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VOTATION - Les Zurichois appelés à se prononcer sur l’enseignement du français à l’école

Écrit par Lepetitjournal Zurich
Publié le 16 mai 2017, mis à jour le 21 mai 2017

Ce dimanche, les habitants du canton de Zurich sont appelés à s'exprimer sur le maintien - ou non - de l'enseignement de deux langues étrangères à l'école primaire. Et bien que ce ne soit pas écrit noir sur blanc, c'est bien l'enseignement du français qui est remis en question. Et le sujet déclenche les passions.


Image d'illustration (Source : Pixabay)

Une initiative remet en question l'enseignement du français à l'école primaire

Lancée par trois syndicats d'enseignants, l'initiative "Mehr Qualität ? eine Fremdsprache in der Primarschule" ("Plus de qualité - une langue étrangère à l'école primaire") vise à recentrer l'enseignement des langues étrangères sur une seule langue à l'école primaire. Concrètement, cela revient à supprimer l'enseignement d'une des deux langues actuellement enseignées dans le canton de Zurich : l'anglais et le français. L'initiative demande donc le report d'une des langues à la première année du secondaire. Et bien qu'aucune préférence ne soit indiquée clairement, il est assez clair que c'est l'enseignement du français qui est remis en question : si l'anglais est enseigné dès la 2nde année de primaire, le français, lui, n'arrive qu'en 5ème et dernière année. Son enseignement - si tant est que le français soit bien la victime - serait donc reporté d'un an.

Le canton de Zurich a en effet choisi dans les années 2000 de favoriser l'apprentissage de l'anglais, gage d'ouverture au reste du monde et compétence nécessaire sur la place économique zurichoise.

A noter qu'une initiative visant à supprimer l'enseignement du français à l'école primaire avait déjà vu le jour en 2006 dans plusieurs cantons alémaniques, dont celui de Zurich. Rejetée à l'époque par 59% de la population, l'idée n'avait donc pas été enterrée pour autant.

Une initiative pour rendre l'apprentissage des langues plus efficace

Pour les défendeurs de l'initiative, l'enseignement actuel des langues est en effet insuffisant et inefficace. Les classes sont trop chargées et les élèves ne disposent que de deux fois 45 minutes d'enseignement par langue et par semaine. Largement insuffisant, pour de nombreux enseignants, qui considèrent qu'il vaudrait mieux se concentrer sur une seule langue pour rendre l'enseignement plus efficace et éviter aux élèves de se disperser. Les promoteurs de l'initiative s'appuient également sur plusieurs études, dont une étude de la linguiste Simone Pfenninger, qui établit que l'apprentissage d'une langue au niveau secondaire est plus efficace qu'au niveau primaire.

Un débat éducatif? Mais également politique !

Bien que soutenue par une large partie des enseignants et parents d'élèves, l'initiative a pourtant été rejetée par le Parlement du Canton de Zurich en novembre dernier, à 96 voix contre 68. Soutenue par l'Union démocratique du centre (UDC) et les Verts-libéraux (VL), l'initiative est rejetée par le reste de la classe politique, et fait polémique. L'enseignement des langues est en effet un sujet sensible, où les considérations éducatives se mêlent à des débats politiques de plus grande ampleur.

Dans un communiqué de juillet 2016 portant sur l'enseignement des langues, le conseil fédéral rappelle ainsi que "le plurilinguisme est une caractéristique essentielle de la Suisse" et que les cantons  "doivent veiller ensemble à la sauvegarde et à la promotion des langues nationales, ainsi qu'à la promotion de la compréhension entre les communautés linguistiques". Pour Berne, "les langues nationales doivent occuper dans toute la Suisse la place qui leur revient à l'école obligatoire".

Une initiative qui s'inscrit à l'encontre de la politique linguistique fédérale

Bien que l'enseignement des langues relève de la compétence des cantons, il existe une tentative d'harmonisation à l'échelle fédérale. En 2004, la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP) a ainsi défini un "compromis sur l'enseignement des langues étrangères", qui organise l'enseignement sur le système "3/5" : enseignement obligatoire de l'anglais et d'une langue nationale dès le primaire, en 3ème et en 5ème, les cantons ayant la liberté de choisir laquelle enseigner en premier.  

Cette initiative s'inscrit donc à l'encontre de la politique linguistique de la confédération. Pour de nombreux élus, son approbation serait un mauvais signal envoyé aux autres cantons et pourrait menacer l'équilibre et la cohésion nationale entre groupes linguistiques. D'autres craignent que les autorités fédérales imposent le français au dépend de l'anglais au primaire, si l'une des deux langues venait à être supprimée. La préférence pour le français aurait d'ailleurs déjà été annoncée par Silvia Steiner, la conseillère d'État zurichoise chargée de l'éducation, qui n'est autre que la présidente de la CDIP depuis le début de l'année.

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Jean-Baptiste CHATAIN (www.lepetitjournal.com/zurich) lundi 15 mai 2017.
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Publié le 16 mai 2017, mis à jour le 21 mai 2017

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