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BLANCHE NEIGE – Face à la beauté qui succombe, celle qui éclot

Écrit par Lepetitjournal Brisbane
Publié le 8 septembre 2016, mis à jour le 8 septembre 2016

Le Ballet Preljocaj originaire d'Aix-en-Provence propose jusqu'à dimanche sa création romantique et contemporaine tout en poésie : Blanche Neige.

Quel miracle de faire parler sans un mot, quel miracle de rendre audible le langage des corps. C'est ici toujours le même défi qui s'impose au chorégraphe d'un ballet : que le muet ne soit pas une entrave, que la musique soit une expression suffisante, que dis-je, un appui aux mouvements des interprètes.

Alors il est vrai qu'Angelin Preljocaj bénéficie d'un pilier de taille avec un conte que le grand public connait par c?ur (encore que la version des frères Grimm cache dans sa manche une violence et une sexualité bien plus abrupte), mais cela n'enlève rien à la qualité du ballet, beaucoup moins enfantin. Il faut alors se résoudre à l'utilisation d'un qualificatif : génial !

Il y a en effet du génie dans cette fresque féerique et romanesque que la musique de Gustav Mahler épouse à merveille. A telle point que l'on s'interroge sur la temporalité des réalisations. Est-ce le ballet qui fût créé pour la musique ? Est-ce la musique qui fût composée pour le ballet ? Ou bien est-ce simplement une communion artistique comme on en découvre peu, une de celle qui s'impose sans équivoque ? Comme vous pouvez vous en douter, c'est ici la troisième alternative qui fait foi.

Néanmoins, la chorégraphie spectaculaire où s'entremêle danse et escalade n'est que l'un des arguments qui rend ce ballet inoubliable.

Dans un bras de fer épique entre ombre et lumière, les décors de Thierry Leproust ont choisi les ténèbres. Une position qui ne sert qu'à faire briller davantage, une Blanche Neige qui irradie déjà de sa beauté cristalline. La voir se mouvoir dans une inquiétante forêt poursuivie par trois chasseurs ne fait que sublimer la grâce de ses gestes. Portés somptueux et acrobatiques se succèdent face à ces personnages avides de posséder Blanche. Il n'y a guère d'ailleurs que les sept nains pour ne pas jouer à ce jeu (ndr : à la différence du conte des frères Grimm).

Des images s'illustrent le long de cette heure cinquante de spectacle, à telle point qu'il est même difficile de s'en départir une fois les portes du « Queensland Performing Arts Performance Centre » derrière soi. Parmi elles, le mur d'escalade percé de galeries d'où les sept nains jaillissent, espiègles, pour une chorégraphie en trois dimension.

Marâtre

L'esthétique de ce ballet ne laisse rien au hasard et les costumes d'un certain Jean-Paul Gaultier y font pour beaucoup. Il signe ici des écrins sur-mesure qui révèlent à eux seuls la psychologie des personnages. D'une robe guerrière noire et feu pour une marâtre sublime et dominatrice, à un drapé immaculé mais incroyablement suggestif pour une Blanche Neige dont on ne peut se détacher.

Les costumes participent ainsi à cette rivalité : à la violence : la douceur, à la malveillance : l'ingénuité, à la beauté qui succombe : celle qui éclot.

Dans le même registre, les deux duos de conclusion jouent une partition opposée. En premier lieu, le « pas de deux à la Pomme », lors duquel la marâtre enfonce le fruit dans la gorge de sa belle-fille avant de la faire danser telle une marionnette sans âme dans une jouissance sadique.

Puis le duo de la mort, impressionnant de complexité, où c'est le Prince qui vient au chevet de sa bien-aimée étendue sur le sol avant de la faire virevolter avec talent entre ses bras amoureux : une danse d'adieu qui se transforme en souffle de vie.

On ne peut qu'être emporté par ce ballet narratif qui nous invite dans un monde onirique et inquiétant. Les vingt-quatre danseurs sont en cela des hôtes de marque pour ce ballet contemporain tout en justesse, qui nous livre l'histoire inexorable du temps qui passe. Un ballet d'une qualité telle, qu'on lui pardonne ses manichéismes romantiques.

Ne reste qu'à délivrer une mention spéciale à Virginie Caussin, qui campe une Blanche Neige envoutante, qui subjugue autant qu'elle sublime.

MP (lepetitjournal.com/brisbane), jeudi 8 septembre 2016.

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Blanche Neige

Lieu : Queensland Performing Arts Centre ? Lyric Theatre
Dates/Horaires : du 2 septembre au 11 septembre ? du jeudi au dimanche

  1. Vendredi 9 septembre ? 19h00
  2. Samedi 10 septembre ? 14h00 (1ère représentation), et 20h00 (2ème représentation)
  3. Dimanche 11 septembre ? 15h00

Prix : 69$
Lien : http://www.brisbanefestival.com.au/whats-on
Réservations : http://www.brisbanefestival.com.au/ticketing

 

Publié le 8 septembre 2016, mis à jour le 8 septembre 2016

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