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Bali - Stéphane Sensey, regard intime sur une Indonésie plurielle

Xavier Malafosse, notre nouveau correspondant basé à Bali, a rencontré Stéphane Sensey, un photographe français tombé amoureux de l'Indonésie.

Portrait de Stéphane Sensey, © He DayatPortrait de Stéphane Sensey, © He Dayat
Portrait de Stéphane Sensey © He Dayat
Écrit par Xavier Malafosse
Publié le 15 octobre 2023, mis à jour le 18 octobre 2023

Naissance d’une passion

Originaire de Biarritz, c’est lors d’un périple au Pays basque avec des amis que le jeune Stéphane Sensey réalise ses premiers clichés avec l’appareil photo de l’un d’entre eux. De retour, il demande un appareil à son père pour son anniversaire. Le début d’une longue passion, à la belle époque de l’argentique…

« Ce n’est jamais vraiment un hasard », affirme-t-il. Son père est fabricant de meubles et décorateur, sa mère passionnée de peinture, notamment d’impressionnisme. Deux âmes d’artiste et « un terrain propice à la maison ».

Un voyage à New York, un autre en Californie, puis quelques cours de photographie plus tard, Stéphane accompagne le photographe hollandais Mart Engelen dans la réalisation de Biarritz, un livre de photographies en noir et blanc qui fait état du contraste entre la station balnéaire mondaine et la beauté sauvage de la côte atlantique. Ces expériences le confirment dans sa volonté de raconter le monde en images.

 

« Un immense gisement d’images »

C’est en 2004 qu’il découvre Bali, lors d’une expédition avec des amis surfeurs. Rapidement, leurs chemins divergent. Ses compagnons de route partent en bateau à la recherche de la vague du siècle, lui préfère découvrir l’île avec son boitier et ses objectifs. Un nouveau terrain de jeu dont il tombe rapidement amoureux.

« Bali m’a permis de comprendre qui j’étais. »

Sa décision est prise : son périple achevé, il rentre en France, le temps nécessaire pour préparer son départ pour l’île des dieux. En près de vingt ans, il n’est rentré que trois fois sur le Vieux Continent, lui préférant son île d’adoption et la multiplicité des paysages et des visages offerts par l’Asie du Sud-Est.

 

Un père et son fils au temple Besaki, Bali, 2022 © Stéphane Sensey
Un père et son fils au temple Besaki, Bali, 2022 © Stéphane Sensey

Les portraits sont au cœur de son travail photographique. Pour Stéphane, l’Indonésie, avec ses milliers d’îles et ses centaines de langues et de cultures, est « un immense gisement d’images ». « Deux ou trois vies ne suffiraient pas pour tout explorer », reconnaît-il.

 

Walok

De toutes les rencontres au fil des années, ce sont les Papous qui l’ont le plus marqué. « À la base, c’était un vieux rêve né de la vision de reportages. ». Un rêve qui finit par se réaliser quand il trouve le bon fixeur, le guru d’une communauté locale. Dès son arrivée sur place, c’est la claque : « Là-bas, on a le sentiment que le temps s’est arrêté. On se rend compte alors qu’Internet et compagnie ne sont pas une obligation pour vivre. »

« Pendant ce reportage, poursuit-il, j’ai réalisé l’incroyable diversité du pays en passant de Jakarta, grouillante de vie, à un village papou, dans une ambiance d’une autre époque. » Le voyage dans l’espace et le temps offert par la photographie n’a jamais cessé de fasciner Stéphane.

 

Un homme de la tribu Dany, Papouasie, 2015 © Stéphane Sensey
Un homme de la tribu Dany, Papouasie, 2015, © Stéphane Sensey

La révélation de ce séjour, c’est la gentillesse du peuple qui l’accueille. Le nom de l’ouvrage qui leur consacre n’est d’ailleurs pas anodin. Walok signifie amour. C’est de la gentillesse et de l’amour reçus d’une tribu qui l’a accompagné jusqu’à l’aéroport qu’il a trouvé l’impulsion nécessaire pour réaliser un livre qui leur rend hommage par de saisissants portraits.

 

« Chaque photo est une histoire »

Stéphane aime à rappeler que « chaque cliché est le fruit d’une préparation méticuleuse », parfois des semaines ou des mois en amont. S’intéresser à une communauté, trouver le fixeur idéal, parcourir des routes incertaines pendant des heures est autant d’étapes cruciales du processus créatif.

« Chaque photo est une histoire, une aventure qui va bien au-delà du simple clic de l’obturateur. »

 

Une femme de la tribu Kajang, Sulawesi Sud, 2023 © Stéphane Sensey.
Une femme de la tribu Kajang, Sulawesi Sud, 2023 © Stéphane Sensey.

La photographie est aussi une école de patience. Une fois sur place, il faut encore se faire accepter, savoir reconnaître les visages qui racontent une histoire, briser leur timidité naturelle, avec « l’humilité » au cœur de son approche. Côté technique, il ne travaille qu’en lumière naturelle, pour développer sa créativité et « restituer au mieux l’atmosphère du moment ».

 

Un regard sur l’Indonésie d’aujourd’hui

Ces visages, on peut croiser leur regard lors d’un séjour à Bali, où Stéphane développe une activité de directeur artistique. Il expose et distribue ses œuvres dans plusieurs hôtels prestigieux de l’île, qu’il commercialise également en tirages photographiques ou sur des vêtements dans différentes boutiques balinaises.

Une exposition est prévue à l’hôtel The Apurva Kempinski Bali en janvier 2024, dans le cadre de « Powerful Indonesia », un programme de promotion des cultures et des arts indonésiens. Les Dayak de Kalimantan seront à l’honneur, Stéphane ayant eu le privilège de vivre au sein de l’une de ses tribus et d’y célébrer des rituels régulièrement ajournés pendant la pandémie de Covid.

On ne revient pas indemne de partager sa vie avec des populations proches de la nature. À leur contact, la conscience environnementale de Stéphane s’est développée. Il se dit aujourd’hui inquiet des ravages environnementaux qui touchent l’Indonésie, notamment la déforestation, et aimerait voir se développer les parcs nationaux pour protéger le pays qui lui a ouvert les yeux sur sa propre essence. Et depuis, n’a jamais cessé de l’inspirer à travers sa mosaïque d’ethnies, de cultures et de paysages.

 

Un enfant de la tribu Dayak Iban, Kalimantan Ouest, 2023, © Stéphane Sensey.
Un enfant de la tribu Dayak Iban, Kalimantan Ouest, 2023, © Stéphane Sensey.

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