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PORTRAIT - Krisztán Cser, chanteur et biophysicien

Écrit par Lepetitjournal Budapest
Publié le 29 mars 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

Le chanteur de l'opéra Krisztán Cser mène une double carrière: il devient la meilleure basse de sa génération tout en préparant son PhD en biophysique

 

Bientôt docteur en biophysique, Krisztián Cser est une des étoiles montantes de l'opéra hongrois. A 34 ans, cette basse doté d'une voix exceptionnelle se produit à l'Opéra de Budapest dans les pièces comme La Bohème - une standing ovation l' a accueilli pour son intérprétation de Colline le 6 mars dernier, Fidelio (Don Ferrando), Les Vêpres siciliennes (le comte Vaudemont), Otello (Lodovico) La Flûte Enchantée (dans lequel il sera à l'affiche le 12 avril prochain  dans le rôle du 2e prêtre), ou Elektra (le Précepteur d'Oreste) rôle avec lequel il a débuté sa carrière sur la scène de la capitale hongroise. "J'avais une phrase dans Elektra et je devais gravir lentement un escalier exigü pour arriver à temps en haut et j'entendais à peine l'ochestre... c'était très stressant" - se souvient le jeune homme originaire de Szeged.

Venu d'une famille des musiciens -un père chef d'orchestre, un frère chef de choeur et compositeur- Krisztián a longuement hésité entre les carrières scientifique et artistique. Élève éminent du Lycée des Piaristes dans sa ville natale, il s'inscrit à la Faculté des Sciences pour étudier la physique tout en prenant des leçons de chant privées. Son diplôme en poche, il continue ses études musicales à la Faculté de Musique de l'Université de Szeged et ses recherches sur la photosynthèse dans le cadre d'un doctorat à l'Institut de Biologie Végétale du fameux Centre de Biologie. Pendant cette période studieuse, il fait partie de plusieurs ch?urs de Szeged, souvent en tant que soliste. Éva Marton, la soprano mondialement connue et également professeure à l'Académie de Musique Ferenc Liszt de Budapest, le remarque lors d'une audition et lui ouvre les portes de l'institution où il obtient son second diplôme musical en 2008.

Cser trouve important de participer régulièrement aux concerts, "parce que faute de costumes, il faut jouer beaucoup avec la voix".

Comment un jeune chanteur talentueux peut-il conquérir les scènes internationales?

"Bonne question. En Hongrie les agents se font rares et le système des imprésarios ne marche pas encore. Une agence allemande s'intéresse à moi, j'espère qu'avec leur aide je peux décrocher des rôles à l'étranger, ce serait important tant sur le plan professionnel que financier. N'étant pas membre de l'Opéra de Budapest, je dois signer des contrats peu avantageux au cas par cas..."

Une voix chaude et un timbre magnifique, un splendide velours dans les graves, une maitrise parfaite de la diction, des vibratos retenus avec élégance, de l'aisance  dans la hauteur avec des notes colorées, Cser remplit ses notes d'une émotion rare, d'une douceur ronde et pleine (http://www.youtube.com/watch?v=8LPggh2s_Sk). Ses basses préférées s'appellent Boris Christoff ou Cesare Siepi. Mais l'artiste qui a le plus influencé était László Polgár. Ami d'enfance de son père, le grand chanteur hongrois, décédé il y a quelques mois, a pris sous ses ailes Krisztián en lui donnant notamment des cours particuliers lors de ses séjours dans son pays natal. "Je commence à comprendre maintenant ce qu'il m' expliquait. László avait une personnalité assez réservée mais parfois il s'ouvrait vers moi. J'ai énormément appris de lui, son professionalisme et sa dignité vont m'accompagner pour toujours" . Krisztiàn Cser en digne hétitier, reprend d'ores et déjà son rôle dans Barbe Bleue, comme si Polgár lui même lui avait passé le témoin.

Une spécialiste de l'opéra a prédit au jeune chanteur hongrois une carrière aussi importante que celle de Polgár qui a eu l'occasion de fréquenter les scènes internationales les plus importantes. A la question "quelle serait selon lui l'apogée de sa carrière ?" : il répond sans hésiter "la Scala, le Met et l'opéra de Sydney". Espérons que la carrière de Krisztián tiendra toutes les promesses...en attendant une consécration scientifique aussi...

Claire Hunyadi, Mihály Rózsa (www.lepetitjournal.com/budapest.html), mardi 29 mars 2011

Photo: courtesy de Krisztián Cser

 

 

Publié le 29 mars 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

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