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PSF : De l’agriculture urbaine dans un quartier pauvre de Bogota

ONG Santa Marta Bogota PSFONG Santa Marta Bogota PSF
Écrit par Matéo Larroque
Publié le 19 mars 2019, mis à jour le 18 juin 2019

Installée dans le quartier de Santa Rosa à Bogota depuis 10 ans, Proyectar Sin Fronteras (PSF) développe un projet social complet pour transformer le quartier défavorisé. Culture, Vivre-ensemble, Entrepreneuriat, Ecologie, Agriculture Urbaine et Responsable… L’association est sur tous les terrains.

 

Le quartier a été construit dans les années 90 avant qu’une grande partie soit déclarée illégale dans les années 2000 en raison des risques de glissements de terrain. Cette période est aussi celle des grands mouvements de réfugiés en Colombie, pays qui compte le plus grand nombre de déplacés internes avec la Syrie. Ex-guérilleros, victimes des conflits, indigènes ou communauté afrodescendiente, nombreux sont ceux qui sont venus s’installer dans les maisons abandonnées du quartier. Ils espéraient que la proximité de Bogota, leur permettrait de trouver plus facilement un emploi, tout en faisant  des économies sur le loyer.

 

Avec une telle diversité ethnique, les tensions liées au racisme sont quotidiennes. Il n’y a pas de sentiment d’appartenance à un même lieu de vie. Les populations coexistent sans créer de liens. Les habitations précaires donnent sur des rues remplies de déchets. Ici, il n’y a ni service de ramassage des ordures, ni police. C’est la “bandilla de Santa Rosa” qui fait la loi, prélève des impôts. Et bien sûr il y a aussi la violence, et les morts. Surtout quand la nuit tombe.

L’éducation à la paix et à l’environnement


C’est ici qu’a choisi de s’implanter Proyectar Sin Fronteras en 2008 pour promouvoir le développement social, culturel et agro-responsable. L’association a deux projets phares : « Centro de Comparte » (Centre de Partage) et « Sembrando Confianza » (Semant la confiance).

 

PSF a été créée par deux Colombiens, Juan Forero et Luis Salamanca lorsqu’ils étudiaient à Clermont Ferrand. C’est grâce à cet ancrage qu’elle mobilise autant de volontaires venus de l'Hexagone. La plupart effectue un service civique ou un stage dans le cadre de leurs études. La direction et la coordination des tâches sont assurées par des employés colombiens.

PSF
Des semis en pots pour faire germer les graines avant de les planter dans le jardin pour enfants. Photo Matéo Larroque

 

Ici, tous les membres de l’organisation sont appelés « Profe ». Ils dispensent aux enfants une éducation à la paix et à l’environnement. Ils leur enseignent notamment à faire confiance à l’autre, à désamorcer un conflit, à trier les ordures et à s’occuper des plantations.

Ces enseignements sont associés à des ateliers de littérature, d’art plastique, de théâtre, de danse, de rap, de graphisme, de sport.  Une quarantaine d’enfants du quartier sont accueillis tous les après midi.

PSF
Crédit photo : Vanessa Romero

 

Les parents ne sont pas pour autant oubliés. Ils peuvent suivre une formation à l’entreprenariat, pour monter et développer leur propre commerce, ou en participant à la marque sociale de textile Olingo créée par PSF.

 

olingo

 

Des jardins urbains pour la sécurité alimentaire

9h. C’est l’heure pour Etienne, Pierre et Romain de commencer le travail dans le froid, à 2 900 mètres d’altitude. Les jeunes volontaires français grimpent péniblement les pentes du quartier en portant pelles, pioches, machettes et grandes planches de bois. Ils arrivent au niveau de la maison de la buraliste.
 

PSF Bogota

Avant que ne se mette en place l’organisation, les déchets s'entassaient sur la berge devant la maison, jusqu’à tomber dans la rivière. Aujourd’hui, c’est un jardin, délimité par des restanques et des palissades.

Etienne nous explique que « créer des jardins ici, ça permet à long terme d’assurer la sécurité alimentaire des habitants ». Grâce à la culture de quelques fruits et légumes, ils peuvent se nourrir même s’il n’ont pas de revenus. Cette permet aussi d’assainir à long terme le cours d’eau qui longe le quartier : « les gens ne jetteront plus leurs déchets n’importe où ». Il y a 16 autres huertas (“jardin” en espagnol) de ce type à Santa Rosa.

Développer l’agro-écologie

PSF enseigne aussi aux habitants des techniques pour améliorer la qualité du sol, optimiser l’espace. Les agriculteurs en herbe suivent les préceptes de l’agro-écologie. Ils multiplient les espèces de plantes et utilisent leurs propriétés pour éviter les épidémies. Contrairement à la monoculture, ce mode de fonctionnement n’épuise pas la terre car plusieurs nutriments sont sollicités, et cela à moindre intensité.

agroecologie Bogota

 

Le nouvel écosystème n’a plus besoin d’autant de travail humain, il s’autorégule. C’est ce qu’on appelle la résilience de la terre. L’approche de certains volontaires va plus loin et devient philosophique. En cherchant à nouer une relation avec la terre, ils se rapprochent de la permaculture.

Pour plus d’informations sur la permaculture cliquez ici: https://www.youtube.com/watch?v=d9k9Ugvv-cY
 

Semer la confiance au travers d’un réseau agricole

 

bogota PSF

PSF a développé un réseau entre 38 producteurs agricoles locaux indépendants et 40 consommateurs de Bogota. Cela permet de rémunérer plus justement les premiers et d’assurer la qualité des produits aux seconds.

Ema Estupinan
Ema Estupiñan produit des yaourts à Villa Julia (Bogota)

Comme dans les AMAP qui se multiplient en France, chacun des 40 clients récupère chaque semaine un panier rempli de légumes, produits laitiers et fruits pour 50 000 pesos en moyenne (14€)  ce qui lui permet de se nourrir pour une semaine. Si l’association aide les petits producteurs à commercialiser leurs produits, elle leur offre aussi une assistance technique (étiquetage, emballage).

 

L’association s’est fixé comme objectif d’atteindre l’autofinancement de façon à garantir une sécurité économique à ses participants. Grâce a son programme éducatif, elle oeuvre également à la réussite du processus de paix.

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Publié le 19 mars 2019, mis à jour le 18 juin 2019

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