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Le "tacos français" s’envole au Vietnam

Au cœur d’Hanoï, une petite enclave lyonnaise a ouvert ses cuisines aux Vietnamiens. Depuis 2018, un restaurant propose des tacos façon française. Julien Sanchez, jeune directeur de 31 ans, revient sur cette « aventure » pour le Petit Journal.

Le "french tacos" s’envole au VietnamLe "french tacos" s’envole au Vietnam
Écrit par Guillaume Marchal
Publié le 20 février 2024, mis à jour le 27 mars 2024

De véritables tacos lyonnais au Vietnam. En 2018, Julien Sanchez décide d’ouvrir un restaurant de tacos, à la française, nommé 'Hey pelo'. Poulet frites sauce béchamel, une madeleine de Proust pour tous les expatriés de l’Hexagone. Le jeune lyonnais de 31 ans a étendu son concept et compte maintenant deux restaurants sur la capitale vietnamienne et un à Saigon. Maxime est en voyage depuis une semaine au Vietnam. Originaire de Villeurbanne, il s’est rendu avec le Petit Journal au sein d’Hey Pelo, « c’est comme si j’étais de retour au 69. Il n’y a rien qui change, certaines sauces amènent un côté exotique mais j’étais comme à la maison ».

Client français dans l'enseigne mexicaine au Vietnam
Maxime Blanc qui déguste un tacos de chez Hey Pelo dans le quartier Tay Ho d’Hanoi

Julien Sanchez s’en félicite, « Quand je regarde ce qu’on a accompli depuis 5 ans, je peux difficilement cacher ma fierté. On a monté notre chaîne sans travestir les recettes, en utilisant des produits frais et locaux. Je ne vois peut-être pas le french tacos comme tout le monde en France. Pour moi, c’est un produit de mon milieu social, de ma région, un produit de mon enfance ». Il y a 7 ans, Julien arrivait à Hanoï dans l’optique de réaliser un service civique. En 2017 il rencontre sa moitié, Phong, devenue depuis octobre son épouse. Lunettes de soleil et barbe soigneusement taillée, Julien revient sur l’origine de cette enclave lyonnaise au Vietnam.

LPJ : Pourquoi t’être installé au Vietnam ?

« Au début, j’ai effectué Erasmus en Pologne, mais avec -18 degrés, je ne me voyais pas y vivre. J’ai eu l’opportunité de partir à Hanoï, je l’ai suivie. Le Vietnam c’est un pays agréable à vivre, il y a des hauts et des bas mais c’est comme partout. Le gap culturel et la distance avec mes proches parfois c’est compliqué à gérer, mais au bout d’un moment on s’y fait et on profite. »
Comment t’es venu l’idée de monter ton restaurant ?

« J’avais envie de faire découvrir le tacos à la française, l’essence du 69, de Lyon. Je me suis rendu compte que c’était impossible d’en manger au Vietnam. Je me suis dit qu’il n’y avait personne qui connaissait mieux ce produit que moi dans le pays. Hey Pelo, ça veut dire « salut mon gars ». A la base je voulais appeler le restaurant gones, qui signifie Lyonnais, mais ça veut aussi dire partir en anglais, pas fou. J’ai pensé à ‘wesh pelo’, mais les Vietnamiens n’ont pas le ‘w’ dans leur alphabet, c’est imprononçable pour eux. Hey Pelo, c’est facile à dire. »

LPJ : Tu avais de l’expérience dans la restauration ?

« J’ai travaillé pour Quick, mais je n’avais jamais fait de restauration, en Fast Food de temps en temps à côté de mes études en communication et stratégie de marque à Lyon. Le milieu de la restauration, si les gens ont envie de quitter leur travail pour monter leur restaurant, c’est tout à fait à leur hauteur mais faut garder en tête que c’est un milieu qui est très dur. »

Julien Sanchez est le créateur de cette marque de Tacos
Julien Sanchez, créateur de cette marque de Tacos

 

Julien Sanchez est aussi Dj à ses heures perdues. Il participe à de nombreux événements au Vietnam en important la musique funk, typique de Lyon.

LPJ : C’est quoi les grandes étapes de Hey Pelo ?

« Début 2018 je commence à dessiner les croquis du logo. En 2018 j’ouvre le premier restaurant dans le quartier des expatriés à Hanoï. La première année, on travaille tous les jours, de 8h30 à 2h du matin, je dormais très peu et j’avais quasiment aucun jour off. Je gérais seul la boutique avec Phong. Ça cartonne assez rapidement et on décide de franchiser et d’ouvrir une deuxième boutique dans le vieux quartier fin 2019.  Un an plus tard, la pandémie arrive, et le Vietnam ferme ses portes aux étrangers. Mais malgré tout, après plusieurs décisions stratégiques, Hey Pelo continue de tourner pendant le covid. Le restaurant situé dans le vieux quartier a fermé 8 mois après pendant cette période. Les rues de la capitale étaient vides, c’était vraiment triste. Aujourd’hui les choses vont au mieux. En juin 2023, on a ouvert une troisième boutique à Saigon. »

LPJ : Ce n’était pas trop compliqué administrativement d’ouvrir ton commerce ici ?

« Heureusement que Madame était là, au Vietnam c’est quand même compliqué de monter son business au Vietnam en solitaire, j’ai eu l’avantage d’avoir une conjointe vietnamienne. C’est ma partenaire sur le business, elle fait toute la comptabilité, tout l’administratif, elle était avec moi en cuisine au tout début, elle travaillait dur derrière le comptoir, je le dis, si elle n’avait pas été là je ne l’aurais jamais monté ce business, beaucoup trop complexe. La barrière de la langue c’était compliqué aussi parfois. C’est une belle aventure, mais c’est une aventure qui prend du temps et de l’énergie. Je le dis, si elle n’avait pas été là, rien n’aurait été possible. »

Tacos "Made in Vietnam"

 

LPJ : Comment est reçu cette importation culinaire par les locaux ?

« Beaucoup de personnes ici voient la France comme dans la série Emily in paris. Ils n’imaginent pas que, gamin, quand j’allais au snack, c’était mon voisin Nordine, grosse barbe derrière le comptoir, c’était une autre ambiance. On a un concurrent qui a ouvert, il s’appelle Meowbox, comme ‘miaou’ le bruit du chat, l’ambiance tacos que je connais, il n’y a pas de chat, il n’y a rien de ‘kawai’. Une de nos fiertés, c’est que le propriétaire des restaurants qui ont ouvert, il a sûrement mangé ses premiers tacos chez Hey pelo. Aujourd’hui, y’a plein de clients qui disent « je veux manger un pelo » et pas un french tacos, et ça c’est ma petite fierté. Le nom du produit incarne le produit même. »