Le Président Andrzej Duda, le Premier ministre Mateusz Morawiecki, les présidents du Sénat et de la Diète ont pris part jeudi aux cérémonies principales organisées près du monument à la mémoire des héros du soulèvement du ghetto. La communauté juive était représentée par Ronald Lauder, président du Congrès juif mondial et par l’Ambassadrice d’Israël Anna Azari (Gazeta Wyborcza).
Dans son discours, le chef d’Etat a davantage parlé de l’aide des Polonais aux Juifs que de l’insurrection elle-même. « Quand quelqu’un parle de la coresponsabilité de l’Etat polonais pour la Shoah, il blesse non seulement les Polonais mais également les Juifs, citoyens polonais », a-t-il dit. Selon l’éditorial de Gazeta Wyborcza, son discours a visé à justifier la loi sur l’IPN adoptée par le Parlement. De son côté, M. Lauder a fait l’éloge des Juifs combattants du ghetto ainsi que des Polonais qui leur avait prêté main forte. « Nous devons nous concentrer sur l’histoire et la vérité communes. Nous avons besoin les uns des autres comme jamais auparavant », a-t-il déclaré.
Pour l’éditorial de Rzeczpospolita, ce discours a été le point crucial des commémorations, voire « un manifeste sur l’avenir des relations polono-juives » et celui-ci serait conditionné par l’interprétation du passé. En effet, dans un entretien pour Rzeczpospolita, l’Ambassadrice d’Israël dit ouvertement que les relations bilatérales dépendent de la décision du Tribunal constitutionnel sur la loi portant IPN. « J’espère que le Tribunal constitutionnel abordera l’étude de cette loi de manière avisée […] L’ensemble des relations polono-juives dépend de la décision à venir du Tribunal », déclare-t-elle.
Dans ce contexte, Gazeta Wyborcza s’interroge sur la façon dont l’histoire polono-juive doit être « une et la même » si personne du côté des autorités polonaises présentes hier aux commémorations n’a essayé d’expliquer pourquoi en Pologne, aujourd’hui, on tolère les slogans exaltant la pureté ethnique, les propos antisémites à la télévision publique et pourquoi les mouvements néofascistes organisent librement des marches à travers les villes polonaises, même à Czestochowa…. Quant au message global des cérémonies d’hier, M. Lauder a précisé dans son discours que « tous, les Juifs, les Polonais, les Américains, tous les hommes libres doivent se soulever côte à côte afin d’être sûrs que nos enfants et nos petits-enfants ne seront pas touchés par la même terreur qui a eu lieu il y a 75 ans ».
Rzeczpospolita remarque qu’hier les drapeaux de l’ambassade et des consulats allemands en Pologne ont été mis en berne pour rendre hommage aux héros de l’insurrection. Nasz Dziennik pour sa part ne consacre pas un mot aux commémorations. Au contraire, la Une du journal est dédiée aux dédommagements que les Polonais devraient recevoir pour les verdicts des tribunaux de guerre allemands lors de la Seconde Guerre mondiale.
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