Frederic Choi, l’un des principaux dirigeants du département de sécurité nationale à Hong Kong créé par Pékin, a été identifié mercredi dans un salon de massage illégal lors d’un raid de police, déclenchant un mini-scandale et signant le premier faux pas pour cette entité aux pouvoirs et moyens étendus.
Département de Sécurité Nationale
Les faits prêteraient à sourire si la personnalité impliquée dans ce mini scandale rose n’était autre que le numéro de 2 du département de sécurité nationale, le nouveau bras armé de Pékin à Hong Kong tout spécialement créé à l’occasion de la promulgation des désormais célèbres lois de sécurité nationale, pourfendeuses du mouvement de contestation. Bien que le fait de gérer un salon de massage sans licence soit un délit punissable de 50.000 HKD d’amende, il n’est pas interdit d’y avoir recours. Pour autant la réputation d’un officier de la force publique jusqu’alors exemplaire, se trouve écornée par ce vaudeville à la hongkongaise. Frederic Choi a apparemment été mis à pied immédiatement et déssaisi de ses fonctions au sein du puissant département dans l’attente d’une probable démission. Cet épisode rocambolesque ou cocasse selon le point de vue jette évidemment l’opprobre sur ce nouveau corps, dont les contours et pouvoirs sont pour le moins vagues.
Lutte de pouvoir à Hong Kong
On ne peut s’empêcher de penser que l'apparente coïncidence entre un raid de police sur un simple salon de massage comme il y en a des centaines à Hong Kong et la présence sur place d’un des plus influents représentants du Département de Sécurité Nationale mis en place par Pékin ne relève pas tout à fait du hasard. A peine les faits révélés, le très influent Chris Tang, auteur d’un autre raid médiatisé contre le patron de presse Jimmy Lai qui menait une enquête contre ses placements immobiliers, a pris la parole devant les journalistes pour demander la démission de Frederic Choi. Il faut dire que depuis sa création, le tout nouveau département s’est vu octroyer des moyens et effectifs exceptionnels, investissant tout d’abord un ancien hôtel en face de Victoria Park, avant de déménager dans des locaux flambants neufs pour héberger les quelques 300 fonctionnaires spéciaux nommés par Pékin. Selon les annexes insérées en juillet 2020 dans la Basic Law de Hong Kong, les représentants de ce département ont des pouvoirs étendus, en particulier sur les réseaux sociaux et média et toute latitude d’intervention sur le territoire de Hong Kong, indépendamment des forces de police classiques.
Brigade anti-triade
Au micro du siège de la police à Wan Chai ce mercredi soir, Chris Tang indiquait devant la presse avoir ordonné une enquête approfondie sur les agissements de Frederic Choi par la Brigade de lutte contre les Triades, une manière de jeter un peu plus le doute sur la probité de son concurrent dans le maintien de l’ordre à Hong Kong. "Bien sûr, cet incident aurait un effet sur la situation générale de la police", a-t-il déclaré. «mais je pense que le travail du département de la sécurité nationale ne sera pas affecté par l'enquête sur une allégation contre un officier individuel, car nous sommes une équipe et travaillons en équipe.» Pourtant, immédiatement interrogé sur le besoin d’impliquer le département de sécurité nationale, Chris Tang a écarté cette option, jugeant que cette affaire était du ressort de la police. Frederic Choi fait partie des sept officiers de police spécifiquement distingués par Carrie Lam en février dernier pour leur implication dans la mise en place des lois de sécurité nationale.
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