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ON A TESTÉ POUR VOUS - Prendre des cours de tango

Écrit par Lepetitjournal Buenos Aires
Publié le 16 mai 2012, mis à jour le 5 janvier 2018

Le tango est envoutant et l'Argentine est le seul pays à nous offrir un grand frisson tanguero à chaque coin de rue. Ce serait dommage de ne pas en profiter, non ? Clément, notre "testeur" livre aux lecteurs du petitjournal.com de Buenos Aires les joies de l'apprentissage du tango

Afin de redorer ma cote de sensualité lors des soirées dansantes, j'ai décidé de m'initier à cette danse mythique et charnelle. Décision prise : prendre des cours de tango. Je téléphone, je réserve et à 21h pile, je suis devant le hall d'entrée. Une petite foule compacte et bruyante trépigne déjà d'impatience à l'idée de fouler le parquet de la piste.

Dans un recoin, je sympathise avec une jeune fille, statique et dubitative face à cette agitation d'apprentis danseurs, et qui, comme moi, comprend que cet univers n'est pas le sien.  Nous, les ?principiantes?, c'est à dire les nuls, nous nous reconnaissons au premier regard.

Quelques petites blagues sur nos capacités d'apprentissage, le ticket d'entrée en poche pour le cours et nous nous dirigeons vers le sous-sol. Au programme, deux heures de Tango.

OK. Pas de panique, nous descendons dans l'antre de la bête. Et là, nous découvrons un parquet lisse, brillant, immense comme j'en ai rarement vu. Je me souviens alors d'une phrase : ?le tango, c'est frotter le parquet?. Je confirme.  Nous nous voyons dedans, et c'est très intimidant. Surtout quand les puristes sont là, autour de nous, devinant à notre façon de nous habiller, à notre manière de déambuler que nous sommes de petits nouveaux. Nous nous sentons vite dévisagés. Mais, comme je suis un dur, je fais comme si de rien n'était. Un proverbe argentin dit:? No te hagas un tango de todas las cosas? : je devrais méditer.


Le cours va commencer. La piste est pimpante, la salle est bondée, surchauffée et bruyante. A peine le temps de prendre nos marques que nous sommes appelés sur la piste pour les premiers exercices. Le prof, élégant, de noir vêtu et gomina, comme ceux que l´on peut voir sur les cartes postales, nous explique la technique des premiers déhanchements. Nul nº 1 doit se mettre ici, et nulle nº 2 comme ça. Plus le temps de plaisanter. On se regarde, on se colle, on se fige, on se lance un cordial « suerte » et les premières notes se font entendre. Le cours commence et d'emblée, je ne comprends rien. Ou plutôt si : je comprends que ça ne va pas être facile. Premier pas vers l'avant, ok. Un pas en arrière. Je suis déjà en décalage, et cela durera toute la soirée. Impossible de suivre les pieds du prof, d'écouter les consignes, de ne pas trop serrer ma compagne, de rester concentré sur les exercices. Je n'y arrive pas, et, cerise sur le gâteau, mon bassin ne m'obéit pas. En l'occurrence, ma partenaire, est comme un poisson dans l'eau, bien plus réceptive à l'exécution des pas que le balai lui servant de binôme. Je la remercie encore du temps qu´elle me consacre à revisiter, à notre manière, la théorie toute fraichement acquise. La connivence, la confiance s'installe entre nous : un détail anodin mais très important. Une osmose doit s'établir entre les partenaires pour se laisser envouter par la mélodie.

Quelques fou rires et d'inévitables marchages de pieds plus tard, je suis maintenant incollable sur le ?balancement?, ?le bougé latéral?, ?les trois pas?, la tactique du ?paso 4?, ainsi que la posture, et surtout le glamour! Je suis à vous pour le show mondain. Enfin, vers minuit, le cours s'arrête, tout le monde applaudit, se félicite et laisse finalement place à un superbe orchestre Milonguero. Les nuls quittent la piste, les experts rentrent et dansent un tango de tous les feux de dieu.

C'est finalement les yeux pétillants, épuisé, que j'ai quitté ce monde qui m'était jusqu'alors inconnu, songeant encore au très spécial moment que je venais de vivre sur le chemin du retour.

Photos et texte de C.B. (www.lepetitjournal.com - Buenos Aires)  mercredi 16 mai 2012

C.B. est auteur de l'Argentine sans détours

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