Après 40 jours d'errance dans la jungle amazonienne colombienne, les quatre enfants ayant survécu au crash de leur avion, ont enfin été retrouvés sains et saufs.


L'opération "Esperanza" a enfin porté ses fruits.
Après 40 jours d'errance dans la jungle amazonienne colombienne, les quatre enfants ayant survécu au crash de leur avion ont enfin été retrouvés sains et saufs par les forces armées colombiennes, aidées par les communautés indigènes locales et notamment Henry Guerrero, un indigène d'Araracuara qui avait pris part aux recherches au lendemain du 1er mai, jour du crash.
Rappel des faits

Dans notre édition du 6 juin, nous partagions cette information qui a tenu la Colombie puis le monde entier en haleine.
Le 1er mai, un petit avion de type Cessna 206 décolle du village de Puerto Sabalo dans le département de Caquetá.
A son bord se trouvent sept personnes: le pilote, Hernando Marcia Morales, son copilote, le leader indigène Herman Mendoza et Mucutuy Valencia, la maman des quatre enfants: Lesly, 13 ans, Soleiny, 9 ans, Tien Noriel, 4 ans et Cristin, 11 mois.
L'avion fait face à divers problèmes techniques et finit par se crasher en pleine jungle amazonienne. Les trois adultes périssent. Les quatre enfants, eux, survivent et s'engagent à travers la végétation épaisse en quête de survie.
Le sauvetage

La Colombie et le monde entier célèbrent le sauvetage des quatre enfants perdus dans la jungle amazonienne depuis 40 jours.
Les forces armées avaient nommé l'opération de sauvetage "Esperanza", "Espoir" en français.
Vendredi 9 juin, c'est avec une immense émotion que nous avons appris le sauvetage des quatre enfants. Il sont tous sains et saufs mais affaiblis. Ils sont actuellement hospitalisés à l'hôpital militaire de Bogota où ils reçoivent entre autres des soins de renutrition.
Les forces armées, aidées par les communautés indigènes locales, ont suivi les enfants à la trace pendant 40 jours. Ces derniers ont été retrouvés à environ 5km à l'ouest du lieu du crash.

Sur Twitter, le Ministère de la Défense a partagé les images du sauvetage: il fait nuit, l'hélicoptère de secours est stationnaire à 60m au dessus de la végétation dense. La visibilité est quasi nulle. Les commandos hélitreuillent un à un les quatre enfants qui seront transportés dans un premier temps à l'hôpital de San Jose del Guaviare puis à l'hôpital militaire de Bogota.
#AEstaHora comandos de la @FuerzaAereaCol sacan de la espesa selva a los 4 niños. El helicóptero 🚁 está a más de 60 mts de altura. Los árboles 🌳 son muy altos y la visibilidad es casi nula. Van al helipuerto habilitado en medio de la selva para esta operación.
— Mindefensa (@mindefensa) June 10, 2023
Del helipuerto… pic.twitter.com/P7RYWDV9oi
Nicolas Ordoñez Gomes, membre de l'équipe de sauvetage, raconte les premières minutes de la rencontre avec les enfants: "la fille aînée, Lesly, en tenant la petite par la main, a couru vers moi. Je l'ai pris dans mes bras, elle m'a dit: j'ai faim". Peu après le petit garçon de la fratrie partage aussi ses premiers mots: "ma maman est morte".
Les quatre enfants souffrent de dénutrition, de lésions cutanées et de piqûres d'insectes.

L'aîné des quatre enfants, Lesly, 13 ans, a fait preuve d'un courage exceptionnel qui force l'admiration. Grâce à sa connaissance du milieu, la jeune fille a sauvé l'ensemble de sa fratrie.
Une action héroïque qui n'a pas laissé insensible le Président de la Colombie, Gustavo Petro, qui a déclaré:
Aujourd'hui est un jour magique qui, sans aucun doute, nous remplit de joie (...) Ils étaient seuls, ils ont réussi par eux-mêmes. C'est un exemple de survie totale qui restera dans l'histoire
Lesly, 13 ans, issue de la communauté indigène Uitoto: quand courage et savoir sauvent des vies
A travers cette histoire incroyable nous recevons tous une leçon de vie et un message universel que le monde entier doit entendre: vivre en harmonie avec la nature est source de vie.
Lesly, adolescente de 13 ans, a sauvé ses frères et soeurs de la faim et de la soif grâce à son éducation et à sa connaissance de la jungle amazonienne.
Nous apprenons en outre que la jeune fille a nourri sa famille avec de la Fariña qu'elle a su fabriquer à l'aide de Yucca, de graines et de fruits trouvés dans la jungle. Dans une interview accordée au média colombien Caracol Noticias, la tante de Lesly précise que Lesly savait "quels fruits elle ne pouvait pas manger parce que dans la jungle, il y a beaucoup de fruits toxiques, qui grattent".
De même, très jeune, elle a toujours aidé sa maman à s'occuper du bébé, ce qui lui a permis de savoir comment lui apporter les nutriments et les soins nécessaires à sa survie. La petite Cristin a "fêté" ses 1 an durant les 40 jours d'errement dans la jungle. Nous ne pouvons qu'être émus pour ces enfants qui ont perdu leur maman lors du crash et qui ont pourtant trouvé la force de survivre seuls.
Les enfants ont aussi réussi à construire des abris à l'aide de branchages. La tante de Lesly en est persuadée, c'est Lesly qui a su protéger ses frères et soeurs en se remémorant des jeux d'enfance:
Nous avions l'habitude de construire de petites huttes lorsque nous jouions, (...), je pense que c'est elle qui l'a fait. Je l'ai ressenti dans mon cœur parce qu'elle a la capacité d'apprendre beaucoup de choses et je pense que c'est elle qui a permis à ses petits frères et soeurs de survivre aussi
Le papa des enfants, Manuel Ranoque, gouverneur de la réserve indienne d'Araracuara, ainsi que le grand-père, Fidencio Valencia, n'ont jamais douté de la capacité des enfants à survivre dans ce milieu souvent défini à tort ou à raison comme hostile.
Pourtant, selon l'Opiac, l'Organisation nationale des peuples amérindiens de Colombie, "la survie des enfants est la démonstration de la connaissance et de la relation qu'entretiennent les indigènes avec la nature, un lien enseigné dès le ventre de la mère".
Pour Luis Acosta, Responsable national des gardes indigènes de l'Organisation nationale indigène de Colombie (ONIC), les enfants "connaissent très bien la jungle. Ils savaient ce qu'il faut manger et ce qu'il ne faut pas manger. Ils ont réussi à survivre grâce à cela et à leur force spirituelle".
La jungle est-elle réellement si hostile et inhospitalière ?

Pour celles et ceux qui ne détiennent pas le savoir, oui certainement.
Dans l'imaginaire collectif la jungle est synonyme de danger. Ce danger est réel, certes; mais n'est-il pas amplifié par l'ignorance et la méconnaissance du milieu ?
La jungle regorge de ressources comestibles et médicinales. Elle détient également des réserves en eau. Les peuples indigènes, de manière ancestrale, détiennent et transmettent ce savoir de génération en génération. Ils savent ce qui est bon pour l'Homme et ce qui doit rester intact. Leur communion avec la nature et le respect qu'ils lui confèrent doivent nous interpeller et nous inspirer.
La jungle est notre mère. Manuel Ranoque, papa des enfants
Protéger nos ressources. Utiliser seulement ce dont nous avons besoin. Protéger nos forêts, nos rivières, nos océans, la faune, la flore; ces équilibres dans lesquels l'Homme évolue sont tous connectés et permettent la vie sur terre.
Le monde a besoin de ce rapport particulier à la nature, de favoriser ceux qui, comme les indigènes, vivent dans la forêt et prennent soin d'elle. Javier Bettencourt, membre de l'Onic
