Nouveau billet d’humeur, en écho à ceux de notre « œil sur Manille », Solenn Lesage : Halima Chenna livre sa « vie d’ici ». Première chronique : emportée par la foule…
La foule est omniprésente à Manille. Elle vous oppresse et impose ses règles. Mais on finit par s’habituer à l’impossible solitude. Elle vous emporte et vous étourdit. Un moyen de soigner son agoraphobie.
Le pas n’est pas aussi pressant et élégant qu’à Paris car ici il n’est pas rare de porter des tongs en trainant des pieds.
L’expression « en file indienne » pourrait par ailleurs bien être remplacée par « en file manillaise » tant l’on observe de longues files disciplinées et obliques, en quête d’ombre sous le soleil miroitant.
Dans ce flot humain, mendiants, commerçants et curieux vous sollicitent, vous abordent et vous réclament.
D’ailleurs, nombreux sont les amateurs de selfies qui bloquent la circulation pour vous publier sur leur compte Instagram. Joie d’éphémères sourires échangés ou tourbillon humain difficile à affronter pour une femme jonglant entre regards lubriques et mains baladeuses ?
Chaque matin, Piaf me transcende et je chantonne joyeusement en me rendant au travail.
L’impression d’accomplir un truc un peu dingue alors que vous n’avez fait que traverser la rue.
L’embouteillage est à son comble. Si vous n’êtes pas patients mieux vaut faire preuve d’inconscience et pratiquer le deux-roues. Le trisiklo vous aura trop secoués et décoiffés, il n’y aura qu’à enjamber un mythique abal abal .
Courage ! et Mabuhay !
Désormais pour le meilleur comme pour le pire : Mahal Kita Manila !