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Home Exchange, les clés du succès de l'hospitalité entre particuliers

Plus de 140.000 personnes sont conquises par l’échange de maisons proposé par le leader du secteur, Home Exchange, mené par deux Français. Un format d’évasion qui plaît aux familles, aux retraités mais aussi aux expatriés pour l’authenticité de l’expérience, la sécurité proposée et la non-réciprocité.

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Écrit par Capucine Canonne
Publié le 4 novembre 2023, mis à jour le 25 novembre 2023

Encore une belle vitrine pour l’expert d’échange de maisons sur M6 : du 21 octobre au 11 novembre 2023, la chaîne diffuse On a échangé nos maisons , présentant des familles qui laissent leurs clés contre d’autres le temps des vacances. La tendance prend de l’ampleur ces dernières années au point de séduire 145.000 hôtes dans le monde entier. Quelle est l’histoire de Home Exchange ? Comment le concept se différencie-t-il de la location ou de l’hôtellerie ? Quel est le coup d’après ? Nous avons toqué à la porte de l’un des fondateurs, Charles-Edouard Girard, pour mieux comprendre l’hospitalité entre particuliers. 

 

Charles Edouard Girard et Emmanuel Arnaud, CEO de Home Echange
Charles Edouard Girard et Emmanuel Arnaud, CEO de Home Echange

 

Home Exchange, l’histoire de l’hospitalité entre particuliers 

Quelle est la genèse de l’échange de maisons ?  « L’hospitalité entre particuliers existe depuis la nuit des temps. On recevait chez soi, avant même le concept de location » raconte Charles Edouard Girard. « Dans les années 70, 80, l’échange de maisons se structure » continue-t-il, donnant l’exemple du roman Changement de décor de David Lodge en 1975 qui raconte un échange de maisons entre professeurs. En 1992, un entrepreneur américain, Ed Kushins, crée une entreprise d’échange de logements. Deux ans plus tard, il devient le premier à mettre l’échange de maisons sur Internet. Home Exchange est lancé. Mais c’est véritablement en 2006 que le concept se démocratise mondialement. Cette année-là, sort The Holiday au cinéma, une comédie romantique américaine avec, en tête d’affiche, Cameron Diaz, Kate Winslet, Jude Law et Jack Black. Le film raconte l’échange de maisons entre Amanda Los Angeles et Iris, au Royaume-Uni. Carton plein, et pas seulement dans les salles obscures puisque le site Home Exchange se fait connaître dans le monde entier. Le nombre d’abonnés passe de 3.000 à 13.000 en quelques jours. 

 

 

"J’ai compris que je vivais une tout autre expérience de voyage, plus authentique.

 

Deux entrepreneurs français se lancent dans l’aventure de l’échange de maisons 

En 2011, Emmanuel Arnaud se lance dans la création d’une plateforme d’échanges de maisons nommée GuesttoGuest. Charles Edouard sourit lorsque nous lui demandons s’il y a une histoire qui a inspiré ce lancement : « Je ne croyais pas vraiment à l’échange de maisons. C’est mon associé, Emmanuel Arnaud, qui m’incite à tenter. J’arrive donc un jour chez Elizabeth en Vendée, pendant que celle-ci va à Paris avec sa fille. Elle nous avait laissé des petits cadeaux et des conseils. J’ai compris que je vivais une tout autre expérience de voyage, plus authentique. Au bout d’une semaine, Elizabeth m’écrit que, sans nous, elle ne serait jamais partie en vacances. Ça m’a beaucoup touché et j’ai accepté de m’associer à Emmanuel Arnaud. ». En 2017, les entrepreneurs rachètent Home Exchange. Le site devient le leader mondial de l’hospitalité entre particuliers. Aujourd’hui, selon l’entreprise, 450.000 maisons et appartements sont référencés et échangeables dans plus de 150 pays. 

 

Deux portes de maisons mitoyennes différentes dans une ville anglaise

 

« Il s’est dit qu’il était dommage de rater une telle opportunité juste parce qu’elle n’était pas réciproque ».

 

Home Exchange, un modèle de vacances différenciant  

Mais alors, pourquoi le concept a-t-il autant de succès aujourd’hui ? Tout commence par une déception. « Mon associé Emmanuel Arnaud a voulu organiser un échange de logement avec la ville de Florence. Mais cela n’a pas eu lieu car les personnes ne voulaient pas venir à Paris, expliquant avoir déjà des contacts pour les loger » raconte Charles-Edouard Girard « Il s’est dit qu’il était dommage de rater une telle opportunité juste parce qu’elle n’était pas réciproque ». Les associés pensent alors à trois innovations majeures qui, sans le savoir encore, vont révolutionner le concept d’échange de maisons : un système de Guestpoints (avec une adhésion financière au site), qui facilite les échanges non réciproques (« je viens chez vous et vous gagnez des points à utiliser à un autre moment »), la facilité de tester le concept (« je n’ai pas besoin de payer un abonnement pour accéder aux petites annonces et je payerai lorsque je réussirai l’échange ») et la création d’un système solide d’assurances et de garanties (« je laisse mon logement en toute confiance quel que soit mon pays »). De quoi faire trembler les plateformes de location, sujettes à des régulations de plus en plus strictes, surtout dans les grandes villes. Charles Edouard Girard se souvient avoir été critiqué au départ pour le système de points : « On nous disait que l’esprit d’échange était avant tout la réciprocité. Avec Emmanuel Arnaud, nous continuons d’y croire et nous pensons avoir eu raison au vu de notre expansion. Nous avons d’ailleurs racheté tous les sites qui existaient sur ce créneau pour réunir la communauté. » 

 

Deux maisons décident de changer de locataires le temps des vacances

 

Une cible principalement de vacanciers, mais aussi de nomades digitaux ou d’expatriés 

« Notre public est très familial, environ 28% sont des familles avec adolescents et 12% avec des jeunes enfants. Nous avons aussi des retraités, qui représentent environ 8% de la cible. La durée de séjour moyenne est de 6 jours et les pays de prédilection sont la France, les Etats-Unis, l’Espagne, le Canada, l’Italie et l’Allemagne. » résume Charles Edouard Girard

Les échanges au long terme sont possibles mais doivent se réaliser forcément en réciproque. Parmi les profils d’échangeurs au long cours, Home Exchange observe des familles d’enseignants - souvent porteuses d’un projet pédagogique -, les nomades digitaux – qui peuvent travailler n’importe où dans le monde moyennant une bonne connexion – et les seniors actifs qui ont du temps libre, un fort appétit de voyages et des revenus limités. L’expatrié est aussi séduit, pour découvrir un pays avant d’y habiter par exemple : « Mon associé l’a fait d’ailleurs en 2017 lors du rachat de Home Exchange. Il est allé s’installer quelques mois aux Etats-Unis » explique Charles-Edouard Girard. L’entrepreneur a aussi déjà observé des cas d’expatriés qui souhaitaient rentrer quelques semaines dans leur pays d’origine ou aller dans le pays de leur conjoint dans le cas de couples binationaux. 

 

Par essence, l’empreinte carbone d’un échange de résidences principales est plus favorable qu’une location ou un camping. 

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deux maisons décorées et peintes au Chili

 

Home Exchange, c’est quoi la suite ?

En 2022, Home Exchange obtient la certification B Corp, un label international pour des entreprises au modèle économique durable. Une grande fierté qui ne s’arrête pas à la distinction : « Le tourisme est souvent attaqué sur son impact sur la planète. Nous nous sommes engagés sur plusieurs démarches comme ne plus pousser ni faire de communication sur des destinations lointaines ou encore encourager des voyages en local avec un système de points et faire des études d’impact carbone » confie Charles-Edouard Girard. 

 

le logo du leader d'échange de maisons home exchange

 

Selon le site, une étude sur les impacts socio-économiques liés à l’échange de maisons par rapport à d’autres formes de tourisme sera prochainement publiée. Charles-Edouard en est convaincu : « par essence, l’empreinte carbone d’un échange de résidences principales est plus favorable qu’une location ou un camping. ». Mais pas de secret, l’objectif principal est de continuer à augmenter le nombre d’abonnés dans le monde. Mais encore ? « Nous sommes persuadés qu’il y a des millions de personnes qui peuvent être convaincues par notre système d’échanges d’hébergements. » Plusieurs projets sont d’ailleurs en cours pour étoffer le site, à l’instar du groupe Home Exchange collection  ou du Welcome club. Même s’il n’est pas sûr que l’on puisse échanger sa maison avec Jude Law ou Kate Winslet, il parait, que, une fois qu’on a testé, on ne peut plus s’en passer…