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Couper les cornes pour en finir avec le braconnage des rhinocéros du KwaZulu-Natal.

Afin d'enrayer le braconnage endémique des rhinocéros au KwaZulu-Natal, l'agence provinciale de protection de la nature a lancé un programme immédiat visant à couper les cornes de centaines d'animaux dans la plus grande réserve de rhinocéros du KZN.

Opération écornage en Afrique du SudOpération écornage en Afrique du Sud
Écrit par Maeva Dewas
Publié le 19 avril 2024, mis à jour le 19 avril 2024

Adoptée pour la première fois en Namibie et au Zimbabwe à la fin des années 1980 et au début des années 1990, en réponse à la crise du braconnage à l'échelle du continent, cette stratégie consistant à couper les cornes des rhinocéros pour leur protection a depuis été adoptée dans la plupart des pays d'Afrique australe.

 

Un nouveau programme visant à couper les cornes des rhinocéros, soutenu par le groupe de protection de la nature WWF, a été annoncé mardi par Sihle Mkhize, directeur général d'Ezemvelo KZN Wildlife. Cette décision fait suite au massacre de 325 rhinocéros ayant eu lieu dans la province l'année dernière. Sur ce nombre, plus de 300 ont été braconnés dans le seul parc de Hluhluwe-iMfolozi, d’une superficie de 96 000 hectares. Le nombre de rhinocéros tués dans le KZN représente près de 65 % des 499 rhinocéros tués dans le pays en 2023.

 

Cette opération d’envergure a commencé le 8 avril, dans une province où le taux de braconnage avait triplé au cours des trois dernières années. Reconnaissant le coût important de l'écornage et la nécessité d’opérations répétées de "rognage" tous les 18 à 24 mois, Mkhize a remercié le WWF pour son "soutien financier essentiel".

 

3 professionnels autour d'un rhino lors d'une opération chirurgical de décornage

 

Des controverses sur le sujet

 

Si l’écornage est vu par certains comme une mesure drastique mais "inévitable", cette décision reste controversée par d’autres, notamment sur le plan écologique. En effet, les cornes sont le principal outil de défense des rhinocéros.

 

Pour le Dr Peter Goodman, ancien écologiste de la région d'Ezemvelo, certes l'écornage est susceptible d'entraîner une réduction significative du braconnage à court terme, si l'ensemble de la population de rhinocéros de Hluhluwe-iMfolozi peut être écornée « simultanément ». Mais pour lui, le nœud du problème est ailleurs. C’est le manque d'application de la loi, la corruption et la criminalité organisée qui gangrènent la volonté d’éradiquer ce braconnage.


"Je pense que nous devrions plutôt nous concentrer sur l'amélioration de notre système juridique. Nous avons également besoin de policiers plus dévoués et plus honnêtes et de partenariats public-privé plus efficaces entre les propriétaires fonciers pour résoudre la crise ensemble."

 

"Nous savons déjà qui sont les principales personnes incriminées. Nous voyons des politiciens... Nous voyons des cornes de rhinocéros sortir clandestinement du pays dans des sacs consulaires".

 

Néanmoins, pour Morné du Plessis, directeur général du WWF Afrique du Sud "La décision d'écorner un rhinocéros n'est jamais prise à la légère et n'est qu'une des nombreuses interventions qui, ensemble, visent à supprimer la récompense potentielle du braconnage de rhinocéros tout en augmentant la probabilité d'être attrapé."

 

"La province de KZN a joué un rôle essentiel dans la conservation des rhinocéros sur le continent Africain, c'est pourquoi nous engageons aujourd’hui des ressources pour soutenir les autorités dans leurs efforts de protection des rhinocéros."

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