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Mobilisation de salariés de Casino, inquiets pour l'avenir du distributeur

Écrit par AFP
Publié le 5 décembre 2023, mis à jour le 5 décembre 2023

"On ne sait pas où on va": plusieurs centaines de salariés du groupe Casino se mobilisent mardi à Saint-Etienne et en région parisienne pour témoigner de leur inquiétude concernant l'avenir du groupe en difficulté financière qui s'est dit prêt à céder des magasins à des concurrents.

"Casino est mort, nous demandons à pouvoir partir dignement": Hervé Preynat, de la CFDT, ne masquait pas son pessimisme dans le cortège comptant plusieurs centaines de manifestants à Saint-Etienne, où est situé le siège de l'entreprise.

Les cinq organisations représentatives du personnel du groupe (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC) ont appelé à la mobilisation pour alerter sur la situation de Casino, qui, fin 2022, comptait encore 200.000 salariés, dont 50.000 en France, et qui traverse de très fortes turbulences.

Casino, qui doit désormais se résoudre à vendre des magasins, s'était accordé avec ses créanciers fin juillet sur une restructuration de son endettement, accompagnée d'un changement d'actionnariat avec une prise de contrôle par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, le Français Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds britannique Attestor.

Le passage de témoin par celui qui est encore PDG et premier actionnaire du groupe, Jean-Charles Naouri, est prévu au premier trimestre 2024.

A Saint-Etienne, le cortège s'est ébranlé vers 10H30 depuis le siège de Casino en direction de l'hôtel de ville, où les représentants de l'intersyndicale ont rencontré le maire, Gaël Perdriau. Dans un communiqué dans l'après-midi, celui-ci a demandé "au gouvernement qui a des possibilités d'actions, de prendre à bras le corps ce dossier".

- "Des comptes à rendre" -

Le député de la Loire Quentin Bataillon (Renaissance) avait plus tôt mardi rappelé l'engagement du gouvernement en faveur de l'emploi et du maintien du siège à Saint-Etienne. Il a jugé que M. Naouri avait "des comptes à rendre".

afp

A Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), près de Paris, la centaine de salariés rassemblés ont déploré le manque de visibilité sur leur situation. "On continuer à bosser, mais pour quoi? On ne sait pas où on va, ni où on en sera dans quelques mois", s'inquiétait Mireille, depuis 25 ans chez Casino et qui ne souhaite pas donner son nom de famille.

- Siège et logistique -

A Saint-Etienne, où on "se souvient de la fin de Manufrance et de la Manufacture d'armes" avec leurs "conséquences économiques", dixit l'intersyndicale, 2.000 personnes travaillent au siège du groupe fondé il y a 125 ans par Geoffroy Guichard, qui a donné son nom au stade de football de l'AS Saint-Etienne. Casino emploie 4.000 personnes dans la Loire.

Compte tenu de la situation économique du groupe, Casino a dû se résoudre à étudier des "marques d'intérêt" de concurrents pour le rachat d'hypermarchés et de supermarchés, faisant craindre aux syndicats une "vente à la découpe".

Malgré la situation critique de Casino, ses magasins suscitent des convoitises et le groupe dit avoir reçu plusieurs marques d'intérêt. Auchan et Intermarché sont les seuls à avoir officiellement confirmé une offre conjointe et d'ampleur.

Mais une cession de magasins pourrait avoir des conséquences en chaîne sur les fonctions supports de Casino. Nathalie Devienne (FO), une des porte-parole de l'intersyndicale, craint "pour les autres filiales, la logistique et les sièges sociaux".

Jean Pastor, délégué syndical CGT du groupe Casino, se risquait à une estimation du nombre d'emplois menacés mardi: "vous prenez le siège, 2 000 salariés, vous prenez les huit entrepôts qui partent, on fait des supputations, avec 300 par entrepôt: 2.400. Ça fait 4.400, on va parler à terme peut-être de 6.000 emplois directs."

A quoi s'ajoutent les emplois indirects. "Les restaurants qui ont ouvert autour d'ici, qu'est-ce qu'ils vont devenir?", s'interroge-t-il encore.

Un porte-parole du groupe EP du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky en France avait assuré, la semaine dernière à l'AFP, que le repreneur était "attaché au maintien d'un siège à Saint-Etienne".

Pour maintenir la pression, les syndicats ont déposé un préavis de grève courant du 5 au 31 décembre. Il concerne "l'ensemble des salariés et des gérants du groupe".

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Publié le 5 décembre 2023, mis à jour le 5 décembre 2023