Ce dimanche 11 mars, ce sont les élections législatives en Colombie. Premières élections générales de l'ère "post-conflit", elles constituent un enjeu essentiel pour le pays. Les parlementaires des deux chambres du Congrès de la République seront renouvelés. Comme dans l'ancien calendrier électoral français, ces élections précèdent les élections présidentielles qui auront lieu à partir de mai prochain.
60% d’abstention ...
...parmi les 36 millions de Colombiens habilités à voter. Elle illustre une profonde méfiance pour la classe politique. De nombreuses personnalités politiques sont en effet au centre d’affaires de corruption, ou mêlées à des groupes violents. (ie: le terme “parapolitique” largement utilisé par les médias depuis la présidence Uribe désigne les liens entre hommes politiques et les organisations paramilitaires).
*En France l’abstention avoisine également les 60% aux élections législatives..
280 parlementaires
Soit 172 à la Chambre des Représentants (l'équivalent de notre Assemblée Nationale) et 108 au Sénat de la République.
Elus pour 4 ans
Tous les parlementaires sont élus pour un mandat de 4 ans.
On vote par département et nationalement
Il y a 33 circonscriptions pour les élections à la Chambre des Représentants. Elles correspondent aux départements du pays et à sa capitale, Bogotá. Pour le Sénat, on vote dans une seule circonscription nationale, à laquelle s’ajoute une circonscription binomiale à la minorité indigène.
Un seul tour
A la différence de la France, on ne vote qu’une seule fois pour chaque assemblée. Les citoyens élisent aussi directement leur représentants au Sénat sans passer par de "Grands électeurs".
Le salaire des “congresistas”.
Un sujet de controverse, et à juste titre ! Il s'élève actuellement à 31,3 millions de pesos, soit 40 fois le salaire minimum (780 000 pesos). Les membres du Congrès ont, par ailleurs, voté une nouvelle augmentation de leur salaire ce mois-ci…
*31,3 millions de pesos: 8700E
* 780 000 pesos: 218E
La ley seca
Cela surprend parfois quand on veut sortir le samedi. Elle est pourtant courante en Colombie, ainsi que dans d'autres pays d'Amérique du Sud à la veille d’élections. A partir de samedi 18h, on ne peut plus acheter d'alcool. La plupart des bars et discothèques sont également fermés.
Des sièges "réservés":
Comme prévu par les Accords de Paix signés en 2016, les FARC-EP (Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée du peuple), reconverties en parti politique, disposeront de 5 sièges à la Chambre et 5 au Sénat.
A cela s’ajoutent deux sièges réservés à la communauté afrocolombienne, un pour les départements insulaires de la Caraïbe colombienne, trois pour la communauté indigène et un pour les Colombiens de l’étranger, afin de garantir leur représentation au Congrès. Les Juridictions spéciales pour la paix avaient également demandé à ce que les victimes du conflit armé aient aussi des représentants, mais le Congrès s’est prononcé contre à une voix près.
Des votes qui “s’achètent”
Les publicités radio et les clips TV le rappellent de manière répétée sur les chaînes locales, “les votes ne s'achètent pas”, le droit de vote est individuel et libre. Il est pourtant fréquent que des candidats “paient” leurs électeurs, notamment en milieu rural, ou dans les banlieues pauvres, où le niveau d’éducation est plus faible, parfois en leur offrant un “mercado” (des courses)... ou un tamal !
Dans la “tranquillité totale”
L’Armée de Libération Nationale (ELN) a annoncé qu’elle observera un cessez le feu à partir du 9 mars pour garantir le bon déroulement des élections. Le gouvernement de Juan Manuel Santos a également décidé la fermeture des frontières du pays entre jeudi et dimanche permettre aux Colombiens d’exercer leur “droit électoral dans la tranquillité totale”. Une décision très difficile pour les dizaines de milliers de personnes qui traversent chaque jour frontière avec le Venezuela.
Dimanche en fin d’après midi les dernière estimations du scrutin seront sur notre page Facebook
Les élections présidentielles auront lieu le 27 mai et 17 juin (en cas de deuxième tour). Elles sont marquées par la percée dans les sondages d’opinion de Gustavo Petro candidat du mouvement progressiste. Il aurait fait l’objet il y a une semaine d’une tentative d'attentat, ce qui a été jusqu'à présent démenti par les autorités. Le candidat de la FARC, Rodrigo Londono, , alias "Timochencko", vient lui de se retirer de la course. Il est actuellement à l'hôpital depuis plusieurs jours suite à un accident cardio vasculaire.
Une série d’articles sur les élections est à venir sur lepetitjournal.com.