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Rafael, jeune photographe français à Bogota

rafael molia photographierafael molia photographie
Écrit par Matéo Larroque
Publié le 7 décembre 2018, mis à jour le 7 décembre 2018

Rafael Molia est Colombien de naissance, et a grandi en France. Aujourd’hui, cela fait deux ans qu’il est installé au pied du Monserrate. Il a travaillé dans le restaurant A Seis Manos, lieu de collaboration artistique et culturelle, à deux pas du Teatro municipal Jorge Eliecer Gaitan et de la Cinemateka Distrital. De temps en temps il travaille comme photographe pour différents événements, des conférences, des concerts ou des mariages.
 

Corrida des fêtes de Bayonne en Juillet 2013
Session de surf à la plage de la Barre à Anglet en Janvier 2012


La passion de la photographie, c’est son grand père qui lui a transmise dès son plus jeune âge. Pour ses 20 ans, son mentor lui offre un Nikon D70 et Rafael commence à prendre des photos dans le Pays basque, la région où il a grandi. Rugby, skate, surf, il photographie tout simplement ce qui l’entoure. Mais rapidement, il recherche l’abstraction, afin d’offrir “un nouveau point de vue, plus personnel, sur la réalité”.

Après avoir suivi une école de photographie à Toulouse, il devient photographe indépendant et développe sa recherche artistique tout en faisant des photographies culinaires, de mode ou pour des mariages. Il expose notamment dans un restaurant à Anglet. Après 2 ans de travail dans une usine, période qu’il considère comme une “excellente école de la vie”, il s’envole vers New York pour trois semaines.

Drapeau américain en face de Central Park en Mars 2013


Il rencontre alors Christopher Anderson, photographe pour la très élitiste agence de presse Magnum. Ce dernier lui fait remarquer que la plupart de ses clichés sont en plongée, orientés vers la verticale, fuyant les visages de ses semblables. Christopher trouve cette perspective étonnante car elle ne correspond pas à la personnalité de son auteur, plutôt ouvert sur les autres. S’il cherche à s’évader par son art, Rafael prend alors conscience de son désir d’orienter son travail sur l’humain.

Quartier Ramirez dans le sud de Bogota en Octobre 2017


Immergé dans l’atmosphère de New York City, il s’enferme 10 heures dans le métro. Sous terre, il capture les portraits des passants. Quoique toutes différentes, les personnes qu’il photographie semblent habitées par la même énergie, le même rythme de vie et paraissent liées jusque dans leurs émotions par le lieu où ils vivent. Le jeune Français réalise une vingtaine de portraits. Une capture du cosmopolitisme de la ville au travers de ces visages.

La Tour Eiffel depuis Belleville en Juin 2015


De retour en France, il s’installe à Paris et travaille dans un restaurant et en devient un des responsables. En parallèle, il en profite pour continuer à photographier et exposer dans une galerie dans le marais. Il réalise une série de photographies multipliant les jeux de lumières et de perspectives. 

Quatre ans plus tard, il part à Bogota pour trois mois.

Maison en construction dans la Sierra Nevada de Colombie en Septembre 2017


Il donne d’abord des cours de français et s’associe avec un partenaire local pour vendre de la nourriture française à Bogota. L’affaire marche assez bien mais après sa rencontre avec Jean-Christophe Vandekerckhove, le gérant de A Seis Manos, il décide de commencer à travailler dans ce lieu où se succèdent concerts, représentations théâtrales, cours de salsa, de cuisine et expositions.

Quartier Ramirez dans le sud de Bogota en Octobre 2017


Il rencontre alors Catalina Azuero, une créatrice de mode. Elle travaille avec un refuge pour les personnes les plus démunies : des enfants mais surtout des prostituées transexuelles du quartier industriel de Puente Arrendo, expulsées du “Bronx de Bogota”. Rafael adhère à cette association, nommée “Redisenandonos” (mot inventé signifiant “redessinons nous”, “retapons nous”), et réalise des atelier photos avec des dépendants à la drogue, vivants souvent à demi nus lors de ses ateliers photo. Il est touché par la personnalité et la créativité de ces personnes et est frappé par l’injustice de leur vie. Ce travail inspiré son futur projet qui s'appellera peut-être “L’habit ne fait pas le moine”, pour lequel il aimerait, entre autres, photographier un sans-abri habillé en chef d’entreprise et vice versa.

Rivière à deux pas de Buenaventura sur la côte pacifique de Colombie, Décembre 2016
Rue de Manhattan en Mars 2013
Rock al Parque a Bogota, Octobre 2016


“La photographie est une brève complicité entre la prévoyance et le hasard”. Cette phrase de John Stuart Mill inspire Rafael. Il cherche à “jouer avec l’anodin pour rechercher l’esthétique”. Ainsi “l’observateur” ne doit pas s’arrêter à la première lecture. À partir d’espaces vides, il arrive, paradoxalement, à créer une certaine densité, une émotion poétique. Ses prises oscillent entre figuratif et abstrait jusqu’à semer le doute sur la véracité du sujet. La photographie, c’est “donner un autre point de vue sur la réalité” résume Rafael.
 

San Cipriano entre Cali et Buenavenura, Côte pacifique Colombienne, Décembre 2016

 

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Publié le 7 décembre 2018, mis à jour le 7 décembre 2018

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