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LESE-MAJESTE – Une femme condamnée dans un procès secret pour des posts Facebook

Écrit par Agence France Presse
Publié le 15 décembre 2015, mis à jour le 20 février 2019

Une Thaïlandaise a été condamnée à neuf ans de prison pour lèse-majesté en l'absence de son avocat, une situation dénoncée mercredi par des ONG qui évoquent "une parodie de justice".

"Elle m'a appelée en pleurs après l'audience (qui s'est tenue mardi). J'ai donc appris le verdict à ce moment-là", a expliqué Khumklao Songsomboon, son avocate, membre de l'ONG Thai lawyers for Human Rights, qui n'avait pas été prévenue de l'audience. "Après des posts sur Facebook, elle a été reconnue coupable de diffamation royale, menace à la sécurité de l'Etat et violation de la loi informatique", a confirmé à l'AFP un fonctionnaire du tribunal, sous couvert de l'anonymat. Sa peine a été réduite de moitié puisqu'elle a plaidé coupable, a-t-il ajouté évoquant une "audience secrète".

Depuis le coup d'Etat de mai 2014, réalisé par les militaires au nom de la défense de l'institution royale, les affaires de lèse-majesté se multiplient et les condamnations prononcées par les tribunaux militaires s'allongent.

Dans un contexte de grande inquiétude autour de la santé du roi de 88 ans, hospitalisé depuis des mois, la loi de lèse-majesté est utilisée à tout-va par les militaires au pouvoir. En Thaïlande, la famille royale est protégée par l'une des lois les plus restrictives au monde. Toute personne offensant le roi Bhumibol Adulyadej, au statut de demi-dieu, la reine, son héritier ou le régent est passible de 15 ans d'emprisonnement pour chaque délit.

"La loi de lèse-majesté est sortie de son cadre légal pour devenir une force supra-légale oppressive qui frappe tout azimuts et de plus en plus souvent", estime David Streckfuss, rare analyste basé en Thaïlande à accepter de commenter le sujet.

L'ambassadeur des Etats-Unis est également sous le coup d'une enquête. Et en début de semaine, un homme, Thanakorn Siripaiboon, a été inculpé pour lèse-majesté pour avoir manqué de respect au chien du roi.

"La parodie de justice en Thaïlande a atteint un nouveau plus bas lorsque Thanakorn Siripaiboon a été accusé de lèse-majesté pour la diffusion d'images et commentaires sur Facebook jugés +sarcastiques+ sur le chien du roi", estime l'ONG Human Rights Watch.

D'après la Commission internationale des juristes (CIJ), depuis le coup d'Etat, 57 personnes ont été poursuivies pour violation de l'article 112, et 35 pour avoir utilisé leur lien avec la monarchie pour extorquer de l'argent.

AFP
Publié le 15 décembre 2015, mis à jour le 20 février 2019

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