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Mois des fiertés : où en sont les droits LGBT+ en Argentine ?

Considérée comme un exemple mondial concernant le respect des droits des personnes transgenres par le World Health Organisation, l’Argentine est plus généralement pionnière dans la reconnaissance législative des droits des personnes LGBT+. Pourtant, les discriminations et violences de genre restent fréquentes et les activistes demandent aujourd’hui de nouvelles mesures. Retour sur l’évolution des droits des LGBT+ en Argentine.

Mois des fiertés : où en sont les droits LGBT+ en Argentine ? Mois des fiertés : où en sont les droits LGBT+ en Argentine ?
Écrit par Daphnée Quentin
Publié le 13 juin 2024, mis à jour le 13 juin 2024

Argentine : un pays progressiste en matière de législation LGBT+

En matière de législation des droits des LGBT+, l’Argentine est l’un des pays les plus avancés d’Amérique latine, voire du monde. 

Avant 1887 et la légalisation de l’homosexualité, des organisations revendiquaient d’ores et déjà leurs droits depuis plusieurs décennies. Néanmoins, la dictature de 1976 et les “vols de la mort” ont mis fin aux protestations, entraînant la disparition de nombreux activistes. Depuis, la légalisation de l’homosexualité est perçue comme intrinsèque au retour à la démocratie et n’a donc pas été critiquée, par conviction ou par peur d’être assimilé au régime précédent. 

En 2002, Buenos Aires a finalement légalisé les mariages entre personnes du même sexe, législation étendue à l’échelle nationale en 2010, faisant de l’Argentine le 10e pays au monde à légaliser le mariage homosexuel. 
Depuis de nombreuses autres avancées ont été faites : droit à l’adoption en 2010, changement de genre sur les papiers officiels sans avoir nécessairement subi de traitements hormonaux ou chirurgicaux en 2012, don de sang légalisé en 2015… L’Argentine est finalement devenue pionnière en matière de droits des LGBT+ en 2021 lorsqu’elle a reconnu administrativement le genre non-binaire et son inscription sur les papiers d’identité. La même année, le Sénat a adopté une loi imposant un quota de 1% concernant le recrutement de personnes transgenres et non-binaires dans les entreprises et administrations publiques.

Malgré l’absence de loi fédérale interdisant explicitement toute forme de discrimination basée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, les progrès sociaux sont notables. En 2020, Mara Gómez est devenue la première femme transgenre à participer à un match de football professionnel lors du championnat argentin de la première division féminine, marquant une avancée significatif dans ce milieu peu inclusif.

 

Une communauté de drag queens sur le devant de la scène

En 2019, l’élection d’Alberto Fernandez à la présidence de la nation argentine a été un tournant pour la communauté de drag queens du pays, déjà bien implantée à Buenos Aires. Se produisant sous le nom de Dyhzy, l’enfant du président est devenu l’une des drag queens argentines les plus suivies sur les réseaux sociaux. À l’époque, Alberto Fernandez avait affirmé son soutien envers son enfant, une étape essentielle pour la démocratisation de la culture queer en Argentine.

 

Des signes de rétrocession des droits LGBT+

L’arrivée de Javier Milei a été marquée par la suppression du ministère du Droit des femmes et de l’institut national contre les discriminations : un retour en arrière pour ces populations souvent discriminées.

Concernant les droits LGBT+, la première rétrocession a été observée lors du licenciement massif de fonctionnaires en avril 2024. Parmi ces derniers, des personnes transgenres se sont vues retirer leurs fonctions, et ce malgré l’objectif imposé d’un quota de 1%, aujourd’hui non respecté. Ces licenciements sont pour elles synonyme de retour à la précarité et à l’exclusion professionnelle, les obligeant parfois à se prostituer. Selon un rapport publié en 2023 par le ministère public de Buenos Aires en collaboration avec des organisations spécialistes, 90% des femmes transsexuelles en Argentine sont contraintes à la prostitution. Quant à leur espérance de vie, elle est estimée entre 35 et 40 ans selon ce même rapport. 

Les communautés LGBT+ sont également plus touchées par les crimes de haine qui semblent augmenter. En 2023, 84% des crimes de haine reconnus (133 officiellement) touchaient des femmes transsexuelles. En mai 2024, le meurtre de 3 femmes lesbiennes par leur voisin avait été invisibilisé par le gouvernement, provoquant la colère des citoyens et la mise en place de nombreuses manifestations. 

Enfin, les thérapies de conversion ne sont pas encore interdites dans tout le pays et restent un point clé dans les futures améliorations requises par les organisations argentines en faveur des droits des LGBT+. 

 

daphnee quentin
Publié le 13 juin 2024, mis à jour le 13 juin 2024

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