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Une édition en espagnol pour « Une vie dans les Andes » (IFEA)

Une édition en espagnol pour « Une vie dans les Andes » (IFEA)Une édition en espagnol pour « Une vie dans les Andes » (IFEA)
Écrit par Guillaume FLOR
Publié le 13 avril 2021, mis à jour le 13 avril 2021

Ce livre est le récit d’une vie bien remplie, celle d’un étonnant personnage, le Français Théodore Ber qui dans son journal intime évoqua sa vie en France et au Pérou à la fin du 19ème siècle.

Théodore Ber est un immigrant français qui s’est établi au Pérou en 1863. Il a tenu avec lui pendant plus de trente ans un journal intime dans lequel il a écrit des considérations personnelles sur sa vie, ses observations sur le monde qui l'entoure et ses projets d'enseignant, d'archéologue et de journaliste ; ainsi que les grands événements de l'époque dont il fut acteur ou témoin : le conflit avec l'Espagne en 1866 ; l'épidémie de fièvre jaune et le tremblement de terre d'Arica en 1868 ; la guerre du Pacifique ; la révolution de Nicolás de Piérola et la colonisation de la vallée de Chanchamayo.

Ce manuscrit, composé de treize volumes et découvert il y a quelques années dans sa ville natale, Figeac - dans le sud-ouest de la France -, constitue un document exceptionnel sur le Pérou républicain. En effet, il ne s’agit pas uniquement d’un simple récit de vie et de voyage. Au-delà d’une histoire personnelle particulièrement passionnante dans sa richesse et sa diversité, ce livre aborde entre autres l’émigration française du 19ème siècle et l’origine de l’archéologie au Pérou.

 

Une vie dans les Andes de Théodore Ber

 

Théodore Ber (Figeac, 1820 - Lima, 1900)

Né à Figeac en 1820, Théodore Ber aurait pu mener une vie simple et calme d'artisan tailleur mais le destin en a décidé autrement. Après une jeunesse agitée d'apprenti révolutionnaire en 1848 et quelques séjours en Allemagne et en Italie, il ouvre à Paris un magasin que des revers de fortune le forcent à abandonner pour émigrer au Chili en 1860. De mauvaises affaires lui font encore fermer boutique, il s'installe alors au Pérou, où il s'improvise alors professeur de français, d'abord dans quelques collèges de Lima puis comme professeur particulier dans les meilleures familles de la capitale. Il quitte tout en 1870 lorsqu'il apprend la chute du Second Empire.

Revenu en France, il participe activement aux évènements de la Commune et devient même le secrétaire particulier de Delescluze (ministre de la guerre de la Commune). Ayant fui juste avant l’entrée des troupes versaillaises, il rentre au Pérou où tout le monde le croyait mort, fusillé. À Lima, il fonde un périodique francophone (L’étoile du Sud). Il fut aussi pompier, membre de la garde urbaine, employé des postes, écrivain public, juge de paix… Mais à partir du milieu des années 1870, Ber se découvrit une nouvelle passion, celle de l’archéologie. Il s’intéresse alors au passé des Incas.

C’est ainsi qu’il pratique ses premières fouilles dans les environs de Lima et entame une nouvelle vie, celle pour laquelle il connaîtra plus tard une certaine notoriété, pas toujours positive auprès des Français. Ses aventures scientifiques continueront ainsi pendant bien des années et le mèneront jusqu’en Bolivie (où il fut l'un des premiers à faire photographier les ruines de Tiahuanaco), puis dans le piémont amazonien dont il décrira la vie quotidienne des colonies nouvellement fondées et peuplées.

Ber enverra plusieurs collections archéologiques en France, aujourd’hui abritées en grande partie au Musée du Quai Branly, et rentrera à deux reprises au pays (en 1878 et 1893) afin de participer à des congrès américanistes. Cependant, ses relations difficiles avec le monde scientifique parisien et quelques inimitiés au Pérou comme en France, resteront toujours un obstacle à sa reconnaissance. C’est à Lima que l’enfant de Figeac finira ses jours, en 1900, pratiquement oublié de la communauté scientifique.

 

« Une vie dans les Andes », pas seulement un récit de voyage

C’est toute cette vie à rebondissement, cette existence aux multiples facettes, que Théodore Ber retranscrit au fil des pages de son journal intime. Treize cahiers, plus de trois mille pages manuscrites et quelques imprimés, qui couvrent les années 1864-1896, miraculeusement conservés aux archives municipales de Figeac.

De ces archives, très longtemps ignorées, les deux éditeurs, Pascal Riviale (historien des Archives nationales de France et membre de l'Institut Français des Etudes Andines - IFEA) et Christophe Galinon (archiviste de la ville de Figeac) ont privilégié les pages de la vie de Théodore Ber en Amérique du Sud en réunissant surtout des textes qui traitent des débuts de l’archéologie au Pérou et de l’immigration française dans ce pays à la fin du 19ème siècle.

 

Une vie dans les Andes de Théodore Ber

 

« J'ai fait déjà tant de choses, tant de métiers qu'il m'est bien permis de hasarder la proposition. J'ai été à l'école, au collège, j'ai été garçon tailleur, journaliste - bien petit, au temps des journaux populaires -, puis calicot, dans le détail, dans le gros, commis voyageur, portier, candidat de 1848 dans l'Aveyron, secrétaire du préfet Galtier-Boissière, préparateur botaniste, fabricant des collections d'algues marines, commerçant en gros en Amérique, professeur, puis secrétaire de Delescluze, publiciste pendant la Commune, enfin naturaliste membre de la Société d'Anthropologie, des Américanistes, journaliste actif et cette fois pour tout de bon, prosateur poète suivant les exigences. Dans ces derniers temps, chargé d'une mission scientifique. Ici, j'ai été maître d'école, administrateur d'haciendas, commandant de la garde urbaine, propriétaire, collectionneur, gouverneur de la colonie, juge de paix, directeur des postes, écrivain public, avoué, avocat... » (Théodore Ber). Extrait de l'introduction de Pascal Riviale et Christophe Galinon, Une vie dans les Andes, le journal de Théodore Ber (1864-1896), Paris, Ginkgoediteur, 2014, 489 p.

 

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