M. Etienne de Poncins invité de Polsat News et TVP World : ce qu’il fallait retenir

Où en est la relation franco-polonaise depuis le changement de gouvernement en Pologne ?

Sur la relation entre Emmanuel Macron et le Premier ministre polonais, Donald Tusk, Monsieur Etienne de Poncins a expliqué : « le président Macron connaît très bien le Premier Ministre Tusk : ils sont bons amis et sont de bons partenaires depuis longtemps. Le premier meeting à Paris, le 12 février 2024, était très positif. Nous avons la même ambition de faire avancer les questions européennes dans la bonne direction.»  Au cours de ce meeting, les deux Hommes d’État ont souhaité faire table rase des tensions entre les deux alliés durant la période du gouvernement du PiS (Droit et Justice, Prawo i Sprawiedliwość) entre 2015 et 2023 : Donald Tusk a souhaité « revitaliser » ces relations et « redynamiser le triangle de Weimar », quant au président français, il a salué son homologue avec un « Welcome back ».

Pour Etienne de Poncins, ce nouveau départ dans les relations franco-polonaises est l’occasion de sceller l’amitié des deux pays dans un nouveau traité : « Ce traité avec la Pologne pourrait être le traité de Nancy, signé d’ici quelques mois. C'est la première chose : on veut réaffirmer la relation avec la Pologne, on veut réaffirmer la position de la Pologne dans l'Europe, et nous avons également besoin de la Pologne d’un point de vue des relations bilatérales. » (Etienne de Poncins sur TVP World, le 25 avril 2024).

 

 

De Visegrád à Weimar : un nouveau format de discussion pour une nouvelle vision de l’Europe

Le « Triangle de Weimar », expression pour désigner les rencontres entre les ministres des Affaires étrangères français, polonais et allemands avaient été relayées au second plan dans le paysage politique polonais au profit d’autre format, celui de Visegrád.

Le groupe de Visegrád, comprenant la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie a été créé en 1991 pour accélérer l’intégration de ces pays à l’OTAN et à l’UE. Il gagne toutefois en influence à partir de 2015, lorsque le PiS privilégie ce format diplomatique, notamment pour la mise en œuvre de sa politique migratoire restrictive.

Avec le retour de Donald Tusk au pouvoir, Etienne de Poncins affiche sa satisfaction de voir la Pologne réintégrer le Triangle de Weimar. « La France voudrait aller vers le format du Triangle de Weimar, qui est un format particulièrement utile dans l’UE actuellement, notamment après le Brexit. Quand la France, l'Allemagne et la Pologne ont une position alignée, les choses peuvent aller dans la bonne direction. » (Etienne de Poncins sur TVP World, le 25 avril 2024).

 

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« Nous avons la même ambition de continuer sur une voie pro-européenne » 

Monsieur Etienne de Poncins s’exprimait sur TVP World le 25 avril 2024, quelques heures après le débat au Sejm Polonais sur la politique étrangère du pays, où Radosław Sikorski, Ministre des Affaires étrangères, a prononcé un discours détaillant ses ambitions européennes pour la Pologne.

Monsieur Etienne de Poncins a ainsi salué cette prise de position : « C’était un solide discours (...). Nous avons besoin d’une voix polonaise forte en Europe. »

Étienne de Poncins connaît bien la situation en Ukraine, il y a été ambassadeur de France entre 2019 et 2023 et est l'un des derniers hauts diplomates restés dans le pays, y compris lors du déménagement de l'Ambassade de France à Lviv, plus à l’ouest. « J’ai beaucoup apprécié le focus de Monsieur Sikorski sur l’Ukraine, car l’Ukraine est une cause commune pour la France et les pays européens, et la Pologne est très engagée. » (Etienne de Poncins sur TVP World, le 24 avril 2024).

 

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La préparation de la présidence polonaise de l’UE 

Le discours du ministre des affaires étrangères polonais, Radosław Sikorski, particulièrement orienté sur la coopération militaire à l’échelle européenne et de la situation en Ukraine, veut créer une Europe forte. Etienne de Poncins souligne que les prochains mois seront décisifs : « Dans les prochains mois, ce sera la présidence polonaise de l’UE : ce sera un moment clé. Le ministre Radosław Sikorski a fait allusion à des priorités, que nous partageons en particulier celles sur la sécurité, qu'elle soit intérieure ou extérieure. (...) C’est une voix polonaise forte qui a parlé et c’est très appréciable. »  (Etienne de Poncins sur TVP World, le 25 avril 2024).

Ambasador @EdePoncins był gościem w programie Grzegorza Dobieckiego „Dzień na Świecie” w @PolsatNewsPL. Zapraszamy do obejrzenia rozmowy. Wideo do wywiadu dostępne w treści artykułu ⤵️https://t.co/hY72ppIvuT

— La France en Pologne 🇫🇷🇪🇺 (@Amb_Francji) April 24, 2024

 

La Pologne, fer de lance européen face à la Russie 

Le 22 avril 2024 sur Polsat News, Etienne de Poncins a rappelé le massif effort militaire pour les livraisons d’armes et de systèmes de défense à l’armée ukrainienne. Si ce bilan matériel demeure essentiellement national, Etienne de Poncins souligne que la France œuvre pour que ces efforts puissent être mis en œuvre à l’échelle européenne.

« Nous avons été l’un des premiers à lancer de l’aide. Nous avons livré, entre autres, des chars, de l’artillerie lourde. Nous avons aussi poussé l’idée qu’il fallait faire un nouvel effort, de nouvelles réflexions sur la stratégie à adopter vis-à-vis de l’Ukraine (...) Je pense que nous avons une attitude harmonisée avec celle des autres partenaires de l’Union européenne. » Etienne de Poncins sur Polsat News, le 22 avril 2024

 

Etienne de Poncins rappelle la position d’Emmanuel Macron sur l’envoi de troupes en Ukraine 

Fin février 2024, Emmanuel Macron avait déclaré que l'envoi de troupes occidentales en Ukraine ne devait pas « être exclu », propos qu’il avait ensuite confirmés dans un entretien accordé au Parisien. Interrogé de nouveau à cette question sur la position française, Etienne de Poncins réexplique le sens des propos du chef de l’État. Dans l’état actuel de la situation, il ne s’agit pas d’envoyer des soldats de l’OTAN en Ukraine, mais d’ouvrir le débat à l’échelle européenne voire transatlantique, afin d’être rapidement prêt à réagir si la question venait à se poser. « Je pense que c’était rejeter l’idée qu’il n’y aurait pas de sujet tabou. Au contraire, pour pouvoir discuter des options possibles » a déclaré Etienne de Poncins sur Polsat News le 22 avril 2024.

La logique de cette initiative est ainsi clairement défensive et s’intègre dans un cadre plus large : la préparation de l’OTAN à tous les scénarios. 

Ces propos coïncident avec un nouvel exercice militaire de l’OTAN baptisé “Brave Griffin" en Pologne, qui a été organisé dans le corridor de Suwalki du 23 au 26 avril 2024. Située à la frontière polono-lituanienne, cette bande de terre au nord-est de la Pologne de 85 km est à portée de feu de la Biélorussie et à une soixantaine de kilomètres de l’exclave de Kaliningrad (Russie). 

 

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1.500 soldats polonais, américains, lituaniens et portugais ont pris part aux manœuvres militaires. L’intérêt de cet exercice sert non seulement à rappeler que cette zone, tant stratégique que vulnérable, est sous la protection de l’OTAN, mais également souligne son importance militaire, car c’est la seule connexion terrestre entre les États Baltes et le reste des pays membres de  l’OTAN. La Lituanie accueuillera cet été, le plus grand exercice militaire de l’histoire du pays depuis la fin de l’URSS : 10.000 soldats lituaniens ainsi que des alliés de l’OTAN sont attendus.

 

Émigration clandestine : vers un changement de cap ?

En 2023, suite à l’annonce d’un accord européen sur un nouveau « Pacte sur la migration et l’asile », la question de l’immigration illégale est régulièrement de nouveau débattue. Au centre des crispations : les questions des mécanismes de « solidarité obligatoire » et de « compensations financières ».

Dans son discours au Sejm polonais, le 25 avril 2024, le ministre des Affaires étrangères polonais, Radosław Sikorski détaille les positions du gouvernement sur l’immigration illégale : 

« La migration massive et irrégulière est un défi qui peut non seulement renverser les gouvernements, mais aussi constituer une menace pour la démocratie libérale en tant que telle. (...) Pour relever efficacement ce défi, nous devons d’abord nous attaquer aux causes profondes en améliorant la situation économique et politique dans les pays qui sont les principales sources de migration. Deuxièmement, lutter contre les groupes criminels qui ont fait du trafic d’êtres humains sur terre et en mer un moyen de gagner leur vie, et ceux qui les aident à le faire. Troisièmement, créer une voie claire pour la migration légale pour ceux qui ont besoin de nos économies et de nos sociétés, ainsi que des mécanismes efficaces de rapatriement pour ceux qui n’ont pas obtenu le droit de résider dans l’Union. » Radosław Sikorski, le 25 avril 2024

Etienne de Poncins lui répond quelques heures plus tard, à l’antenne de TVP World : « Nous pensons que c’est important pour l'Europe de reprendre le contrôle de ses frontières. Le président Macron, aujourd'hui, a mentionné qu’en temps qu’Européens, nous voulons regagner une complète et totale maîtrise de nos frontières, et d’en assumer la responsabilité. (...) Aucun pays ne peut s'attaquer aux challenges de l’immigration clandestine seule. Le plus important est de discuter au sein de l’UE. »

 

📺 [In English] Watch Ambassador @EdePoncins’s interview with @TVPWorld_com on current opportunities for French-Polish 🇫🇷🇵🇱 relations and European challenges, as stated by @EmmanuelMacron at Sorbonne University ⤵️https://t.co/Yni74rSbAb

— La France en Pologne 🇫🇷🇪🇺 (@Amb_Francji) April 26, 2024