La première et la deuxième partie de cet article concernaient les bandes dessinées franco-belges parues en langue hongroise sous le régime communiste. Nous allons nous pencher maintenant sur le passé récent et examiner la situation actuelle
Un an après le groupe suédois Semic, un autre géant de l'édition scandinave, l'éditeur danois Egmont ouvrit également un bureau à Budapest en 1989. A son menu figuraient les titres qui avaient déjà fait leurs preuves dans bien d'autres pays européens, dont Astérix. Egmont décida de créer une nouvelle traduction (la troisième, après celle de Forum et d'Alfa) et de rester fidèle à la tradition locale qui consistait à vendre les bandes dessinées dans les kiosques et non dans les librairies. Avec trois autres tomes en 1990, la série semblait bien partie, mais bientôt, le rythme ralentit, et finalement, moins d'une douzaine d'albums parurent avant le coup d'arrêt de 2000.
Malheureusement, Egmont eut encore moins de succès avec ses autres séries franco-belges : Lucky Luke (sous le nom de Villám Vili) n'eut droit qu'à deux albums, tout comme Tintin, lancé et arrêté en 1994. L'éditeur avait même publié une anthologie humoristique nommée Európánk fintora qui contenait des pages issues de l'hebdomadaire Spirou (Gaston Lagaffe, Cédric et Les Femmes en blanc), mais sans y donner de suite.
De son côté, Semic, spécialisé dans les comics américains, souhaitait également se diversifier. Pour sa première bande dessinée franco-belge, son choix tomba sur Julie, Claire et Cécile, une série publiée à l'origine dans Tintin. Un seul album parut en 1991, toujours en kiosque.
Si Kretén s'adressait aux adolescents et aux adultes et n'hésitait pas à publier parfois des pages érotiques et politiques, son compagnon, Tiszta Dili, destiné à un public plus jeune, restait bien plus sage. Dominé largement par des strips américains, il introduisit toutefois en Hongrie des personnages et des séries comme Cubitus, Robin Dubois, Mélusine, le Petit Spirou, les Poules à lier, les Cannibales, Kid Paddle et Pierre Tombal. Léonard et les Femmes en blanc réapparurent également dans ce titre.
En 1997, Semic décida de recentrer son magazine pour jeunes autour du personnage de Snoopy et de changer de format. Cette tentative ? sous le nom de Snoopy ? ne dura que deux numéros, mais c'est dans ce titre que parut pour la première fois Gai-Luron en hongrois.
Peu avant, l'éditeur avait également tenté de compléter sa gamme réaliste qui, jusque là, ne contenait que des superhéros. Sous le titre commun de X-07 Akciómagazin, des deux séries d'action les plus populaires de Jean Van Hamme, XIII et Largo Winch firent leurs débuts en 1995. Malheureusement, les ventes restèrent bien en-dessous des attentes, et après deux numéros seulement, cette voie fut abandonnée.
Dans la première partie des années 2000, Egmont ne publia aucune bande dessinée franco-belge, et Semic se limitait à des essais timides. Aux séries déjà connues de Kretén s'ajoutèrent Idées noires de Franquin, Le Chat de Geluck et Captain Biceps de Tebo et Zep. Le magazine Snoopy (nouvelle formule, de 2001 à 2004) reprit les séries de ses prédécesseurs.
En 2002, les éditions Passage (dont le propriétaire était un Français) prit enfin son courage à deux mains et lança la première série d'albums de bandes dessinées cartonnés en Hongrie. Il s'agissait de Cédric, de Laudec et Cauvin. Quatre albums virent le jour coup sur coup, et enfin, la BD fit son apparition dans les libraires ? mais sans attirer l'attention. Face à cet échec, l'éditeur mit fin à la série, et sous peu, on retrouvait les albums dans les rayons d'occasion... L'année suivante, les éditions MTSI furent bien plus prudentes en sortant le tome 1 de Joe Bar Team. Il s'agissait en fait d'un tirage limité, destiné aux lecteurs du magazine de moto publié par cet éditeur.
Antal Bayer (www.lepetitjournal.com/budapest.html) mardi 16 novembre 2010
Crédits photo: Antal Bayer
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