AOC indiennes : les sculptures en pierre de Mahabalipuram

Mahabalipuram dans l'histoire du Sud de l'Inde

Le groupe de sanctuaires de Mahabalipuram figure parmi les premiers monuments indiens inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO. Cette reconnaissance, obtenue en 1984, coïncide avec l'inscription d'autres sites remarquables tels que le Temple du Soleil à Konark, également construit en pierre et dédié au dieu hindou du Soleil. À l'échelle internationale, la même année a vu l'inscription de monuments emblématiques comme la Statue de la Liberté et le Parc National de Yosemite aux États-Unis, la mosquée de Cordoue, l'Alhambra et le Generalife à Grenade en Espagne, ainsi que le Saint-Siège au Vatican.

L'époque de cette inscription évoque une ère révolue, celle des documents dactylographiés et des copies carbone, pratiques qui persistaient alors à Chennai et dans le reste de l'Inde. Il est fascinant de constater que, malgré l'avènement des paiements par smartphone, le papier carbone demeure d'usage courant pour diverses procédures administratives, rappelant l'époque où la candidature de Mahabalipuram fut soumise à l'UNESCO.

La sculpture en pierre, tout comme le papier carbone, désormais modernisés, sont viables et en bonne santé en Inde.
 

Les origines de la sculpture en pierre à Mahabalipuram

Le sanctuaire de Mahabalipuram, érigé par les rois Pallava entre le VIIe et le VIIIe siècle après J.-C. sur l'ancienne côte de Coromandel, aujourd'hui baie du Bengale, témoigne de la splendeur architecturale de cette époque. Remarquablement préservé, il illustre la grandeur des constructions de cette période.

La dynastie Pallava a gouverné la région pendant près de 1 200 ans, du IIIe au IXe siècle. Leur héritage perdure à travers les imposants hauts-reliefs et les innombrables sculptures taillées dans la pierre, principalement dédiés à Shiva, divinité majeure du panthéon Pallava. Ces œuvres rupestres racontent de multiples histoires, gravées pour l'éternité dans la roche.

Le haut-relief de Mahabalipuram, que l'on appelle très justement le "grand haut-relief", est l'un des plus vastes au monde avec ses 25 mètres de longueur. Il a été creusé dans les flancs de deux rochers géants adjacents, séparés par une fissure centrale. Plus d'une centaine de figures - dieux, animaux, humains et divinités - peuplent cette fresque monumentale.

Pour créer d'autres temples du complexe, les artistes ont choisi de grandes roches isolées, qu'ils ont sculptées simultanément de haut en bas, façonnant à la fois l'extérieur et l'intérieur. Les reliefs sculptés dans les pierres des grottes voisines font également partie du site inscrit sur la liste du Patrimoine Mondiale.
 

Comment les identifier ?

Les sculptures modernes de Mamallapuram se distinguent par leur utilisation prédominante du granit, principalement vert, blanc et noir, complété par des grès locaux et régionaux. Le choix de la pierre dépend des dimensions de l'œuvre envisagée.

Malgré l'existence d'un institut gouvernemental dédié à l'art et à l'architecture, la transmission du savoir-faire reste essentiellement intergénérationnelle. Les artisans perpétuent la technique ancestrale du marteau et du burin pour façonner le granit, une roche particulièrement résistante.

La caractéristique principale de ces sculptures est la volonté des artistes de les faire paraître réalistes et animées, loin de l'apparence d'une simple statue.

Réalisée en six étapes, une sculpture typique de Mamallapuram témoigne de l'expertise des artisans, capables de capturer les moindres nuances et émotions dans la pierre.

Les œuvres contemporaines conservent les caractéristiques emblématiques des sculptures anciennes : poses naturelles, nez fins, fronts larges et proéminents, oreilles pendantes, sourires énigmatiques, visages ovales pour les figures féminines et allongés pour les masculines, ainsi que des corps élancés aux courbes gracieuses. Cette fidélité aux traditions, combinée à une maîtrise technique exceptionnelle, permet aux sculpteurs de créer des figures d'une vivacité remarquable, malgré la dureté du granit.

Les principes du Shilpa Shastra dans la sculpture en pierre

Le Shilpa shastra, un ensemble de règles tirées des textes hindous, régit l'iconographie hindoue dans divers domaines artistiques. Ces principes s'appliquent aux sculptures en pierre de Mahabalipuram, aux bronzes de Swamimalai, ainsi qu'aux œuvres en bois d'Arumbavur et Kallakurichi.

À Mahabalipuram, les sculpteurs commencent par esquisser l'idole sur papier, puis la divisent en 124 parties conformément aux shastras, avant de transposer ce dessin sur la pierre à l'aide de charbon. Cependant, certaines exceptions existent, comme pour la sculpture de Ganesh qui suit des divisions spécifiques.

Le champ d'application du Shilpa Shastra s'étend à de nombreux arts et artisanats : peinture, sculpture, menuiserie, céramique, joaillerie, teinturerie, textile, entre autres.

En parallèle, le Vastu Shastra se concentre sur l'architecture et l'urbanisme. Ces deux systèmes ont été mis en œuvre dans la construction du grand temple de Ram à Ayodhya, inauguré en fanfare début 2024.
 

Construction du temple d’Ayodhya : le meilleur de l’artisanat indien
 

Où les acheter et à quel prix

Les sculptures modernes en pierre de Mahabalipuram sont parmi les produits AOC du Tamil Nadu les plus faciles à trouver. Les prix varient considérablement, allant de quelques centaines d'euros à environ 40 000 € pour les pièces les plus chères que j'ai pu trouver.

Les visiteurs de Chennai peuvent acheter ces sculptures dans les nombreux magasins de Mahabalipuram ou passer des commandes personnalisées, qui peuvent être livrées dans le monde entier.