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SLAM - Deux soirées avec des artistes français et hongrois

Écrit par Lepetitjournal Budapest
Publié le 24 mars 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

A deux reprises, nous avons pu être témoins d'une coopération fructueuse et vraiment harmonique entre l'Akkezdet Phiai et le trio français: DJ B.Loo, Poison d'Avril et Nina Kibuanda de Nantes. Le 16 mars, ils ont présenté ensemble un spectacle inoubliable à l'Institut Français et deux jours plus tard ils ont donné un concert à Európa Pont. Les deux groupes s'entendaient très bien et étaient capables de s'intégrer au monde artistique commun créé par leur association. Le petitjournal.com de Budapest les a rencontrés

Les jeunes artistes ont présenté leurs ?uvres en français et en hongrois, quelques textes ont été traduits, tandis que DJ B.Loo produisait la musique de fond pour atteindre le meilleur effet d'ensemble. La musique électronique et la poésie formaient une unité totale et indivisible. Leur expression brute ne manque ni de critique sociale, ni d'argot et de vulgarité ni d'émotions exprimées en langage soutenu. La musique de DJ B.Loo complétait parfaitement le texte sans que l'un ou l'autre devienne arbitraire ou prédominant. Le silence et le manque de musique se manifestaient comme un moyen d'expression stylistique aussi, en donnant la possibilité au texte de faire son chemin. La légèreté et la sincérité de Márk Süveg, le texte sublime de Péter Závada, les paroles rapides de Poison d'Avril, la performance intense de Nina et la musique libre de DJ B.Loo ont fait partie intégrante d'une seule expérience sonore, abstraite et visuelle.

Lepetitjournal.com: Vous avez réussi à trouver votre groupe de frères hongrois. Comment cette collaboration réussie avec le groupe hongrois a-t-elle commencée?

Poison d'Avril: Nous nous sommes rencontrés à Nantes, nous faisions partie d'un échange organisé par une organisation nantaise qui s'appelle Nanteurope Express qui a d'abord fait venir des artistes hongrois à Nantes. Donc Márk et Péter sont venus et puis, on a présenté un projet slam et ils ont fait la connaissance de Nina. On a découvert toute une culture dans leur poésie et on a trouvé des similarités par rapport à nous. Ce qui est en commun, c'est l'envie de dire, franchement dire. D'abord on a commencé un travail parallèle puis on a passé une semaine ensemble à Nantes, il y avait un théâtre à notre disposition, où chacun a présenté son show réfléchissant sur l'écriture. Après nous avons mélangé les textes qui se regroupent parfois par thème. Quelquefois, ce sont des poèmes hongrois qui sont traduits en français, quelquefois le contraire.

Lepetitjournal.com: Dans quelle mesure considérez-vous ces poèmes et ces pièces traduisibles?

Poison d'Avril : La traduction poétique est toujours difficile. Il y avait quelques figures de style qui se sont perdues. Traduire le français en hongrois est compliqué, parce que la langue est pleine de subtilités, des jeux de mots... Il y a tellement de choses qui peuvent être traduites seulement par paraphrase. Mais en tout cas, pour nous, c'est un plaisir de voir nos textes dans une autre langue.

Lepetitjournal.com: D'où vous vient cette affection pour la poésie?

Poison d'Avril: Je n'ai jamais étudié ces choses à l'école, d'une manière institutionnelle. J'ai fait la connaissance de la poésie tout seul et par des échanges avec Nina et avec les autres. Je n'avais aucune culture poétique avant, je l'ai découvert en la faisant.

Nina (www.francophonie.hu)

Nina: Moi, j'étais un rappeur à la base et j'écrivais des paroles rap. Dans mon parcours de la vie, j'ai fait la rencontre du théâtre qui m'a donné le goût des mots. Grâce à la manière dont il y faut exposer, je me suis senti libre, ça m'a donné une sentiment de liberté. Et le théâtre me permettait de prendre le ton aussi. Quand j'ai écrit des paroles de rap, mes textes étaient trop longs et tout le monde m'a proposé de les couper. En slam, on ne coupe pas les textes, c'est plus libre, on met en forme la poésie avec de la musique. Ces textes ne peuvent pas exister autrement qu'a cappella. Donc, je suis venu du rap, puis le théâtre et maintenant, j'utilise ces héritages en tant que slammeur.

DJ B.Loo: Pour moi, c'est différent. Je suis venu de la musique, évidemment c'est une façon de vivre. Oui, en fait j'ai aussi approché le rap, la culture hip-hop, apparemment ce que j'aime, c'est le rap en rythme. Pour le goût du slam, il y a une évolution, pour un slammeur, tout ce qui est musique binaire et hip-hop, cette manière d'enfermer les mots comme ça, c'est primordial. Ce que nous faisons dans ce domaine: réduire les mots, l'expression, quelque chose comme en parallèle du  free jazz, et après remélanger tout ce qui a été réduit, comme influences. C'est une manière pour l'artiste de trouver la place entre les mots pour y mêler la musique. Pour moi, et le rap et le slam sont poétiques.

Lepetitjournal.com: Dans cette liberté d'expression, l'inspiration libre et l'improvisation sont caractéristiques ?

Nina: Dans ma vie quotidienne, non, je n'utilise pas l'improvisation. J'ai participé aux ateliers de slam dans toute la France. Quand j'étais rappeur, j'ai connu des gens qui improvisaient beaucoup. De nos jours, tout l'improvisation est devenue travail. On trouve des textes entre les lignes, comme un batteur qui entre en jazz, solo jazz : il mélange plusieurs façons de jouer. Moi, je n'improvise pas, je travaille.

Poison d'Avril: L'improvisation marche en fonction du public, sa façon de réagir - ce qui nous influence le plus en choisissant le texte. L'improvisation serait présente aussi dans la manière de dire, pour que les gens reçoivent bien le texte, pour pouvoir réagir en fonction de leurs réactions. Le texte doit être en harmonie avec un thème pour être capable de le retransférer dans la musique.

 

Judit Pecze (www.lepetitjournal.com/budapest.html), jeudi 24 mars 2011

 

 

 

 

 

Publié le 24 mars 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

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