Depuis le 1er janvier 2021, le Portugal préside le Conseil de l'Union européenne. Cette présidence prend fin le 30 juin prochain et le Sommet Social de Porto (7 et 8 mai) apparaît alors comme son point culminant. Ce sommet se situe dans la continuité du sommet de Göteborg (Suède) de 2017. Il doit déterminer, pour les prochaines années, les orientations de l'Union européenne en termes de politiques sociales, en concrétisant notamment le socle européen des droits sociaux.
Un sommet à Porto pour une Europe sociale
35 ans jour pour jour après son entrée dans l'Union européenne, le Portugal a donc pris pour la quatrième fois la présidence tournante du conseil de l'UE.
Le slogan « Il est temps d'agir : pour une relance juste, verte et numérique » souligne les ambitions de construction d'une « Europe sociale ». Justement, la présidence portugaise, a pris soin, en organisant ce sommet, de n'exclure personne. Il réunira les décideurs politiques européens mais également les instituions de l'Union ainsi que des partenaires sociaux et représentants de la société civile. La présence de ces différents acteurs dans ce débat élargi montre la volonté d'avancer vers un objectif commun.
A l'heure où la récession économique, entraînée par la crise sanitaire, a eu des répercussions importantes sur le plan social, une réaction commune est nécessaire. Antonio Costa, le Premier ministre portugais, affirmait, dans son discours de présentation du programme de la présidence portugaise : « Il est temps d'agir pour développer le pilier social ». Les politiques sociales relèvent majoritairement de compétences nationales propres, l'Union européenne veut alors harmoniser ces politiques. Le Sommet Social de Porto va inscrire cette idée « d'Europe sociale » dans la durée en renforçant la cohésion et le dialogue entre dirigeants et citoyens européens.
78% des personnes entre 20 et 64 ans devraient avoir un emploi
"Transformer les principes en actes", tels sont les mots de Ana Paula Zacarias, actuelle secrétaire d'Etat aux Affaires européennes du Portugal. Le socle européen des droits sociaux a été adopté en 2017 à Göteborg et présente plusieurs axes majeurs en vue de réaliser la politique sociale européenne. Ce socle énonce 20 principes qui peuvent se regrouper sous trois chapitres principaux : l'égalité des chances et de l'accès au marché du travail, des conditions de travail équitables et davantage de protection et d'insertion sociales. Néanmoins, la limite de ce socle est qu'il n'est pas contraignant, il s'agit simplement de recommandations.
L'Union européenne, et plus précisément la présidence portugaise, veut transformer ces idées en mesures concrètes. Un plan d'actions présenté par la Commission européenne le 4 mars dernier a énoncé des objectifs plus précis. Selon ce plan, au moins 78% des personnes entre 20 et 64 ans devraient avoir un emploi, au moins 60% des adultes devraient participer à des activités de formation chaque année et enfin, le nombre de personnes menacées de pauvreté et d'exclusion sociale doit baisser d'au moins 15 millions (dont 5 millions d'enfants). Tout l'enjeu du Sommet Social de Porto est donc de trouver un terrain d'entente entre les différents protagonistes afin de définir les moyens d'application pour réaliser ces politiques ambitieuses.
Ces initiatives vont rythmer les politiques sociales européennes pour les dix prochaines années. Ainsi, plus qu'un temps fort de la présidence portugaise, le Sommet Social de Porto est un symbole d'une Europe qui doit se reconstruire.
Plusieurs chefs d'Etat ont, d'ailleurs, confirmé leur présence parmi lesquels, le Président Emmanuel Macron qui sera à Porto pour ce moment haut de la présidence portugaise et de l´Europe. La Présidente de la Commission européenne et le Président du Conseil européen seront, eux aussi, bien entendu présents.
Le Portugal, qui sort petit à petit de la crise sanitaire et qui est le premier pays à avoir transmis son Plan de Relance et de Résilience (PRR) à la Commission européenne, apparaît, à cette occasion et alors qu'il préside au Conseil de l´UE jusqu´à la fin juin, comme le porte-drapeau de cette reconstruction européenne.