

Du "Congrès des peuples opprimés" aux traités de paix
Le démembrement de l'Autriche-Hongrie
La troisième période de la formation de la nouvelle politique française d'Europe centrale et orientale peut être caractérisée à la fois par l'incertitude et la cristallisation.
En ce qui concerne la reconstruction de l'Etat polonais, les positions de la France et de ses alliés étaient relativement constantes. Le 3 juin 1918, lors de la réunion du Conseil Suprême de la Guerre de Versailles, les représentants de la France, de l'Angleterre et de l'Italie ont souligné que le rétablissement de l'Etat polonais unifié et indépendant était une condition sine qua non d'une paix juste et durable. Le 28 septembre, le gouvernement français a transféré le commandement de l'armée polonaise au Comité National Polonais. Cela signifiait la reconnaissance de la future Pologne comme puissance belligérante alliée.
La suppression de la Monarchie des Habsbourg a été un processus beaucoup plus compliqué et contradictoire, car les gouvernements américain et anglais, ainsi qu'une partie importante de l'élite politique française la considéraient comme un élément indispensable de l'équilibre européen. Trois événements ont confirmé la nouvelle conception: le 3 mars 1918, la Russie soviétique a conclu une paix séparée avec les Puissances Centrales, et est sortie de la guerre. Au début d'avril, les négociations secrètes en vue de signer une paix séparée avec la Monarchie ont été interrompues. Et enfin les 14-15 mai, à Spa, l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie ont paraphé un traité relatif à une coopération économique très étroite laissant supposer une évolution vers une union douanière. Les plans de Mitteleuropa semblaient s'accomplir. L'alliée russe avait quitté la partie, l'unité des Puissances Centrales semblait se renforcer tandis que les troupes américaines n'étaient pas encore arrivées en masse en France pour renforcer le front de l'Ouest. C'était évidemment une situation critique pour la sécurité du pays: en conséquence le gouvernement français s'efforçait d'engager toutes les réserves possibles, et notamment «l'arme des nationalités». Paris épaulait résolument le congrès «des peuples opprimés» de la Monarchie qui a eu lieu les 8-10 avril 1918 à Rome. En mai, le Président du Conseil français a déclaré nécessaire la destruction de l'Autriche-Hongrie. L'amélioration renouvelée de la position de l'émigration tchèque était toujours en étroite relation avec les facteurs militaires. L'Entente a donné mission à la légion tchèque de Russie, 50 à 70.000 hommes, relativement bien organisée et armée, de concentrer autour d'elle les forces antibolcheviques et de mettre sur pied le front de l'Est contre les Allemands. On souhaitait ainsi empêcher les Allemands de transporter d'importantes unités au front de l'Ouest et d'accaparer les matières premières russes. En conséquence, le 29 juin 1918, le gouvernement français a reconnu le Conseil National Tchécoslovaque comme gouvernement de facto. Le 15 octobre, le Gouvernement Provisoire Tchécoslovaque a été également officiellement accepté. En octobre, au moment de la décomposition de la Monarchie, l'Entente n'a pas essayé d'entraver le processus, car on estimait que l'Autriche-Hongrie, alliée de guerre de l'Allemagne, ne pourrait plus contribuer à l'équilibre européen.
La réorientation de la politique française envers l'Europe du Centre-Est
La réorientation de la politique française envers l'Europe du Centre-Est a été définie pour environ deux décades en octobre-novembre 1918, quatrième étape. Les territoires tchèques sont devenus stratégiquement importants avant la fin de la guerre, car ils pouvaient servir de base pour bombarder l'Allemagne si elle n'avait pas signé la trêve. En automne 1918, on estimait au Quai d'Orsay que notre région était particulièrement avantageuse en vue de l'établissement de l'influence française; et ces peuples attribuaient la victoire à la France.
En soutenant ses nouveaux alliés, la politique étrangère française s'efforçait ensuite de consolider le nouvel ordre né à la fin de la première guerre mondiale par les traités de paix, y compris le traité de Trianon, signé le 4 juin 1920. Malgré le fait que l'échec de cette nouvelle conception s'est révélé à partir du milieu des années 1920, et plus clairement dans les années 1930, on peut déceler quelques traces de sa survie même après l'effondrement des régimes communistes en Europe centrale et orientale de 1989-1990.
Gusztáv Kecskés D. (www.lepetitjournal.com/budapest.html) vendredi 17 septembre 2010
L'auteur est historien
Source: http://www.atlas-historique.net/1 h914-1945/cartes/Autriche-Hongrie1923.html






