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Valérie Boffy - Une battante modifiant les codes de la parfumerie

Valerie Boffy Valerie Boffy
Écrit par Laetitia Dubois Crochemore
Publié le 24 avril 2019, mis à jour le 18 juillet 2019

Investie dans l’humanitaire, 6ème Française à avoir gravi l’Everest, Valérie Boffy au travers de son parcours professionnel et de ses rencontres est une passionnée du parfum et de son univers. Elle propose une nouvelle approche de ce produit de rêve en introduisant une personnalisation de celui-ci par le digital.

 

 

Un parcours international marqué par l’industrie du luxe

 

Française, son master de commerce international en poche, en 1991 Valérie part travailler à Hong Kong et New York pour le groupe Estée Lauder dans la vente et le marketing. Son premier contact avec le monde de la parfumerie de luxe est un coup de foudre. Quelques années plus tard et toujours à Hong Kong elle rejoint le groupe Suisse Bally pour monter leur bureau régional et développer le travel retail en Asie et dans le monde. Elle voyage d’aéroports en aéroports et donne naissance aux premiers concepts de boutiques Duty Free pour la marque Suisse. La maison Cartier la remarque et elle devient Merchandising Director Worldwide pour le célèbre joaillier évoluant entre Paris et Genève de 2001 à 2003.

Elle s’installe ensuite à Londres et a son premier enfant. Afin de se consacrer à sa famille, elle ralentit son activité professionnelle et fait la rencontre d’une femme extraordinaire qui va bouleverser le cours de sa vie : Zainab Salbi, fondatrice de Women for Women International (WfWI), une charité internationale qui vient en aide aux femmes victimes de guerre. Cette femme l’inspire et l’émeut. Valérie décide de s’investir à ses côtés au sein de WfWI.

 

L’instinct d’une battante

 

Valerie Boffy

 

Cette rencontre décisive tombe à un moment où Valérie vit un échec affectif : celui de ne pas pouvoir réaliser son rêve de fonder une grande famille avec beaucoup d’enfants. C’est pour elle une grande déception et une remise en cause. Elle va, au côté de cette femme Zainab, découvrir le monde de l’humanitaire et faire des voyages incroyables. Elle va notamment participer à un trek menant au camp de base de l’Everest en novembre 2011. La vue de ce sommet va lui donner l’envie de le défier et de l’escalader. C’est un moyen de reprendre confiance en elle, de se reconstruire. Elle part donc en avril 2012 et devient le 19 mai 2012, la 6èmeFrançaise à avoir gravi l’Everest (8 848 m). Au-delà des paysages magnifiques qui lui restent en tête, mentalement et physiquement cette aventure lui a montré jusqu’où elle pouvait aller.

Forte de cette expérience et animée par les objectifs de WfWI, elle décide de créer une antenne de cette organisation à Singapour où elle s’est installée depuis 2010 avec son mari et son fils. Elle s’associe avec deux amies proches (Christine Amour-Levar et Karine Moge) qui partagent son goût d’aventure, de surpassement de soi et surtout cette envie de mettre toute cette belle énergie aux services de femmes moins privilégiées qu’elles. C’est ainsi qu’est créée Women on a Mission (WOAM). L’idée est la suivante : rendre autonomes les femmes défavorisées, vulnérables, soumises aux sévices sexuelles et violences domestiques dans les pays en guerre à travers des programmes annuels conçus par WfWI. Comment ? Valérie et ses associées recrutent des femmes pour des expéditions hors du commun avec toujours au cœur de l’initiative, le voyage en terrain inconnu, le dépassement de soi et chaque participante a pour mission de lever des fonds avant le voyage. Elles font appel à la générosité de leurs réseaux. Les fonds récoltés soutiennent principalement WfWI et des associations Singapouriennes comme Aware, Pertapis Centre for Women and Girls et des organismes basés dans les pays visités.

WOAM occupe une grande partie de sa vie. Elles en sont à leur 10ème expédition en ayant levé plus d’un million de dollars en sept ans. Elle devient par ailleurs, à nouveau maman en 2012 en adoptant avec son mari un petit garçon Singapourien.

 

Sa passion pour le parfum

 

Depuis, son parcours chez Estée Lauder, la passion de Valérie pour l’art de la parfumerie reste intacte. L’écouter parler des différents constituants d’un parfum est un enchantement. Elle énumère avec engouement les différents arômes, extraits, huiles, essences molécules… Elle connait les dissemblances de réactions entre les composants naturels et chimiques. Elle explique notamment que certaines essences ne peuvent être obtenues que de manière chimique avec des molécules captives comme l’odeur des vagues salées ou encore la senteur d’un sous-bois après une averse…Que d’autres peuvent être obtenues soit naturellement de la fleur, de la racine, de la feuille, du fruit, du rameau, de l’écorce, de la sève, du bois, ou de la graine comme la rose, l’iris, la lavande, le patchouli, le citron, la tubéreuse, la fleur d’oranger… soit chimiquement par création de molécules.

 

Un domaine ancré dans la tradition

 

« La parfumerie est une industrie ancienne qui n’a pas bougé et qui fonctionne beaucoup avec des stocks et dans une distribution traditionnelle » comme l’indique Valérie. Les coûts de marketing, de publicité et de communication y sont très importants : points de vente dans des endroits attractifs, appel aux célébrités pour promouvoir le produit. Le prix d’une eau de parfum n’est pas justifié par ce qu’il contient mais par sa mise en scène. Par ailleurs, beaucoup de marques de parfums « recyclent » les jus qui ne se sont pas bien vendus et les actualisent aux nouvelles tendances donc le travail demandé est moindre et l’accent est mis sur la marque et sa stratégie de communication et de déploiement.

En outre, ces parfums sont les mêmes pour tout le monde. Il n’y a pas de personnalisation de l’effluve. Tout le monde y a accès. En fonction de son humeur, de son emploi du temps (vacances, rendez-vous professionnel, cérémonie…), de la saison (été, hiver), du lieu géographique…, notre envie de parfum n’est pas forcément la même. 

Enfin, la recherche d’un statut social par une marque tend à disparaitre chez les « millenials », qui sont plus en recherche d’une expérience que d’un produit.

 

L’insertion du digital dans la parfumerie

 

À la suite d’échanges et à des réflexions sur l’avenir de cette industrie, elle va avec son mari se pencher sur l’insertion du digital dans ce domaine. 

Ils élaborent un concept qui est le suivant : créer des parfums personnalisés en ligne en faisant appel aux connaissances, aux souvenir olfactifs des personnes (vacances, enfance…). L’élaboration personnalisée du jus va être réalisée selon plusieurs critères : parfum du jour ou du soir, parfum pour travailler ou pour sortir, les odeurs préférées de la personne… Le flacon est également individualisé. L’utilisation du web et surtout la personnalisation va permettre de faire disparaitre les coûts de lancement du parfum et de privilégier l’utilisation de composants de très haute qualité comme les essences naturelles.

 

La création de WAFT

 

Valerie Boffy

 

Se lancer dans la création de sa société est comme dirait Valérie, « c’est comme tenter l’ascension de l’Everest ». Elle aime beaucoup la citation de Reid Hoffman : « Un Entrepreneur c’est quelqu’un qui se jette d’une falaise et construit un avion sur le chemin de la descente ».

Il faut bien préparer son projet, en avoir mesuré les risques et les conséquences. C’est convaincre son entourage familial et amical et ensuite convaincre les investisseurs et les partenaires.

IFF va accepter d’être partenaire et va permettre à WAFT d’avoir accès aux plus grands « nez » du monde. La force mentale qu’elle a développée lors de son ascension de l’Everest lui donne les clés pour susciter l’envie chez les investisseurs de la suivre avec son mari. La famille et les amis sont également conquis par le projet. 

C’est ainsi qu’est créé WAFT en octobre 2016 proposant aux clients de concevoir leurs propres parfums. Ces productions s’élaborent en ligne à travers un voyage dans l’univers des senteurs et en faisant appel à la mémoire et aux préférences olfactives des clients.

 

 

 

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