« Huit ans après la tragédie du 10 avril 2010, le Parquet n’a trouvé aucun nouveau fait », écrit hier Rzeczpospolita en Une en rappelant qu’en 2016, le PiS a dessaisi le parquet militaire de l’enquête pour la transmettre aux procureurs civils. Aucun tournant n’a été marqué depuis. L’épave de l’avion présidentiel n’a toujours pas été rapatriée en Pologne et des accusations n’ont jamais été portées contre les contrôleurs russes. Le procureur général Zbigniew Ziobro annonce cependant qu’un groupe d’experts internationaux doit se constituer afin d’émettre un rapport complet sur les causes de la catastrophe et son déroulement.
Quant aux commémorations officielles, un monument à la mémoire des 96 victimes a été dévoilé hier en plein centre de Varsovie. « Ce devrait être une cérémonie solennelle qui unit, car la catastrophe a touché tous les camps politiques de notre pays », a déclaré Andrzej Dera de la Chancellerie présidentielle. Lundi, Jarosław Kaczyński a dévoilé à la Diète en présence du président Andrzej Duda et du Premier ministre Mateusz Morawiecki une plaque commémorative en souvenir de son frère. L’opposition boycotte cependant toutes ces commémorations et l’association Citoyens de la République (« Obywatele RP ») projette même une manifestation pour s’y opposer. « Ce monument va diviser [la société] au lieu de l’unir », observe Paweł Rabiej de Nowoczesna. Les représentants de la mairie de Varsovie rappellent que sa construction n’a pas été autorisée et qu’ils ne participeront pas à la cérémonie pour cette raison. La PO la qualifie d’événement purement partisan et non pas national. « Ce monument a été construit dans une atmosphère si mauvaise qu’il ne peut être question de mettre fin aux querelles », observe pour sa part la porte-parole de SLD. Même le parti Kukiz’15 prend ses distances face à ce monument « imposé » (Gazeta Wyborcz, Gazeta Stołeczna, une).
Dans son éditorial, Rzeczpospolita revient sur les propos de Jarosław Kaczyński annonçant la fin des marches commémoratives le 10 de chaque mois qui suscitaient de nombreuses controverses politiques et appelle à l’unité : « que le huitième anniversaire ne soit pas le jour des guerres politiques […] Soyons tous, nous les Polonais, un moment ensemble comme c’était le cas il y a huit ans, où des dizaines de milliers de gens aux convictions différentes se rassemblaient pour rendre hommage aux victimes, avant que la politique ne les ait divisés ».
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