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Un Français employé dans les plus gros studios de cinéma du monde

Khaled Labidi Weta Digital effets spéciaux Khaled Labidi Weta Digital effets spéciaux
Khaled Labidi
Écrit par Valérie Thomas
Publié le 2 juin 2020, mis à jour le 27 août 2021

Vous avez sûrement entendu parler de Weta, basé à Wellington, en Nouvelle-Zélande, l'un des plus gros studios cinématographiques au monde. Khaled Labidi travaille chez Weta Digital, sa branche spécialisée dans les effets visuels, depuis 3 ans, comme infographiste numérique. Il a répondu aux questions du Petit Journal Wellington.

Fondé en 1993 par les administrateurs Peter Jackson, Richard Taylor, Tania Rodgers et Jamie Selkirk, le studio est surtout connu pour sa créativité et sa constante recherche d’innovations technologiques dans le cinéma et les films d’animation. À partir d'oeuvres littéraires et de scénarios originaux, Weta Digital a conçu et mis en oeuvre toutes sortes d'univers et donné vie aux personnages les plus épiques du monde cinématographique de ces 27 dernières années. L’entreprise s’est rendue célèbre pour son travail dans des superproductions telles que la trilogie du Seigneur des AnneauxKing Kong, Avatar, La Planète des Singes-Origines, Prometheus, The Hobbit, Jumanji, Mulan, pour ne citer que les plus connues. Depuis 2002, Weta Digital s’est vu décerner de nombreuses récompenses (Academy awards, BAFTA awards, Emmy awards...) dans la catégorie effets spéciaux.

 

 

lepetitjournal.com : Bonjour Khaled, peux-tu décrire ta fonction au sein de Weta Digital ?

En tant qu’infographiste numérique (Digital compositor ou Compositing artist en anglais), je rassemble des images réalisées sur les plateaux de tournage et des éléments en 3D provenant d'autres départements pour créer une image cohérente comme si cela avait été filmé devant une caméra. J'interviens à la dernière étape juste avant la livraison des projets.

Quel a été ton parcours ?

En France, j'ai été admis dans une école d'arts graphiques et de communication. Mais n'aimant pas le côté mercantile de la publicité, j'ai intégré l’école des Beaux-Arts à Marseille pendant 3 ans où j'ai découvert l'infographie en dernière année. Après les Beaux-Arts, j'ai suivi une formation en 3D numérique et effets spéciaux et j'ai vraiment trouvé ma voie : une formation et un métier alliant le côté artistique et la technique.

À Paris, j'ai commencé à travailler sur des films d'animation (Dragons et Princesses) et des comédies françaises (Star 80). Je visais des projets de plus grande envergure avec des effets spéciaux plus spectaculaires et le seul moyen pour y parvenir était de m’exporter en rejoignant des studios qui collaborent avec des sociétés de production hollywoodiennes. J'ai tout d’abord travaillé au Québec sur Hunger games 2White House Down, Les Schroumpf, puis à Londres sur Maléfique, Les gardiens de la galaxie, Tarzan, The Martians, et en Chine et Singapour pour La Grande Muraille, co-production sino-américaine et King Kong.

Il y a 3 ans, J'ai postulé chez Weta et rejoint leur département "Compositing" au sein duquel j'ai pu participer à plusieurs projets dont La Planète des singes, Alita-Battle Angel, Game of Thrones, Avengers...

Quelle est la structure de Weta Digital ?

Weta Digital est un gros studio comprenant 1500 collaborateurs en moyenne et peut monter jusqu'à plus de 2000 employés sur certaines périodes. Plus d'une dizaine de départements artistiques et techniques travaillent sur les projets.

Pour vous donner une petite idée d’un processus de production à travers certains départements, nous allons prendre en exemple la création d'un monstre : au sein du département « Modeling 3D », le monstre est créé en 3D sous forme de sculpture numérique. Puis, le département « Texture », va peindre, habiller et donner une texture au monstre.

Ledépartement « Lighting », va ensuite le faire évoluer dans un décor sous différents éclairages. Enfin, « Compositing », mon département, va récupérer l’ensemble des données et images des autres entités pour les assembler et élaborer l'image finale qui sera envoyée au client.

 

Schéma explicatif d'un pipeline 3D (Andy Beane)
Schéma explicatif d'un pipeline 3D (Andy Beane)

 

Parle-nous de ton rythme de travail. Tes collègues viennent de quels horizons ?

Les équipes sont à 70% internationales, mes collègues viennent d'Asie, d’Europe, d’Amérique.  C’est un secteur où nous avons une grosse charge de travail, surtout en fin de projet avec des échéances et des délais de livraison à respecter.

Justement, en combien de temps réalisez-vous les effets spéciaux pour un film ?

Pour un film comme Avengers, les effets spéciaux (post production) ont été conçus en 5 à 6 mois et ont nécessité le recours à une dizaine de prestataires pour mener à bien le projet. La pré-production (tournage et réalisation) a quant à elle, duré environ 3 ans.

Quelle est la marque de fabrique de Weta ?

Weta Digital est réputé et prisé par les grands studios américains pour sa capacité à concevoir des créatures numériques. Nous avons encore à l’esprit la créature dénommée Gollum dans Le Seigneur des Anneaux qui paraissait humaine, ou dernièrement le personnage de Thanos dans Avengers et la doublure numérique de Will Smith rajeuni dans Gemini Man de Ang Lee.

Quel a été ton plus gros projet et celui dont tu es le plus fier ?

La Planète des Singes est un film qui est une prouesse technique et cinématographique sur lequel j’ai commencé à travailler dès mon arrivée dans le studio. J’ai été ravi de pouvoir participer à la création des effets spéciaux pour Alita : Battle Angel, film adapté de mon manga japonais favori.

Quelles sont tes références cinématographiques ?

Je peux citer les films qui ont révolutionné les effets spéciaux dont les premiers Star Wars, Terminator 2, Jurassic Park, Abbyss et Matrix. Mais c’est surtout Le Seigneur des anneaux qui a déclenché ma vocation dans les effets spéciaux. Parmi les films récents, j’ai aimé Jojo Rabbit de Taika Waititi, un film frais, populaire ; artistique et dans un autre registre, 1917 de Sam Mendès qui est un film atypique imaginé comme un long plan séquence (filmé en continu sans jamais arrêter la caméra). Je suis aussi de près le cinéma coréen avant-gardiste.

 

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