moins nombreux du fait d'une meilleure information des populations locales.
Dérangement : Les gypaètes barbus peuvent se montrer très sensibles aux dérangements visuels et sonores, même à des distances importantes des nids : troupeaux des bergers, escalade, hélicoptères, pistes de ski...
Collision avec les câbles aériens.
Projet au Toubkal
Un charnier de montagne a été installé pour éviter que les jeunes rapaces ne s'éloignent trop de leur nid et se fassent empoisonner au périphérique des montagnes par des populations non informées.
Des fiches de suivi retracent toutes les informations concernant ces oiseaux.
Sensibilisation des locaux, des autorités et des vallées voisines.
Comment participer à la préservation de cette espèce ?
Vous pouvez signaler toute information concernant cette espèce en voie de disparition : observation, action néfaste à cette animal, photographies (même de mauvaise qualité)... Pour cela, contactez Fabrice Cuzin, spécialiste du gypaète barbu au Maroc : fabcuzin@yahoo.fr
Pour aller plus loin, une documentation téléchargeable est disponible sur internet.
Lorraine Pincemail (www.lepetitjournal.com/casablanca) Mercredi 12 juin 2013



