Il s’agit d’un ouvrage de science fiction et plus précisément d’une fiction spéculative dystopique qui réalise également une critique sociale avec un ton burlesque.
Résidant au Pérou depuis 25 ans...
Sophie Canal est une écrivaine française. Diplômée en Philosophie, elle enseigne au Lycée Franco-Péruvien de Lima.
Esclavas (Pandemonium Editorial, 2023) constitue le troisième ouvrage qu’elle a publié après Geometria del deseo (Borradores Editores, 2012) et la Flor Artificial (Cocodrilo Ediciones, 2016) rédigé à quatre mains avec Christiane Félip Vidal.
Elle est également membre du collectif de futurisme andin et amazonien Qhipa Pacha.
De quoi parle « Esclavas » ?
Esclavas est un livre qui se structure comme la maison où se déroule le récit, en étages, qui symbolise la progression de l’histoire et des personnages telle une dialectique ascendante.
Le récit se centre autour des interactions entre la narratrice de l’histoire (une femme occidentale, européenne expatriée dans un pays latinoaméricain qui pourrait parfaitement s’assimiler au Pérou même s’il ne s’agit pas du Pérou) et ses onze employés domestiques qu’elle surnomme “esclaves” (d’oú le nom de l’oeuvre).
Sophie Canal apporte une touche très personnelle dans cet ouvrage, en y incluant d’importantes références à la matière qu’elle enseigne -la philosophie- comme la dialectique du maître et de l’esclave de Hegel mais également en transposant son vécu comme européenne dans un pays différent du sien, son regard porté sur les inégalités, les injustices, la violence, le racisme et le classicisme (qui rythment la vie au Pérou).
“ Dans ce roman j’essaye d’explorer les multiples facettes de la dialectique du maître et de l’esclave qui structure la condition humaine en général et qui est présente dans la psyché même de la protagoniste, depuis le regard d’une femme européenne expatriée apartenant à une classe et à une culture dominante. De plus, en dehors de toute référence littéraire et philosophique, je crois que Esclavas me permet d’atteindre ma propre vérité et de me libérer un peu plus ” Sophie Canal dans la revue Caretas.
Certains sujets qui peuvent être traités indirectement dans ce livre peuvent aussi résonner avec le vécu et l’expérience de la communauté expatriée, comme le sentiment d'être apatride, de n’appartenir véritablement à aucun des deux mondes:
" Ne plus être totalement français et d’avoir une part du Pérou en chacun de nous et ne pas être péruviens puisque nous serons toujours un peu étrangers dans cette terre qui n’est pas la nôtre. "
Lors de la présentation du livre au forum du livre à Miraflores, Mme Canal a abordé dans son discours ce sentiment et elle a également expliqué qu’écrire dans une langue qui n’est pas sa langue maternelle est non seulement un défi mais que cela lui offre une grande liberté, celle de trouver une voix littéraire personnelle.